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sur 756 notes
Bon, c'est reparti (j'avais pourtant entendu dire que les éditeurs feraient un effort - leur travail ?- cette année…) Rebelote, 521 romans pour cette rentrée littéraire, autant dire presque aucun tri sérieux, aucune sélection digne de ce nom, allez-y, c'est open-bar, il y en a pour tous les goûts, les couvertures sont très jolies et les coups de coeur nombreux : un par ici, deux autres par là, tout est beau, ils sont tous bons, tous indispensables…
Mais de grâce, de quoi parle-t-on au juste ?
Qu'est devenu le livre, le monde de l'édition, bref, qu'a-t-on fait de la littérature ? Un banal objet de consommation, un produit comme un autre à l'image du dernier soda vitaminé ou de la machine à laver avec essorage surpuissant : t'essaies, si t'aimes pas, tu jettes, tu te prends surtout pas la tête, au mieux ça t'a diverti, au pire tu t'es un peu ennuyé parce que ça manquait de suspense…
Bref, l'écriture, la forme, on n'en a strictement rien à faire (d'ailleurs, on n'en parle jamais), le style on ne sait même plus ce que c'est, et franchement, j'en ai marre de tout ce cirque.
Parce que, c'est bien gentil tout ça, mais derrière cette mascarade, cette hypocrisie, je parlerai même de trahison, il y a des lecteurs qui dépensent vingt balles (parlons fric, hein, puisque c'est bien de cela qu'il s'agit et dans le fond, la seule chose qui semble vraiment intéresser les gens de la partie) vingt balles, donc, pour un bouquin et les lecteurs se retrouvent finalement avec des écrits qui n'ont strictement rien à voir avec la littérature et il y a des couillonnes comme moi qui achètent quatre bouquins de la rentrée littéraire (inutile d'en préciser les titres, 90 % des textes publiés sont du même acabit) pour finalement n'en finir aucun. Qu'on prévienne, qu'on mette un bandeau dessus, du genre « attention, ce texte ne prétend pas être de la littérature » ou bien, « écrit vite fait, consommable rapidement, vite oublié », au moins, je serais avertie.
Ces quatre bouquins dont je parle ne sont pas nuls, loin de là, mais ils ne sont pas publiables en l'état, c'est tout. Il leur manque juste quelques mois, quelques années de travail… Ils ne seront d'ailleurs peut-être jamais publiables. C'est triste pour les auteurs qui ont fait de leur mieux, mais c'est préférable pour la littérature.
On n'est pas pressé par le temps. On pourrait tenter d'échapper à cette course frénétique et insensée qu'impose la société capitaliste qui va fourrer son nez jusque dans les domaines où on l'attend le moins.
« J'entrevois maintenant des difficultés de style qui m'épouvantent » écrivait Flaubert à Louise Colet en septembre 1851. J'attends cela d'un auteur, qu'il soit épouvanté par la tâche à accomplir. Il faut que le texte, après une longue, une très longue gestation, s'élabore lentement pour que la sensation soit rendue au plus juste, qu'il décante, infuse, macère, soit lu, relu, dit, effacé, réécrit, jeté s'il le faut, que chaque mot se trouve à sa place et qu'il ne puisse figurer ailleurs sans altérer le sens ou les sonorités de la phrase.
Et si l'auteur n'a rien à dire, qu'il ait le courage de se taire.
Allez, je rêve d'une absence de rentrée littéraire, (et d'ailleurs le terme « rentrée » a-t-il ici du sens ? Les auteurs sont-ils des écoliers devant rendre leurs devoirs à une date déterminée, la même chaque année ?) j'en viendrais même à souhaiter que chaque jour passe sans que rien ne soit publié. Absolument RIEN. Et puis, soudain, un matin, on nous annoncerait à la radio qu'un éditeur a découvert un grand texte, une oeuvre littéraire avec un vrai travail du style, de l'écriture, une vraie vision du monde. Un écrit nourrissant, qu'on n'oublierait pas, qui nous habiterait pendant des années et dont chaque lecture mettrait à jour quelque chose de nouveau, d'essentiel…
