Luca di Fulvio nous a quittés en mai dernier... Voici donc son ultime roman, un message de liberté, dernier cadeau d'un écrivain à part. J'ai eu l'honneur et le plaisir de rencontrer son épouse en septembre dernier lors de la soirée hommage dont je vous ai parlé.. et c'est donc avec une émotion particulière que j'ai commencé ce livre. Je le termine le coeur serré et pourtant plein d'espoir.
Italie, 1610. Une prostituée meurt en mettant au monde une petite fille, Susanna. Non loin de là, au même moment, un jeune garçon voit sa mère mourir, il s'appelle Daniele et la vie de ces deux enfants sera liée à tout jamais par le destin. Ils vont se connaître, s'aimer, se perdre, se retrouver tout au long d'un chemin plein de douleur et de lumière.
1633. Nous sommes toujours entre ce village et les monastères où Daniele et Susanna ont grandi, protégés, éduqués, instruits par des religieux et des religieuses dans ce qu'ils ont de meilleur. Pourtant, tout près, Constantin Tron l'Inquisiteur et son servant Paolo brûlent et torturent des sorcières. Deux pervers dont les motivations sont diaboliques. Pour un Inquisiteur, c'est paradoxal... ou indispensable ? Alors même que le Pape vient d'interdire cette chasse aux sorcières inique, notre Inquisiteur continue avec une joie féroce à brûler ces femmes qu'il hait.
Weser, un astronome admirateur de
Galilée, et sa servante sont assassinés et on retrouve Susanna sur les lieux, hébétée, ensanglantée le couteau à la main. Un signe cabalistique, une dénonciation et la machine de l'Inquisition se met en marche. Implacable. D'un côté, Daniele, fort, brillant, mais tourmenté par son amour inavoué pour Susanna. Et ladite Susanna, belle, trop belle, et rebelle, et, ô scandale, cultivée, lectrice et enseignante auprès des femmes du village. de l'autre, deux démons. La lutte sera de plus en plus acharnée tout au long des 29 jours qui suivent les meurtres. Jusqu'à une apothéose violente autour et sur un bûcher.
Luca di Fulvio alterne savamment le récit du procès et les retours en arrière qui racontent l'enfance et la jeunesse de nos deux héros. Secrets inavoués, frustrations, jalousies terribles, tout mène à la tragédie. Mais le propos de Luca di Fulvio dans ce très bon roman historique, c'est la lutte de la connaissance contre l'obscurantisme et la superstition, la liberté des femmes de s'instruire et leur volonté de sortir de "la douce ignorance féminine" où les maintiennent l'Eglise et les hommes. Cela rappelle à nos contemporains certains pays où des "croyants" empêchent les femmes de s'instruire, quand ils ne les tuent pas...
La cruauté des uns, la lâcheté des autres auront-elles raison de cette liberté d'apprendre, de l'amour de Daniele et Susanna ? Une fin bouleversante, pleine de larmes, de flammes et de sang, mais aussi d'espoir à ce moment où le Soleil arrête de tourner autour de la Terre (non, non, je ne fais pas erreur, vous comprendrez). La lutte sera longue et elle n'est pas terminée.
Merci surtout à
Luca di Fulvio pour ce dernier cadeau. Et comme Susanna offrait la lecture aux femmes de son village, je m'en vais offrir ce livre à une personne qui m'est proche.
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