Les hommes sont plus féroces que les plus féroces animaux.
Tous ces écriteaux rédigés en gothique me flanquent le noir. Paris, en ce mois d'octobre 1942, est plus vert qu'un sapin. Mais ici, les sapins portent des bottes qu'ils font sonner sur les pavés … Je rêve d'un bled où les gnaces marchent pieds nus.
Je ne suis pas curieux mais je voudrais savoir si vous entravez quelque chose à ma façon d'agir. Noix comme vous êtes, vous lisez ce que j'écris comme vous liriez votre déclaration d'impôts. Vous ne cherchez pas le mobile de mes actes. Vous attendez que je vous dise tout depuis A jusqu'à N (qui est naturellement la lettre terminant ce bouquin). Ça vous liquéfierait la matière grise, de faire un peu de psychologie, hein ? Bande de miteux ! Vous vous feriez sortir les boyaux de la tête en réfléchissant. Y aurait jamais assez d’aspirine chez votre pharmago pour dissiper votre mal de tronche... Tenez, vous me faites pitié. Je vous sens tous là, à mijoter dans votre petite sphère sordide; encroûtés, veules, mal rasés et la coupole aussi vide que la conscience d'un général... Sapristi ! Faites donc un effort.
Faites pas cette tronche, collègue, on dirait que vous venez d'obtenir la communication avec l'ectoplasme de votre trisaïeul …
Ce matin, en m'apercevant dans la glace de ma salle de bains, j'ai fait un petit salut au type qui me regardait et qui ressemblait au cousin du negus. Il m'a fallu au moins dix minutes pour comprendre que le cousin du négus c'était moi. J'avais une de ces tronches !... D'habitude, je suis assez beau gosse, et la preuve c'est que les fillettes préfèrent ma photo à celle de Winston Churchill. Mais ce matin, ma trompette ressemblait à celle d'un fakir auquel un plaisantin aurait remplacé les clous en caoutchouc de sa planche par de vraies pointes provenant de la quincaillerie du coin. J'avais des yeux de lion malade, et ma barbe poussait bleue. Quand ma barbe pousse bleue, c'est que j'ai des ennuis avec mon carburateur, soit parce que je suis amoureux, soit parce que mon foie revendique son indépendance.
Elle prend l'air étonné d'une génisse qui assisterait à la projection d'un film sur les chemins de fer.
"Avez-vous vu un morse jouer du saxophone ? Non ? Moi non plus, à vrai dire, mais je ne désespère pas. En revanche, je vous jure, mes amis, que j'ai déjà entendu un saxophone jouer du morse.
Elle est tellement suffoquée qu'on peut contempler tranquillement ses amygdales.
Seulement si un homme averti en vaut deux, un mec deux fois couillonné en vaut toute une tripotée.
On me laisse pourrir pendant vingt-quatre heures dans ce placard, sans m’apporter à briffer. Ces gars-là ont dû entendre parler des méthodes de Louis XI.