Aux auteurs de prendre leur temps, aux éditeurs de faire un vrai tri, aux lecteurs de refuser d'entrer dans ce jeu de la pure consommation…
Moi, j'ai perdu exactement soixante-seize euros, sans parler de quelques heures que j'aurais pu consacrer à autre chose.
Qu'on ne compte pas sur moi pour racheter un seul livre de cette rentrée littéraire.
Je refuse de valider un système qui s'oppose à l'idée même de littérature.
J'ai fait beaucoup d'infidélités à Flaubert ces temps-ci, je n'ai toujours pas lu l'intégralité de la Recherche et l'Idiot me résiste encore.
J'ai de quoi faire.
Bon courage à vous.
PS: Alors tout ça pour dire quoi au sujet de ce roman que je suis censée chroniquer ?
Eh bien tout ça pour dire ma déception d'autant plus importante que j'avais vraiment adoré « Règne animal », sa force, sa puissance, sa nécessité dirais-je.
Je n'ai pas trouvé cela ici.
A vrai dire, même l'écriture m'a déçue : elle m'a semblé trop « visiblement » travaillée, artificielle parfois, tenant plus d'un exercice scolaire que l'on voudrait brillant que d'une création originale.
Je n'ai pas non plus été touchée par ce texte, par cette histoire, dont la lecture m'a un peu ennuyée et que je vais certainement très vite oublier. Les personnages insuffisamment incarnés à mon goût, trop abstraits peut-être, ne m'ont pas émue. Je n'y ai pas cru je crois.
Il manque, me semble-t-il, une âme à cette oeuvre, un souffle, une étincelle de vie que j'avais trouvée dans l'intensité, dans la violence de « Règne animal ».
La rencontre ne s'est pas faite, ce sera pour la prochaine fois, très certainement.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Une famille de prolos. Lui a fait de la prison. Elle a eu son premier enfant très jeune. La société n'aide pas, surtout l'administration arc-boutée sur ses règlements incompréhensibles. Alors, forcément, déjà que ce n'est pas la joie, ça ne va clairement pas aller en s'arrangeant. Et je ne parle pas seulement de la vie de ces malheureux : les situations se succèdent telles qu'on s'attend à les lire, et le choix d'une double temporalité incongrue masque difficilement la litanie des clichés. Il faut attendre la toute fin pour que le récit se fasse nerveux et inquiétant, à la manière de la Nuit du chasseur.
Alors, certes, les petits durs, les mères-enfants, les exclus de la société et les fonctionnaires obtus, ça existe. Mais pourquoi en parler si c'est seulement pour raconter ce que tout le monde sait déjà ?
Et puis surtout, s'il y a quelque chose qui m'énerve encore plus que les prolos glauques figés dans la désespérance, c'est bien la dénonciation de la virilité toxique.
Tiens, rien que de l'avoir écrit, ça me donne des boutons.
J'en ai jusque là des auteurs qui s'excusent d'être des hommes en se flagellant.
Et del Amo sur ce coup remporte sûrement le pompon.
Parce que si les hommes sont méchants, c'est la fatalité. Non seulement del Amo va chercher Sénèque pour l'affirmer mais il remonte même à la préhistoire, les chasseurs-cueilleurs bien obligés d'enseigner à leurs fils les gestes qui tuent (et qui a dû s'escrimer sur une boîte de cassoulet récalcitrante sait bien que cette violence solidement ancrée dans notre cerveau reptilien est toujours prête à resurgir).
Et le corollaire à la violence des hommes, c'est que les femmes sont des victimes de toute éternité aussi bien sûr. En effet, la femme est du côté de la nature (l'homme s'affaire à construire sa maison tandis que la femme batifole dans les champs et les bois avec son fils). Elle l'est d'autant plus qu'elle porte l'Enfant, c'est sa Grandeur et son Tourment. Donc, forcément, elle se sacrifie pour lui car elle est semblable à la terre matricielle (Organique ta mère).
