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EAN : 9782743652975
128 pages
Payot et Rivages (05/05/2021)
3.48/5   41 notes
Résumé :
Un colosse est l’histoire d’une curieuse ascension sociale, celle d’un paysan du xixe siècle, au moment des grandes transformations industrielles.

Jean-Pierre Mazas naît dans le sud-ouest de la France en 1847, et grandit de façon spectaculaire jusqu’à atteindre 2,20 mètres. D’abord métayer, il accomplit des prouesses, avant de devenir lutteur et faire les beaux jours des salles de spectacle de Toulouse. Les plus célèbres athlètes de l’époque le défien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Il ne faut pas faire pleurer ce colosse.
2,20 mètres à la toise, le « géant de Montastruc » n'a pas les pieds en argile mais des muscles en acier. il est donc préférable de ne pas le contrarier. Cet humble paysan taille XXXXL va devenir un lutteur célèbre avant de finir comme phénomène de foire au rayon Freaks de l'exposition universelle et souris de laboratoire.
Cette histoire vraie est celle de Jean-Pierre Mazars, né dans la région toulousaine en 1847 et l'écrivain Pascal Dessaint a retrouvé sa trace et suivi ses pas… du 54 fillette !
Quand la documentation tue l'action. A trop vouloir rester fidèle à la vérité historique, à s'interdire d'extrapoler autour des maigres informations d'état civil qui relatent le destin pourtant extraordinaire de cette force tranquille, j'ai trouvé que ce roman manquait de panache et d'envergure, un comble vu le gabarit du personnage.
Comme le surhomme était du genre taiseux et que les quelques mots de patois qui sortaient de sa bouche ne l'auraient pas fait briller dans un concours d'éloquence, le lecteur reste à distance, curieux de la singularité du géant, certes admiratif du travail de recherche réalisé par l'auteur, mais désespéré par une imagination auto-censurée. Si on ne peut plus se raconter des histoires dans un roman, mentir entre les lignes, rafistoler une vérité un peu trop fade ou embellir une réalité maussade, autant se coltiner un vieux bottin.
Je me suis dit que si Pascal Dessaint avait inventé ce personnage extraordinaire, il se serait peut-être permis de faire grimper les pulsations de son récit. Pourquoi interdire ainsi au lecteur de monter sur le ring aux côtés du colosse pour affronter les lutteurs qui venaient le défier de la France entière ? Eugène l'Anguille, Felez l'Ours-des-Pyrénées ou Abdulac le Rempart-de-Bayonne : des noms truculents qui méritaient mieux qu'une évocation lapidaire, figures zappées comme un journal des sports. Pourquoi ne pas inventer une romance improbable avec la femme à barbe ou des parties de jambes en l'air avec des soeurs siamoises dans une roulotte de cirque ? Je m'éparpille… Des délires hors de propos par rapport à l'ambition de l'auteur mais sans tomber dans des orgies rabelaisiennes, un peu de folie n'aurait pas souillé la mémoire du colosse. C'est le propre des légendes de se réinventer.
Beaucoup plus réussie est la description de la vie rurale de l'époque rythmée par les saisons et le labeur. L'auteur raconte très bien l'isolement des villages, l'expédition que pouvait représenter un trajet de quelques kilomètres et l'éloignement de la grande ville. On se cantonne au canton. Habilement, Pascal Dessaint mentionne les bouleversements politiques de l'époque du second empire à la troisième république pour souligner une forme d'indifférence aux affaires du monde dans ces campagnes. Un éloignement qui fait aussi écho à l'isolement de ceux qui ne sont pas comme les autres et de ce géant trop seul à son altitude.
Au final, un beau reportage mais un roman bien trop fade. Je recommande plutôt la lecture d'un autre titre du même auteur : l'excellent « du bruit sous le silence ».
Un tout petit pas de géant. Dommage.
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Montastruc, XIXème
Jean-Pierre Mazas est un colosse, un homme à la taille (2,20m) et à la force hors du commun.
Laboureur de son état, chacun connait sa force : il déplace une charrette d‘un coup d'épaule, dégage une vache embourbée en la prenant dans ses bras…
Bien que fruste, tout le monde l'apprécie, aime son côté débonnaire.
Marchés, foires sont l'occasion de s'approvisionner mais aussi de se distraire : montreurs d'ours, avaleurs de sabres ou de fourchettes, lutteurs.
Jean-Pierre sera l'un d'eux.
L'auteur remonte le fil tenu des traces laissées par cet homme hors du commun, qui 8 ans durant, triomphera de tous ses combats.
Puis ce sera le déclin inexorable.
Fruit des recherches de Pascal Dessaint, ce court récit a le mérite de faire resurgir du néant le destin singulier de cet homme.
Si le contexte historique est bien posé, de la courte Seconde République à l'érection de la Tour Eiffel en gros, il m'a manqué un petit quelque chose pour humaniser l'histoire de Jean-Pierre qui reste à distance tout du long.
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Il faut le lire. Oui, vous êtes obligés.
Vous pouvez même arrêter la lecture de ce post ici. C'est dit. Il faut le lire.

