Cette nature sauvage fut pour beaucoup dans l'attachement que lui porta l'homme isolé : du moins, ce n'était pas un chien qu'il avait acheté, un de ces chiens à griffes que sont les lionceaux qui ouvrent les yeux pour la première fois dans la maison des hommes. Ouarâ avait flairé la viande crue, avait même essayé de la lécher à petits coups de sa jeune langue râpeuse et à l'imitation de sa mère accroupie devant le corps d'une antilope ou d'un buffle : manières familiale qui lui avaient déjà insufflé cette âme rageuse, faite de crainte et du désir d'intimider, qui est au fond des bêtes libres.
Zib était encore jeune : huit mois. Ses canines étaient d'émail blanc, douces au toucher. Il ressemblait fort à un métis de chien et de renard, avec ses pattes minces, sa fourrure brun-fauve à reflets grisâtres et son ventre jaune pâle qu'il offrait volontiers aux caresses de son maître.