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3,59

sur 756 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tous les ans le même rituel… Repérer parmi les centaines de livres à paraître, ceux que je vais choisir. Un titre, une couverture ou un résumé qui accroche. de nouveaux auteurs à découvrir. Et d'autres que l'on retrouve. le petit frisson de plaisir en lisant le nom d'un auteur chouchou dans la liste des parutions. Ou d'autres que l'on a envie de retrouver après une lecture marquante. Parmi ceux-ci : Jean-Baptiste del Amo. Il y a quelques années, Règne animal, une lecture coup de poing, bouleversante, inoubliable. Et il réitère…

Un homme, une femme, un enfant. Une maison en ruine isolée en pleine forêt. le père a quitté sa famille des années plus tôt et il espère renouer les liens en les emmenant dans la maison de son enfance.

C'est un texte qu'on lit dans un état de tension permanente, un huis clos angoissant entre trois personnages, amplifié par l'isolement de la masure et l'immensité de la forêt. La nature est au coeur de ce roman. La nature qui les entoure, une beauté à couper le souffle, sauvage et brutale, oppressante, un monde millénaire où l'homme n'est qu'un animal parmi d'autres. Mais aussi, nature de l'homme, violente et meurtrière depuis l'aube des temps, comme nous le rappellent les premières pages du roman dans un texte déroutant. Des milliers d'années après l'époque de ce court mais intense prologue, la civilisation n'a rien changé, la sauvagerie de l'homme est toujours là. Des milliers d'années plus tard, ils sont les mêmes : le père, la mère, l'enfant. Sans jamais les nommer, avec peu de dialogues mais des diatribes enflammées et insensées du père, sans explorer leurs émotions ou nous les décrire, Jean-Baptiste del Amo leur donne une dimension mythique, universelle.

Un roman sombre et puissant dont on ne sort pas indemne…



Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour m'avoir fait découvrir ce livre en avant-première, même si au moment où je publie mon billet il est déjà sorti depuis quelques semaines !



Edit : non seulement il est déjà sorti, mais il est lauréat du prix Fnac du roman !
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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J'étais en cours de lecture quand le prix FNAC a été décerné.
Un livre tendu où on s'attend au pire. le père disparu sans explication revient après quelques années et peu après son retour emmène sa compagne (enceinte d'un autre) dans une maison isolée dans la montagne, très délabrée et où ils ne devraient rester qu'un moment: les Roches où le père a toujours vécu et où il va pratiquement séquestrer femme et enfant qui vont tenter de fuir. J'ai ressenti très fort l'emprise progressive de cet homme violent sur sa famille.
La nature est très présente et bien décrite.
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Après un prologue spectaculaire, stupéfiant de beauté et de réalisme qui justifierait à lui seul la lecture de cet ouvrage, le récit nous plonge dans un huis clos familial au beau milieu d'une nature tenant un rôle propre.
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La réapparition du père dans la vie de la mère et de l'enfant va littéralement bousculer l'ordre de l'univers.
Et l'on assiste, impuissants, à des scènes d'emprise qui vont crescendo, entrecoupées de la narration de cette transmission qui semble millénaire.