Un colosse de Pascal Dessaint fait partie de ces livres évidents, qui à force de croiser votre route, se retrouvent entre vos mains, sont lus dans la foulée et vous marquent pour un bon bout de temps.

Tout commence par une rencontre @vleel_ avec l'auteur et les éditons Rivages. Quatre pages de notes frénétiques, je suis happée par le sujet. Et quel sujet d'étude !Jean-Pierre Mazas, un géant nait en 1847, laboureur de son état, force de la nature, lutteur à ses heures perdues, curiosité scientifique dont la chute est inexorable.
Une enquête historique, littéraire, comme un moyen subtil de brosser la France paysanne du XIXe siècle, ses gens de peu qui courbent l'échine sous le poids des conscriptions. Et parfois une tête se relève, sans le vouloir franchement, marque son temps de quelques exploits. Puis retombent dans l'oubli. Avant que la littérature sans mêle.

Au détour d'une librairie, après des chroniques qui ont encore plus suscité ma curiosité, je ne réfléchis plus. Je l'achète, le lis dans la foulée. Mon voyage en train (qui à l'époque de Jean-Pierre Mazas aurait duré plusieurs jours) se transforme comme par magie en place de village où l'on parie sur des colosses, entre bonimenteurs et foire aux bestiaux. Cette fin de siècle s'anime sous mes yeux, la Tour Eiffel se dresse dans le ciel de Paris, la modernité, la technologie prennent une place de plus en plus prégnantes. Ce qui était incroyable est repoussé par quelque chose de plus incroyable encore. Jean-Pierre Mazas se tasse, se casse. le colosse se fissure.

Pas le temps de chercher la photo idéale, trop impatiente de vous dire tout le bien que je pense de ce court récit, qui souligne avec richesse pourtant l'histoire d'un homme dont la grandeur aura rayonnée bien au-delà de son village. Une vie de labeur, de lutte, de choses simples où se mêlent le grandiose.

Il y a des livres comme ça, qui vous cueillent. Et qu'il faut lire.
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•GÉANT ATTACHANT•

Il y a des personnages dont on se souvient plus que d'autres. Il s'appelle Jean-Pierre. Jean-Pierre Mazas. On ne sait pourtant que bien peu de choses sur lui alors Pascal Dessaint est parti enquêter sur le Géant-de-Montastruc. Les photos sont saisissantes et on imagine non seulement la douleur mais aussi la souffrance d'un tel homme à une époque où la différence était bien moins acceptée qu'aujourd'hui. Pascal Dessaint, une fois n'est pas coutume devient l'enquêteur, laissant le polar de côté en ces temps déjà très noirs.

Après avoir vu dans un musée toulousain, les preuves d'un certain gigantisme, il ne peut plus s'arrêter, il désire connaître la vie de ce paysan laboureur cabossé par la vie. Jean-Pierre Mazas mesure 2 mètres 20 après ses seize ans où sa croissance ne s'arrête guère. Regardé avec méfiance ou curiosité il est très vite enrôlé dans les foires pour lutter. Humiliant tour à tour ses adversaires pendant des années dans sa région natale ou à Paris, il devient une légende régionale.

