Très belle découverte que cette bande dessinée. Un morceau de vie capté dans un camp de réfugiés Kurdes.
La réussite est avant tout graphique. L'auteure nous propose une jolie histoire de rencontre, d'amitié-amour avec une palette et des pinceaux. C'est de la peinture, c'est beau, c'est adapté au récit.
Ensuite, elle parle très peu de politique au sens de dénoncer tel ou tel régime. Ses personnages sont kurdes et on aurait pu s'attendre à une mise en coupe de la Turquie, lui assurant en France un succès d'édition et des plateaux télés sur les spécialistes de l'offuscation sélective.
Il n'en est rien, elle réussit l'exploit de transcender un jugement basique et généraliser la notion de lutte à tous les opprimés. C'est la notion de combat pour la justice et la liberté qui est mise en avant dans ces échanges entre les personnages rencontrés au camp.
Je ne résiste pas à la tentation de retranscrire la citation de
Don Helder Camara qui clôt cette très belle bande dessinée ;
« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d'Hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d'abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d'étouffer la seconde en se faisant l'auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n'y a pas de pire hypocrisie de n'appeler violence que la seconde, en feignant d'oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »
Cette réflexion est au coeur de cet ouvrage.