Alors, puisque del Amo aime la tragédie, allons donc faire un tour du côté de Racine. Andromaque est sous la coupe d'un pervers narcissique qui utilise son fils pour obtenir ses faveurs. Et cinq actes plus tard c'est Pyrrhus qui meurt et Andromaque est reine d'Epire. Chez Racine, la victime n'est pas genrée et l'utérus n'empêche pas d'être badass.
Et en plus Racine ne se croit pas obligé de parler de « vessie natatoire », de « blancheur irisée » et d' « orbe lumineux » pour nous prouver qu'il est un grand écrivain.
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Une qualité d'écriture irréprochable : bonne syntaxe, pas de bavardages inutiles, mais était-ce vraiment nécessaire d'alterner le présent et le passé proche ? le narrateur est un enfant, ce qui amplifie la complexité du genre humain. Il a 9 ans quand un homme se présente à lui comme son père. Cet homme qui n'a pas réglé son problème avec son père avec qui il vivait là-haut isolé. Il va reproduire le même schéma avec son fils et sa femme... Une atmosphère à la David Vann portée par une écriture toute en finesse.
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Ça commence mollement, on s'ennuie presque, mais le décalage est dès lors saisissant avec la seconde moitié de ce roman lorsque le père commence à s'imposer : il réapparaît auprès de sa famille après six années d'absence : pourquoi ? JB del Amo créé au fil des pages une tension grandissante, et on se dit "ça va mal finir cette histoire" ; on hésite presque à tourner les pages par peur, mais pas par curiosité ! Huis clos sombre face à une nature généreuse. Est-ce cette forêt, les Roches, qui rend fou ? le mal passe-t-il de père en fils ? s'agit-il d'atavisme ? le malheur se transmet-il ? il y en a des questions : en tout cas, il m'a eu ! et, la réponse est au moins le Prix Roman 2021 remporté par cette plume précieuse (ça faisait longtemps que je n'avais cherché des mots dans un dictionnaire).
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Au risque de me répéter, Jean-Baptiste del Amo est l'une des plus belles plumes de notre littérature nationale et le fils de l'homme m'en a encore apporté la preuve.
Une justesse d'écriture et une richesse de vocabulaire incroyable, pour un roman à la limite du noir.
Qui est-il, ce fils ?
À part son âge et qu'il vit avec sa mère, on ne sait rien de lui.
Et l'homme, d'où vient-il, lui que l'on semblait avoir oublié ?
On en sait pas plus, on va juste apprendre à le connaître au fil des pages, son passé, son présent et l'avenir qu'il envisage pour les siens.
Un fils, une mère et... un père.
C'est ce trio anonyme que nous invite à suivre l'auteur, dans ce coin perdu, lui aussi sans nom, au coeur d'une forêt, au milieu des montagnes.
Le lecteur est observateur, curieux.
Il y a peu de paroles entre ces trois-là.
Tout est dans l'attitude, dans les regards, dans les gestes, tout ce que sait si bien décrire le romancier.
C'est lent, on ne sait pas où l'on va, on se doute bien qu'à un moment, tout va basculer, la tension est palpable.
Si j'osais (et là, j'avoue que c'est osé) une métaphore, je repense à la fameuse scène d'ouverture d'Il était une fois dans l'Ouest, tous ces personnages qui s'observent, la caméra qui passe d'un visage à l'autre...
Ici, bien sûr, nous ne sommes pas dans un film et encore moins un western, mais c'est cette image qui me vient quand je repense à ces trois personnages.
Malgré les mains qui caressent, les bras qui enlacent, les bouches qui embrassent, il y de la méfiance,  de la défiance, même.
Pourquoi sont-ils là ?
Del Amo va nous le révéler par petites doses et nous offrir un final.... qui m'a laissé sans voix.
Coup de coeur pour ce roman de la rentrée littéraire 2021.
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Un père qui revient, on ne sait d'où, reprenant sa place dans la petite cellule familiale d'une mère et d'un fils, les entraînant dans une cabane de montagne pour la période estivale. Un huis clos à trois...