À une époque actuelle où l'on s'émeut de la moindre moquerie, au XIX ème siècle, les surnoms des lutteurs prennent une place tout à fait singulière. On avance ainsi avec cette petite histoire dans la grande où les métayers sont encore sous le joug d'un maître. En naissant en 1847 à une époque charnière en matière industrielle, on voit évoluer à ses côtés la grande Histoire•••

Il paraît difficile de définir ce livre, à la fois roman, documentaire, récit. Mais on a-t-on véritablement besoin d'une étiquette, n'en avons-nous déjà pas assez ? Pascal Dessaint réussit à redonner vie à un ouvrier atypique dont personne n'avait parlé. Combien d'individus au passé héroïque ou sublime ont été rayés de la carte ? Si de nos jours tout est archivé il est difficile de s'interroger sur notre histoire, sur notre façon de protéger l'autre. Même si Jean-Pierre Mazas paraissait puissant et indestructible il n'en est rien. Lui aussi a souffert et ce par deux fois. Par le regard d'autrui bien sûr mais également dans sa propre chair. Lui, qui a ensuite été un phénomène de foire puis étudié sous tous les angles par Édouard Brissaud à une époque où la théorie du criminel-né était particulièrement crédible. Cesare Lombroso considérait qu'il existait ainsi un gène du criminel, parfois héréditaire où les caractéristiques physiques comme la longueur excessive des bras, un grand front et un long nez faisaient croire à un potentiel criminel (vous vous êtes reconnus ?).

Pascal Dessaint vient ainsi s'attacher à un homme que j'ai adoré côtoyer à travers la littérature. Si l'on a envie de transposer cette situation en 2021, on s'inquiète, on hausse les sourcils devant un monde qui n'avait aucune pitié ou quelconque forme d'empathie. Je vous conseillerais presque de piocher dans les textes (de manière chronologique ne soyons pas fous) comme avec des nouvelles pour continuer de penser à cet homme dans le temps libre. Foisonnant d'informations, ce récit se savoure. Avec une écriture impactée par le colosse, j'ai eu l'impression que même la mise en page au travers d'affiches annonçant les combat, était le calque de la vie de Jean-Pierre Mazas dont je ne peux oublier ni le visage ni son histoire.
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Pascal Dessaint délaisse le roman noir, son domaine de prédilection, pour enfiler un costume qui lui sied à merveille, celui d'historien. Avec « un colosse » il nous amène dans la France du 19eme sur les pas d'un homme au parcours incroyable, une figure toulousaine totalement oubliée de nos jours.

Dans les années 80, au Musée du Vieux Toulouse, Dessaint voit exposé un sabot de bois pointure 54. Il ne le sait pas encore mais il vient de croiser pour la première fois Jean-Pierre Mazas.
Né en 1847 à 25 km de Toulouse, cet humble laboureur deviendra lutteur, gloire nationale, puis bête de foire, avant de n'être plus qu'une curiosité scientifique. Jean-Pierre Mazas mesurait 2 mètres 20, il était « le géant de Monstastruc » !

Avec toute l'humanité et la subtilité qu'on lui connaît, l'auteur dévoile l'homme derrière le héros. Il mène l'enquête. Et quand la vie de Jean-Pierre comporte des zones d'ombres, le romancier prend le relais pour reconstituer l'ascension et le destin tragique d'un simple paysan devenu star de son temps.