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Mais en parallèle de cette histoire, des passages somptueux sur l'étrangeté de notre présence sur cette terre, amènent au bord du vertige métaphysique.
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Ce roman prend la première place dans mon palmarès de cette rentrée littéraire, la plume y est tout simplement ... magistrale !
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Dans le fils de l'homme, Jean-Baptiste del Amo confirme, si c'était nécessaire, son immense talent d'écrivain. Règne animal (Prix du Livre Inter 2017) m'avait profondément marqué mais, avec le fils de l'homme, cet auteur réussit encore à m'impressionner en me plongeant au plus profond des racines de l'espèce humaine luttant pour sa survie dans une nature brute, austère et pourtant favorable aussi.
La séquence inaugurale du livre me surprend puisqu'elle me plonge dans la vie d'une horde d'hommes et de femmes préhistoriques. Malgré les éléments, le froid, la mort avant trente ans, la vie se perpétue : accouplements, accouchements, bébés vivants ou non. Pour survivre, il faut chasser, pêcher, préparer les repas, se retrouver au camp. C'est de ce camp que partent des chasseurs dont un père et son fils qui ne tarde pas à faire ses preuves.
Brusquement, changement d'époque, voilà le fils de l'homme, avec son père au volant, conduisant la mère et ce fils dans un endroit perdu, en montagne, loin de tout : Les Roches.
Déjà, un constat s'impose. Les principaux protagonistes de cette histoire terrible n'ont pas de prénom, pas de nom. Il faut s'y faire et cela est vite oublié dans les descriptions détaillées et tellement vivantes offertes par Jean-Baptiste del Amo. Quel style magnifique ! Quel déferlement de vocabulaire, riche, intense, précis, toujours juste !
Comme il est indispensable de savoir à qui nous avons affaire, l'auteur, régulièrement, revient un peu en arrière. Trois semaines auparavant, alors que le garçon jouait dans la petite cour d'une maison très modeste, un homme arrive : son père ! Il réapparaît alors qu'il a disparu depuis six ans. La mère est au travail. Il mange, s'installe et fume beaucoup.
Par petites touches, sans jamais trop en dire, laissant souvent son lecteur sur sa faim, l'auteur révèle le passé de cet homme qui inquiète et fascine en même temps. Petit à petit, je découvre son passé et l'histoire de son père, le grand-père du gosse, celui qui a créé ce lieu improbable, Les Roches, où le père va obliger mère et fils à vivre, à survivre.
Cette mère dont Jean-Baptiste del Amo laisse échapper une seule fois le prénom – Cristina – a été maman à dix-sept ans alors qu'elle ne voulait pas d'enfant. Elle en a vingt-six quand le père revient et elle est… enceinte !
Tensions, menaces, recherche d'un bonheur impossible à trouver dans des conditions de vie extrêmes, cette maison, Les Roches, le père l'a retapée, y a stocké des vivres et le cadre peut se révéler idyllique au printemps, ce printemps en montagne magnifiquement décrit.
Une terrible violence rentrée est prête à sourdre à tout moment mais il faut se laisser emporter par l'excellente prose de Jean-Baptiste del Amo, ne pas vouloir tout expliquer, accepter qu'il n'y ait pas vraiment de fin, même si… Alors, je me suis laissé prendre jusqu'au bout, vibrant devant cette nature sauvage, tremblant à cause des menaces qui planent constamment sur cette famille qui n'en est pas vraiment une.
Le fils de l'homme est un roman qui m'a marqué, impressionné et porté jusqu'au bout, entre suspense et régal, grâce à la précision et à la qualité d'écriture d'un grand écrivain : Jean-Baptiste del Amo.