On pourrait saluer une histoire introspective où se joue l'apprentissage d'un enfant face au monde des adultes, où se disent en sourdine les relations parentales, où s'analyse le tandem père-fils (de toute éternité, comme l'annonce l'introduction), où s'harmonise l'individu au creux de la Nature.

Comment exprimer les raisons d'une lecture besogneuse, tout en en reconnaissant les qualités littéraires ?
Après tout, être publié dans la collection blanche de Gallimard vous pose un auteur et loin de moi l'audace de dénigrer la qualité remarquable de la plume. Mais il faut bien avouer que ce livre cérébral m'a rapidement plombée, engluée dans les descriptions à rallonge du quotidien et du paysage, descriptions fort bien troussées mais diluées à l'excès, où on cherche à ne pas perdre le fil rouge de la narration.

J'avais pourtant apprécié Règne animal et sa violence de ruralité. Ici cette violence s'exprime au coeur de la beauté de la nature, en passage de témoin intergénérationnel. Une thématique chère à l'auteur, dont je me suis détachée au fil des pages.
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Huis-clos étouffant qui oppose la nature à la ville, le sous-bois musqué aux rues grises du quartier ouvrier, le fils de l'homme suit les traces des tragédies d'hier et d'aujourd'hui – la fatalité transmise d'un père à sa descendance, le déterminisme social, la rancoeur, la folie. Les phrases amples de Jean-Baptiste del Amo peignent la lumière, esquissent de véritables tableaux où chaque détail aura son importance. Ce roman d'atmosphère, lent et contemplatif, est un exemple de nature-writing à la française, un roman rural noir qui se déploie sous une chape de plomb (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/09/06/le-fils-de-lhomme-jean-baptiste-del-amo/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Del Amo développe un style ne mettant aucun gant pour plonger le lecteur dans la violence, l'âpreté du monde, la noirceur des sentiments qui l'habitent et, semble-t-il, l'apathie de ceux qui, confrontés à ces puissances destructrices, ne montrent que peu de velléité et de volonté à s'extraire de cette brutalité, négation même de leur personne !
Jean-Baptiste del Amo nous avait déjà montré cette furie avec « Règne animal », livre décrivant la violence bouseuse, merdique qui s'abattait sur un monde rural n'arrivant plus à vivre dignement du fruit de son labeur. Comme on était loin alors de la nature champêtre du brave laboureur ou du semeur au geste auguste qui, à midi, s'arrêtaient et ôtaient le chapeau pour prier l'Angelus avant de casser la croûte avec un bout de fromage , de saucisson et une franche goulée de vin du pays !
Ici, la violence de la nature, celle de l'environnement comme celle de l'homme, est rude, toujours présente même si larvée. ‘Elle' et le fils ne peuvent vivre que sur le qui vive ou l'abandon à l'horreur. Et malgré cette violence omniprésente, difficile à digérer, le lecteur suit l'auteur là où il nous entraîne tant sa plume est efficace, précise, évocatrice.
Hors de toute violence mais dans une recherche d'y échapper, ne fusse qu'un moment, je vous laisse découvrir une scène quasi cinématographique, montrant la puissance d'évocation de Jean-Baptiste del Amo.
« Dans la salle de bains, elle ouvre le débit du pommeau de douche, se ravise, ferme la bonde de la baignoire et tourne le robinet pour couvrir le bavardage lointain des hommes.
Elle s'assied sur le rebord du bac, gagnée par une grande lassitude, ses mains posées de chaque côté de ses cuisses sur les carreaux de faïence. Elle reste sans bouger, le regard sur le tapis de bain rose à ses pieds, bercée par le bruit de l'eau qui s'écoule à gros remous, par la vapeur légèrement chlorée qu'elle sent monter derrière elle, se déposer sur les cheveux de sa nuque et embuer la pièce. »
On voit cette scène, on la prendrait bien en photo, à la Hamilton, avec une belle jeune blonde embuée dans un décor pastel … Et l'auteur de poursuivre :
« Elle se déshabille, abandonne ses vêtements au sol, étend ses jambes alourdies, ses bras aux articulations noueuses endolories par les mêmes gestes répétés tout le jour. Elle entre dans le bain fumant … »
En une phrase, la blonde est partie. On a changé de film, on nous a troqué la jeune blonde pour une vieille fatiguée de vivre ! Hé oui, l'auteur excelle dans la description, mieux, la suggestion. On lit, on a le film en tête, on s'y voit, on y croit, totalement et tout bascule. del Amo évoque ses personnages. Il libère quelques particules d'idées ou de faits, nourrit l'imagination du lecteur et lui permet de comprendre, de suivre cette plume du beau au laid, de la quiétude à l'angoisse, de la sérénité à l'horreur. Une invitation à la réflexion sur ce qu'est l'Homme, sur les moteurs de son existence. de quoi, de qui faut-il se dépouiller pour tout simplement ‘Être' ?
Pour nous entraîner à sa suite, Jean-Baptiste del Amo met en scène trois personnages : le fils, dépourvu de prénom comme d'avenir, la mère, enceinte et au passé douloureux qui s'apprête à vivre un présent plus lourd encore, et l'homme, mari qui a disparu longtemps et qui, revenant, s'installe en Maître et Seigneur, reprend la place qui n'était plus la sienne. L'a-t-elle seulement été un jour ?
Ils n'ont pas de nom, ce ne sont que des « il, elle ou lui », sans patronyme pour se reconnaître uniques et dignes d'être ! La violence est, comme les voies du seigneur, impénétrable. On ne peut la comprendre, elle est là sans intention assumée , sans source potentielle de partage, de clarification ou de forces vives.
Et, même si le sujet est lourd, la plume de Jean-Baptiste del Amo nous tient en halène et nous captive jusqu'au bout. La fin nous laissant peut-être sur notre faim… mais dans ce bain d'agression permanente de la vie, une solution peut-elle sortir d'une plume comme un lapin du chapeau ? Peut-être est-ce à nous de fermer le livre et réfléchir pour trouver quelques ébauches de solution permettant de mieux panser le monde.

