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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"J'ai été un hiver l'aorte du Château."

Si vous ne vous êtes pas senti un peu malade (physiquement) au cours de la lecture, c'est que vous êtes probablement passé à côté..
Traitant intérieurement l'auteure de "Pauvre folle" avec un peu de commisération, sans doute (mais non sans admiration, néanmoins) ; la sorte d'affection spéciale qu'on a pour les personnes qui n'aiment rien tant qu'"échouer" dans la vie.
Pire encore, vous avez adoré mais presque sans malaise ; vous vous croyez à l'abri, vous n'avez pas compris..

Chloé Delaume "veut" tourner dans la roue jusqu'à ne plus vouloir que cela, jusqu'à sentir la roue tourner toute seule (quelque part en elle, sans savoir où..)
Il n'y a plus de métaphore possible, plus de transport ; tout est organisé pour faire du surplace
Et impossible de revenir à la nage vers une terre hospitalière, c'est un monde perdu

C'est une performance !
Et en tant que telle, elle doit être inquiétante..
Il ne suffira pas de jeter votre poste de télé par la fenêtre ; ce monde là n'existe plus depuis longtemps, ce monde là n'a d'ailleurs jamais existé vraiment
Pire qu'un rêve, c'est votre jolie réalité sans estompage

Mais il ne s'agira pas seulement de boire à la bouteille du désespoir, de s'en gaver à la cuillère..
Vous êtes en pleine Littérature, aussi et c'est pour ça que c'est un peu douloureux mais cela vaut le coup, ne serait-ce que pour comprendre l'horrible poésie de la citation mise en exergue de ma critique ; son énigme devenant finalement flagrance d'une certaine manière de "vivre"
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C'est compliqué de parler de ce livre qui n'est finalement ni un roman, ni un essaie...
Chloé Delaume se met une nouvelle fois en scène dans cette histoire, qui au début ne ressemble pas trop à une histoire...
Au début, ce n'est qu'une suite d'idées posées les unes à la suite des autres, et le tout prend un sens qu'une fois qu'on a tout les éléments, et ça devient une histoire....
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Quel courage de la part de Chloé Delaumé que cette expérience qui est
de vivre devant la télévision pendant 22 mois ! du réveil au coucher !
Chloé expérimente des changements physique et intellectuel.
Irène Pennacchioni Léothaud aurait pu en faire un exemple dans son ouvrage "Dans les yeux du spectateur".
Chloé explique :
"Attendu que la moyenne de temps passée par les Français devant la télévision est de 3 h 30 par jour. Vous assurez : je suis dans le réel et le réel est tout sauf la télévision. Il a été convenu que les Français ont pour espérance 11 ans et 4 mois de vie dans la télévision."
Imaginez 11 ans ! 11 ans où nous pourrions faire autre chose de plus utile..
Un témoignage à découvrir afin de réfléchir un peu mieux sur le temps que nous perdons inutilement.
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Chloé Delaume prend le mot de Patrick le Lay : "Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible" ; et décide de l'expérimenter. En immersion quasi-totale devant la télévision, elle observe ce qui change en elle, la mise à disposition de son cerveau et de son corps, jusqu'à disparaître dans l'univers cathodique.
Ce livre est un choc. Un coup de poing en pleine figure. Nul doute que la catégorie "roman" le protège des représailles car il contient beaucoup de choses dérangeantes à propos du système médiatico-publicitaire. Pourtant le but de l'auteur n'est pas de dénoncer ni de s'engager pour une cause ; son but reste la littérature. Expérimenter la fusion entre le réel et la fiction, tout comme le fait la télévision. Il y aurait beaucoup à dire de ce texte étrange, auquel certains doivent sans doute reprocher une certaine opacité. Mais c'est le style Delaume, et personnellement la puissance évocatrice de cette oeuvre m'a profondément bouleversée. Elle fait jaillir la littérature.
Son écriture me fait aussi penser à la ritournelle de Deleuze : comme elle l'écrit elle-même, elle est cet enfant seul dans le noir, qui chantonne une petite mélodie dont la répétition trace autour de lui un cercle magique, un territoire. Sauf qu'ici l'enfant finit envahi par le chant de la télévision.
Lien : http://le-cornepage.ek.la/j-..
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