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Critiques filtrées sur 4 étoiles  


Avec ce roman à la verve rabelaisienne, l'outrecuidante truculence de Dard fait mouche. C'est cru, acide, débordant, cela s'avale jusqu'à la lie lorsque les envolées jubilatoires dérapent, à deux doigts de l'obscénité. Elle en a sous le coude, la vieille : des ruses, des secrets, qui dissimulent sous l'armure de peau tannée sa vérité. Sous le fard dégoulinant bat, fragile et désespérée, son aile d'oisillon déniché. La vieille tait une douleur dont l'auteur avec une tendresse insoupçonnée, a l'élégance d'ôter les sutures au terme de ses vociférations. Et la vieille redevient enfant quand la pluie salvatrice de l'innocence efface les rides de son masque grimaçant.
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Voilà un roman de Frédéric Dard alias San Antonio qui décoiffe et c'est le moins que l'on puisse dire. Point de commissaire dans "La vieille qui marchait dans la mer" mais une arnaqueuse octogénaire qui va prendre sous son aile un jeunot pour lui passer le relais. Ça c'est si on résume vite.
En vrai c'est le portrait d'une vieille salope immonde qui a eu des braises ardentes dans la culotte toute sa vie et qui passe son temps à escroquer les plus riches. Cela donne le ton et ça grince sérieux au démarrage.
Et puis, on se rend vite compte que c'est bien autres choses que de la vulgarité.

C'est Lambert le jeune plagiste qui aide la vieille et riche Lady M. à marcher dans la mer pour soigner son arthrose, en vacances en Guadeloupe. Cette Milady passe pour une vieille chieuse qui n'arrête pas de se plaindre de sa déchéance physique. Parce que des parties de jambes en l'air et des tripotages de queues elle en a vécu notamment avec celui qui l'accompagne, son ex-amant Pompilius. D'ailleurs ce dernier est expert en cunnilingus et ses séances avec la jeune Noémie valent bien une leçon d'éducation sexuelle, parce qu'il respecte le désir féminin.
Quand Lady M. se rend compte que Lambert lui a volé son diamant sans qu'elle s'en aperçoive, elle saisit l'occasion pour s'allier le jeune homme et l'impliquer dans le vol d'un diadème. Contrairement à toute attente, leur relation va devenir fusionnelle au grand dam de Pompilius.

On est loin de s'ennuyer avec cette vieille hors du commun, que l'on apprend à connaître parce qu'elle parle au Seigneur même si c'est dans un langage châtié. Cela est d'autant plus drôle (car j'ai bien rigolé) jusqu'au moment où le mensonge se rapproche de la vérité, quand on cerne la vraie personnalité de Lady M. à la fin du roman. le drame humain, la nostalgie et l'amour improbable rejoignent le polar grinçant et immoral.


