La rivière est animée en toutes saisons d'un courant assez fort, et pour y pêcher il faut se poster au fond des anses plus calmes bordées d'osiers et de grèves. Estelle ne prit pas beaucoup de poisson, mais cela lui était agréable de venir au bord de la rivière et, le soir, en regagnant sa voiture qu'elle laissait sur quelque chemin écarté, elle regardait avec des yeux ardents les ormes et les chênes dressés au milieu des haies, mais on voyait cependant par endroits l'étendue très douce des prés dans la plaine. Il n'y a pas à se demander ce que signifie la vie.
[André DHÔTEL, "Bernard le paresseux", 1952, Gallimard, coll. "L'imaginaire", pages 147-148]
Un temps magnifique. Les nuages voyageaient le long des versants de la montagne et partaient pour toujours.
[André DHÔTEL, "Bernard le paresseux", 1952, Gallimard, coll. "L'imaginaire", page 316]
Mais rien ne pouvait être plus beau, jamais, que le moment présent et les choses présentes, pourvu qu'on se laisse porter par le vent du ciel où que ce soit. Bernard serait volontiers demeuré des heures sur ce talus.
[André DHÔTEL, "Bernard le paresseux", 1952, Gallimard, coll. "L'imaginaire", page 228]