Parmi les villes d'art célèbres dont l'Italie est pleine, Ravenne a son caractère spécial et sa physionomie propre. On n'y trouve point, comme à Rome ou à Pompéi, les grands souvenirs de l'antiquité classique ; elle n'offre point, comme Florence ou Venise, les délicates merveilles du quattrocento ou les splendides magnificences de la Renaissance épanouie. Son intérêt est autre. C'est le seul endroit d'Italie, et peut-être l'un des rares endroits qu'il y ait au monde, oh l'on puisse avoir la pleine et véritable impression de ce que fut, au Ve et VIe siècle, l'ancien art chrétien.
On a ingénieusement appelé Ravenne une Pompéi Italo-byzantine. Aucun mot n'exprime mieux l'importance singulière qu'a cette ville dans l'histoire générale de l'art. Mieux qu'en Orient, mieux qu'à Constantinople même ou à Salonique, on y peut étudier l'art byzantin du V et du VIe siècle. Mieux qu'à Rome, on y peut saisir sur le vif et comprendre l'influence profonde que cet art byzantin exerça alors sur l'Italie.