Challenge Entre-deux 2023
Challenge Coeur d'artichaut 2023
Challenge Multi-défis 2023
Challenge XXème siècle 2023
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"L'enfer des femmes, c'est la vieillesse"
Cette maxime De La Rochefoucauld pourrait assez bien résumer ce livre. C'est donc, contrairement aux San-Antonio classiques, une histoire sombre. Ce mélange entre le style Dard (outrance, crudité, grosses ficelles et clichés littéraires mais sans Bérurier ni les digressions) et le tragique de l'histoire m'a au départ posé problème. Ça sonne faux, tout simplement. Mais, au fur et à mesure, le tragique prend le dessus et la profonde détresse des personnages nous apparait de plus en plus, éclipsant les invraisemblances et les outrances. On s'attache peu à peu à Lady M., cette vieille croulante, délirante, méchante, pathétique. Et les dernières pages nous permettent de vraiment la comprendre, de comprendre toute la tristesse de sa vie.
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Durant une dizaine d'années, j'ai été fidèle aux aventures du commissaire spécial San-Antonio écrites par Frédéric Dard. Après avoir lu plus de 150 de ces romans Fleuve Noir, je suis passé aux "Roman d'Aventure"; des livres d'un style différend comme "La vieille qui marchait dans la mer".
Cet récit assez coquin, cru, sans tabous, nous conte les aventures de Lady M, une vieille dame se coltinant un monceau de bijoux, au bras d'un jeune plagiste à la grâce d'archange. Avec son compagnon roumain Pompilius, "la vieille" va développer des arnaques de grande envergure.
Frédéric Dard ne mâche pas ses mots dans cette histoire drôle et féroce adaptée au grand écran par le scénariste et réalisateur français Laurent Heynemann. Un joli film avec des acteurs de renom comme Jeanne Moreau dans le rôle de Lady M et Michel Serrault dans celui de Pompilius.
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C'est mon premier San Antonio, c'est un bon polar d'aventure, très drôle, grinçant , assez trash (sexe ) et finalement très noir.
J'ai pris plaisir à le lire même si je regrette de ne pas avoir commencé par un San Antonio plus classique: ici pas de personnages San Antonio ni de son adjoint Berurier .
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Qu'est-ce que j'attends d'un défi de lecture ? Sortir de ma zone de confort et faire des découvertes et c'est chose faite avec "La vieille qui marchait dans la mer". L'item "anniversaire" du challenge multi-défis 2021 m'a conduit à découvrir une oeuvre de Frédéric Dard, alias San Antonio, né en 1921 et mort en 2000.
Je n'avais jamais lu aucun de ses romans et les premières pages m'ont étonné avec des actes licencieux et un vocabulaire inconvenant. Il est vrai que la quatrième de couverture précisait "je ne me doutais pas, à cet instant, que j'allais commettre l'ouvrage le plus grinçant de ma carrière, m'enfoncer dans un conte de fées noir à vous en flanquer le vertige, et peut-être même dépasser certaines limites". Il fallait bien ainsi s'attendre à une écriture qui sortait du commun.
Cependant, après une petite adaptation, on ne peut que constater un style maîtrisé et qui a du rythme.
L'histoire est celle de Lady M., femme fantasque, arnaqueuse née, qui après une vie trépidante parmi les grands de ce monde, décide de former son successeur, le jeune Apollon, Lambert, avec l'aide de son vieil ami et ancien amant, Pompilius.
Les péripéties sont plaisantes notamment avec une escroquerie au compte en banque, un vol de diadème ou encore de diamants.
Mais c'est plus qu'un bon divertissement : Frédéric Dard aborde des sujets profonds comme les conséquences de l'enfance sur la vie future, les difficultés du passage à l'âge adulte, la vieillesse et ses renoncements.
En conclusion, c'était mon premier San Antonio mais peut-être pas le dernier !



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Mon avis :
Voilà un San-Antonio que j'ai pu lire jusqu'au bout. Car, voyez-vous, mon cher et tendre est un adepte de San-A et possède dans sa table de nuit toute une série de (vieux) bouquins de cet auteur. J'ai essayé, plusieurs fois, d'en lire, mais "Fleur de nave vinaigrette" ou encore "L'histoire de France par Béru" ne m'ont pas passionnés, c'est le moins que l'on puisse dire, et je les ai lâchement abandonnés.
Avec ce San-A-là, rien de tout cela. Je suis rentrée sans trop de difficultés dans la narration, et me suis retrouvée avec délice dans les années 80 où l'on comptait encore en francs, où les téléphones portables n'existaient pas, ni les connexions internet et autres ordinateurs. Un vrai dépaysement, je vous dis.
Une utilisation des synonymes de la langue française des plus délectables, dont certains vocables surannés m'ont ravi.
Un bémol toutefois : le détective de l'agence suisse, chargé de faire la lumière sur un virement douteux, meurt bien facilement devant la fenêtre de Lady M....
L'avis de mon mari :
"Pas un des meilleurs San-A, j'ai attendu Béru et le commissaire, mais nada ; et puis la vieille n'en fini pas de finir" (sic).