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Quel style ! Un de ces livres que je lis lentement, pour mieux goûter le phrasé et les trouvailles lexicales. Quelle tension ! Un huis-clos éprouvant...
En tenaille entre la délectation de l'écriture et l'envie de savoir la suite de l'intrigue, une lecture assurément marquante.
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Aujourd'hui je vais évoquer le fils de l'homme roman fascinant et inquiétant de Jean-Baptiste del Amo. Il est l'auteur notamment d'Une éducation libertine et de Règne animal. Avec son nouvel opus il poursuit son exploration de la transmission de la violence humaine et de la souffrance infligée aux femmes dominées.
Le fils de l'homme commence par vingt pages écrites en italique racontant une épopée préhistorique avec notamment une scène de chasse violente et sanglante. Cette mise en mots de la horde primitive mythologique est hallucinante en particulier la naissance ainsi décrite : « accroupie, saisie aux bras par d'autres femmes qui épongent tour à tour son front, ses mollets, son sexe, elle expulsera le fruit de sa saillie à même le sol ou entre les mains d'une accoucheuse. le cordon ombilical sera tranché par la lame d'un silex. La chose tirée dans la lumière et déposée sur l'outre vide du ventre rampera pour boire le colostrum à la mamelle, engageant ainsi le cycle nécessaire à sa survie qui la verra incessamment engloutir le monde et l'excréter. » Après ce prologue fulgurant le roman débute avec la présentation des trois protagonistes qui ne sont jamais nommés ; il s'agit de l'homme (le père), du fils (l'enfant) et de la mère. L'action se déroule à deux périodes distantes de quelques années entre une petite ville sise au pied des Pyrénées et un hameau perdu au fond d'une vallée ariégeoise près du sommet d'une combe où est située la maison des Roches. L'homme est absent du foyer depuis plusieurs années et puis il revient et réapparait dans la vie du fils et de la mère, il va bousculer leur intimité. le lecteur ne sait pas grand-chose de son parcours et de la motivation de son absence, les pièces du puzzle s'articulent progressivement. Il veut donner une nouvelle chance à leur amour, il décide de les emmener enfin vers Les Roches sorte de ferme décrépite en ruines où il a grandi auprès de son père avant de s'échapper à la fin de son adolescence. Il a tenté de réhabiliter le lieu, il a stocké des vivres et dispose d'un générateur électrique. L'homme a vécu une enfance violente et difficile seul avec son géniteur ; des moments de cette époque remontent à sa mémoire. le souvenir de l'annonce de la découverte du corps mort du vieux ne l'affecte pas. le trio prend la route, l'homme ne laisse pas le choix à la mère, il décide et impose. Il dissimule le véhicule dans un chemin et ils poursuivent l'ascension à pied pour atteindre le logement isolé à l'écart de toute population. Voilà l'impression en arrivant sur les lieux : « vers l'ouest, ces prairies disparaissent, laissent place à des marnes parcourues de ravines sur lesquelles ont par endroit pris racine des pieds de graminées et des buissons adustes, puis de nouvelles étendues forestières s'enfoncent dans un val ombreux. Par-delà le val, par-delà d'autres monts et d'autres cols, s'élèvent des sommets où miroitent des cimes prodigieuses. Les jeunes pousses d'oignon sauvage et la terre froide qu'ils piétinent embaument l'air. » le trajet est éprouvant, le séjour sur place est censé durer le temps d'une saison La mère est enceinte ce que l'homme supporte mal puisque le foetus n'est pas de lui. Rien ne va se dérouler comme prévu, l'homme est aux commandes, il décide du huis-clos, il domine et règne. Des bribes de tendresse sont esquissées mais la mère a peur, elle le connait, elle est sous emprise mais son instinct la pousse à protéger son fils. Les Roches est le cadre du drame tragique familial qui s'y déroule. L'homme sombre dans la folie, il est mu par la violence et son incapacité à intellectualiser les situations complique la situation. Il est incapable de protéger sa famille face aux éléments adverses comme la tempête qui emporte le toit de la bâtisse. L'enfant est mis dans une position intenable, il assiste à la mort de sa mère qui dans un silence absolu a donné naissance à une fille. le fils hérite de la violence du père. Outre l'histoire très forte le fils de l'homme est un véritable bijou littéraire. Jean-Baptiste del Amo est un orfèvre de la langue, il utilise des mots rares, un vocabulaire précis. Ses descriptions de la nature et des éléments sont d'un réalisme poignant. Ainsi cette phrase poétique : « la crête brune des arbres se perd dans le brouillard et tout semble feutré : le pépiement des merles dans les bosquets lugubres, la lueur du jour, monotone sous la gaze occultant le ciel. »
Le fils de l'homme est un formidable roman d'un désespoir certain. La transmission transgénérationnelle de la violence est au coeur de cette histoire tragique et macabre. le retour à la nature voulu par le père est un échec, sa tentative de reconquérir la mère et de vivre avec le fils est un fiasco absolu. La seule issue possible face à cette humanité perdue est la mort et l'accomplissement du sombre destin.
Voilà, je vous ai donc parlé du Fils de l'homme de Jean-Baptiste del Amo paru aux éditions Gallimard.
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Cinq ans après Règne animal, prix du livre Inter 2017, que j'avais particulièrement apprécié, j'ai à nouveau été conquise par l'écriture de Jean-Baptiste del Amo dans son nouveau roman le fils de l'homme.