En 125 pages, « Un colosse » est tout à la fois un travail journalistique, une fable, une fantaisie, un roman historique et social. C'est un vrai plaisir de lecture duquel on ressort avec l'impression d'avoir rencontré un mec bien, Jean-Pierre. Ce plaisir tient sans doute au fait que Pascal Dessaint, quelque soit le genre dans lequel il officie, ne sait parler que de choses qui lui tiennent à coeur... et la sincérité ça ne trompe pas.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Incipit :
Conversation inventée
Un montre, dites-vous ?
- Un géant, à tout le moins. D’aucuns le qualifièrent de colosse. Lui, si grand, né dans un village…
- Dans un village ou une ville naissent des gens de toutes sortes, de toutes tailles.
- Bien sûr… Je désirais marquer le contraste, d’une certaine façon l’aberration. Mais ce n’est pas cela, somme toute un regrettable accident de la nature, qui agace mon esprit.
- Stimule votre réflexion ? Qu’est-ce donc ?
- Je ressens sa souffrance. Cet homme, c’était un homme, ne pouvait que souffrir… Et puis…
- Et puis ?
- Son destin, la direction que sa vie a prise… Sa grande taille n’a pas été, en soi, la chose la plus curieuse. Plus de sept pieds sous la toise, tout de même !
- Diable !
- L’époque connaissait d’incessants bouleversements politiques, d’inévitables progrès aussi, déroutants, stupéfiants. Les années passaient à un train d’enfer. La civilisation avançait ! Et lui, dans le même temps, se mit à rapetisser.
- Rapetisser !
- Oui, quoique ce verbe ne soit pas tout à fait juste.
- Vous aiguisez ma curiosité… Vous avez l’art de ménager vos effets.
- N’y voyez pas malice. Je réfléchis au fur et à mesure que je vous parle. Certaines questions me taraudent. Il y a de quoi s’étonner que la nature puisse commettre pareille erreur, n’est-ce pas ? On peut aussi se demander comment nous aurions réagi nous-mêmes, victimes d’un tel handicap ? Et puis, comment être monstre sans l’avoir choisi, dans une époque où, malgré les changements continuels, les mœurs n’évoluaient guère. La plupart des gens se comportaient comme ils le faisaient depuis toujours et comme ils le faisaient depuis toujours, et comme ils le feraient longtemps encore.
- Les progrès technologiques ne changeront jamais les sentiments profonds.
- Comme le chemin de fer qui arrive dans une ville ne change pas l’allure du cheval dans le champ.
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Qu’est-ce que son histoire peut dire de notre présent ? Sa vie pose la question de la singularité d’un être dans son époque, de la chance comme un fardeau, du talent et de ses dangers. Qu’est-ce que cette histoire peut raconter de moi-même ? De chacun de nous ? Au moment où je pose le pied à Montastruc, j’ai très peu de matière ; un acte de décès et quelques articles anciens aux informations enjolivées et contradictoires. Tous ceux qui ont connu le Géant-de-Montastruc sont morts et enterrés depuis fort longtemps. Il me faudrait un hasard favorable, et il va survenir.
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Jean-Pierre Mazas, un beau jour, a-t-il relevé un défi ? A quel moment a-t-il commencé à s’illustrer sur les foires ? Il aurait été célèbre comme lutteur pendant huit ans, jusqu’en 1885. Ainsi ses plus anciens combats dateraient de 1877… Peu avant son mariage, donc. Marie-Adèle aurait-elle été séduite par le géant à l’occasion d’une exhibition ?
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Jean-Pierre triomphe dans tous les combats qui l’opposent aux champions de la région. Sa grande taille l’oblige parfois à combattre à genoux. Sa réputation est telle qu’elle déborde et excite l’orgueil des lutteurs de la France entière. Jean-Pierre est plus célèbre que les brosses et les bonnets de Lavaur !
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Qu'est-ce que son histoire peut dire de notre présent ? Sa vie pose la question de la singularité d'un être dans son époque, de la chance comme un fardeau, du talent et de ses dangers. Qu'est-ce que cette histoire peut raconter de moi-même ? de chacun de nous ?
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Videos de Pascal Dessaint (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pascal Dessaint
Rencontre avec Charles-Henri Lavielle, Manu Causse, Al Baylac, Pascal Dessaint, Nicolas Rouillé, Sarah Grall, Hafid Saïdi, Gaspard Chauvelot, Tanella Boni et Francis Émourgeon à l'occasion de la parution de Toulouse noir aux éditions Asphalte.
-- avec Toulouse Polars du Sud


Charles-Henri Lavielle est le cofondateur des éditions Anacharsis et du festival «L'histoire à venir» à Toulouse. Il vit à Toulouse depuis ses 20 ans, soit quelques années à écumer la ville et ses quartiers, de jour comme de nuit, avec des variations en fonction de l'âge et des saisons.
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29/05/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER

Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.
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