Lien : https://frconstant.com
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Haine ancestrale.

La mère et le fils ont été emmenés aux Roches par le père. Ce séjour, qui devait être temporaire, semble de plus en plus définitif au fur à mesure que le père sombre dans la folie.

Lecture marquante. Dès le début le ton est donné. Ça sera âpre et violent. le prologue se situe à la préhistoire. Survivre, survivre et encore survivre quoi qu'il arrive. La fin du prologue est tout aussi abrupte. Nous voilà brutalement de retour à notre époque. Mais le mot d'ordre sera toujours le même: survivre.

L'auteur excelle pour poser une ambiance. Celle-ci est déjà oppressante au début mais deviens de plus en plus étouffante au fil du récit. Les cinquante dernières pages sont un condensé d'angoisse et de terreur. La nature y joue une grande part. Elle n'est pas hospitalière. Elle ne tolère pas les humains, ceux-ci resteront toujours des intrus.

Le postulat de l'auteur est également intéressant quoique légèrement caricatural par moment: une haine ancestrale lie père et fils. le père aura beau essayer de modeler le fils à son image, ce processus sera toujours teinté d'échec. le père reproduira toujours les erreurs de la génération précédente, ce qui entraînera systématiquement la haine du fils. La conclusion abrupte de ce roman en est l'illustration.

En somme je ne suis pas déçue du voyage. Je me pencherais sur les autres romans de l'auteur.
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Après un premier chapitre préhistorique donnant une portée millénaire et universelle au roman, la suite s'ouvre sur trois personnages, dont on ne connaît pas les noms, « le fils », « le père » et « la mère » à l'époque contemporaine.

Le père s'est absenté plusieurs années. Lorsqu'il revient, il décide d'amener la mère et le fils, aux Roches. Ils commencent alors une vie reculée, au coeur de la montagne et des forêts, dans une maison délabrée qui appartenait au père du père.

Les trois sont mutiques. Ils parlent très peu mais leurs silences et leurs corps sont éloquents. Très vite, on découvre le caractère de chacun à travers leurs gestes, les non-dits, les regards.

La nature, tour à tour hostile et accueillante, y est généreusement dépeinte et a la part belle. Elle sert de décor à ce drame à venir, que l'ont sent sourdre dès les première lignes.

Un roman sous haute tension à l'écriture remarquable. Elle est incroyablement riche, minérale, végétale, presque prétentieuse à force d'épithètes et de mots savants. Mais tout de même, c'est un régal !

Sauf que cela n'a pas suffit à me convaincre complètement. Ce huis-clos tendu est d'une telle noirceur que ça en devient presque caricatural. Moins de douleur aurait suffit à honorer le thème principal, la transmission de la violence, l'hérédité de la folie.

Paradoxalement, malgré le désespoir qui transpire de ce roman, je n'ai pas vraiment ressenti d'émotion, ni d'empathie pour les personnages. Je pense surtout que l'écriture et le style m'ont trop distancée d'eux. J'ai eu exactement le même ressenti avec « la route » de McCarthy. On est en plein désastre, sans aucun espoir mais je ne suis pas touchée, malgré (ou à cause d') une écriture irréprochable. C'est très beau, sublime, mais sans charme, sans petit défauts qui font que l'on s'attache.

Bref ! Un livre avec de grandes qualités littéraires, c'est indéniable, mais qui ne m'a pas touchée au coeur. Sans doute trop parfait, trop formel et finalement ne réservant pas vraiment de surprises en terme d'histoire.

Je comprends très bien pourquoi il a reçu le Prix Fnac et c'est mérité. Mais je passe mon chemin et quitte l'atmosphère poisseuse des Roches avec soulagement !



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