Un break quitte la ville avec à son bord un homme, une femme et leur jeune enfant de neuf ans.
Après des heures de route, plusieurs vallées traversées, les villages disparaissent peu à peu et la voiture s'engage sur une route en lacets puis sur un chemin de terre, quand soudain un pin obstrue le passage. Ne pouvant le déplacer, le père met le véhicule à l'écart, le camoufle et extirpant les bagages du coffre, tous trois, sacs à dos chargés sur les épaules, s'acheminent sous la conduite du père vers une vieille maison isolée dans la montagne, tout juste habitable, aux Roches. Au départ, il s'agit d'un séjour estival qui va rapidement s'avérer être un séjour définitif sans possibilité de retour.
Ce n'est que trois semaines auparavant que le père a réapparu dans la vie de son ex-compagne et de son fils après environ six ans d'absence pour des raisons mystérieuses.
Au fil du récit, l'auteur alterne le moment présent avec cette découverte de la nature pour le fils et le passé avec comme point de départ le retour du père et ensuite une remontée dans le temps, sans pour autant créer de réels chapitres et donc sans rompre le rythme de l'histoire.
Dés les premières lignes, Jean-Baptiste del Amo nous plonge dans une atmosphère d'angoisse. Dans la voiture, sans qu'un mot ne soit échangé, les regards croisés entre la mère et l'enfant expriment un sentiment de crainte et d'inconnu.
On apprend peu après que c'est aux Roches, précisément que ce père a vécu auprès de son propre père, un homme devenu impitoyable et qu'il entend maintenant y faire vivre sa femme et son fils, femme dont il a appris qu'elle l'avait trompée.
Hanté par son passé et rongé par la jalousie, le père sombre lentement dans la folie.
Le père, la mère et le fils ne sont jamais nommés et la troisième personne est de rigueur tout au long du roman, nous amenant à penser quasiment à un mythe, dans lequel la transmission de la violence de père en fils pourrait être le thème principal.
Tout en restant facile d'accès, avec un vocabulaire riche, une écriture fine et imagée, où la poésie le dispute à la rudesse, l'auteur sait à merveille retranscrire la découverte de la nature par cet enfant ayant vécu jusque-là dans une petite maison d'un quartier ouvrier. Si dans un premier temps, le gosse est effrayé par ce milieu qui lui paraît hostile et dangereux avec ces bois profonds et ces bêtes sauvages, il saura peu à peu y trouver sa place et même un refuge dans ce renfoncement créé entre les racines épaisses d'un vieux noyer, créant ainsi une niche obscure où il se sent protégé. Les descriptions sont imagées au possible et nous entraînent avec volupté au coeur de ces lieux sauvages nous faisant ressentir toute la force de cette nature et sa puissance, des lieux qui pourraient être paradisiaques si la folie de cet homme ne prenait au fil de l'histoire toute la place. L'homme et la nature y sont en perpétuelle confrontation.
J'ai été frappée par le peu de paroles et de dialogues entre les trois protagonistes, ceux-ci étant remplacés, à mon sens très avantageusement, par des regards ou des gestes particulièrement expressifs. Les corps de chacun sont fort justement mis en avant, décrits dans tout leur naturel, avec volupté et sensualité parfois, ou plus durement et froidement dans d'autres cas.
Bien des questions viennent à l'esprit tout au long de cette lecture, et c'est tout le charme de celle-ci qui se partage entre beauté et noirceur, amour et cruauté, même si la noirceur prend malheureusement le pas sur la beauté.
À la transmission de la violence d'une génération à une autre, s'ajoute ici la domination des hommes sur leurs semblables tout comme la confrontation du monde de l'enfance à la dureté et la brutalité du monde des adultes.
D'une beauté saisissante, bien que dramatique, le fils de l'homme est un roman intemporel qui m'a bouleversée. Je remercie très sincèrement Babelio et les éditions Gallimard pour cette somptueuse lecture, en avant-première.
À noter que Jean-Baptiste del Amo devrait être présent aux Correspondances de Manosque en septembre prochain et que je me fais une joie, déjà, de pouvoir le rencontrer !

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Merci aux Editions Gallimard pour l'envoi du prochain roman de J.B. del Amo à paraître le 19 août.

La place de l'homme dans la nature et les relations bousculées des humains
sont des thèmes chers à l'auteur (lire : Règne animal).
Ici, flux tendu, végétal et minéral.
Si au début de la lecture on a l'impression de rentrer dans un précis de botanique, on est vite happés par la puissance de l'écriture et par l'histoire âpre et rugueuse.
Pas de pause, tout s'enchevêtre et tout bouge inexorablement et lentement
dans un drame qui plane.
Trois personnages, le père, la mère et le fils se retrouvent dans un lieu clos, isolé dans les montagnes.
Leurs liens dans le passé seront évoqués petit à petit pour construire ce roman enchâssé dans les non-dits, les secrets.
Les tensions humaines liées aux forces de la nature sont sans concessions et tumultueuses.
Chaque personnage a ses propres peurs, ses propres questionnements.
Pas de répit non plus pour le lecteur entraîné par des phrases parfois longues et lourdes.
Pour moi, pas le choix, j'y suis, j'y reste jusqu'à la chute de ce beau roman écrit avec ferveur où tous les mots sont importants.
Laissez-vous emporter pour le flot des phrases jusqu'à la fin.


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