Lien : http://motamots.canalblog.co..
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« Ah ! comme la vie est brève et interminable dans sa brièveté ! »
(San-Antonio «La vieille qui marchait dans la mer»)

Je savais qu'en dehors des aventures du commissaire, l'écrivain a utilisé le pseudonyme San-Antonio pour une dizaine de romans n'ayant aucun rapport avec le commissaire, Bérurier et et tout le toutim. En les lisant je fais d'une pierre deux coups: je continue non seulement mes lectures (et mes essais, évidemment) mais aussi ma progression dans la liste féconde des oeuvres de Frédéric Dard.

Et c'est ainsi que j'ai fait connaissance avec le livre qui s'intitule «La vieille qui marchait dans la mer».

Lady M. est un vrai crack en arnaque. Presque toute sa vie elle plume et fait chanter avec élégance les riches de tout poil. Pompilius est son complice dans toutes ces escroqueries. Il porte aussi le titre de son ancien amant et de l'ancien diplomate roumain. On dirait Bonny and Clyde, mais Lady M etPompilius sont des vieillards âgés plus de quatre-vingt ans…

L'action commence en Guadeloupe, où nos octogénaires sont en train de triturer le victime suivant. Pour calmer l'arthrose qui la martyrise, Lady M marche dans la mer, couverte de bijoux, appuyée sur une canne, au bras de Lambert, un moniteur paresseux, qui ne sait que faire de sa jeune vie. A la fin de chaque promenade, Lady M lui glisse un billet de 500 Francs dans son slip de bain.

Un beau jour, elle se fait voler l'émeraude par ce jeune plagiste. Au lieu de punir Lambert, elle décide de le prendre sous son aile, de le faire partager leur vie d’aventure et de le former à l'arnaque.

"— Bien que je sois très riche et très âgée, je suis toujours d'une activité débordante, selon l'expression consacrée. Je n'ai personne au monde, sinon ce compagnon presque aussi vieux que moi. Il fut mon amant : il est resté mon complice. Il ne me déplairait pas d'avoir un dauphin à défaut d'enfant. Quelque chose me dit que nos existences, à vous comme à moi, y gagneraient. Je vous ferais découvrir l'aventure, Lambert. Et vous, eh bien vous me réchaufferiez de votre présence. Si vous acceptiez, au début, Pompilius vous fera la gueule, mais il s'habituera et je gage qu'il finira par éprouver de l'amitié pour vous. Non seulement vous êtes un être disponible, mais de plus, vous êtes un homme en peine. A quoi bon filer du mauvais coton dans cette île pour cadres supérieurs en congé ? Les Antilles, quand on n'est pas créole, c'est huit jours de vacances et rien de plus. Moi, j'y suis venue pour une affaire, Lambert. Sitôt qu'elle sera traitée, je repartirai. Voulez-vous faire un essai et venir avec nous ?"

Ainsi naît un trio biscornu: primo, Lady M, une haridelle et une carne, deuxio, Pompilius, «Lord Ducon», «diplomate de mes fesses» et, tertio, Lambert, un «jeune godelureau chapardeur». A travers les pages de «La vieille qui marchait dans la mer», ce couple de truands va écumer l'Europe, résister aux efforts des détectives pas tombés de la dernière pluie, et s'aborder même à la Cosa Nostra...

C'est bien intéressant de comparer l'écriture de Frédéric Dard des années 50 (je suis en train de lire ces san-antonio de cette période-là) avec celle des années 80 («La vieille qui marchait dans la mer» a été écrite en 1988).

Dans «La vieille qui marchait dans la mer» je vois déjà un maître qui se focalise avec finesse sur l'intrigue, le langage coloré et des personnages frappants, crus et émouvants à la fois.

C'est une histoire à double fond, un roman où l'aventure, comme une couche superficielle, jouxte et cache le désespoir, la vieillesse et la démence. La vieillesse sans fard est le thème principal du roman, l'odyssée des escrocs est fait partie du décor, pas plus. C'est pas du tout un roman de suspens, plutôt un roman psychologique et dramatique, un roman des moeurs.

Lady M, héroïne principale du livre, vit dans un passé qu'elle réinvente. Comme Shéhérazade, elle cache mille et une histoires, elle se file des souvenirs mais peu à peu elle retombe en enfance… Drôle d'ironie de vie!
Lady M a quelque chose de Méphistophélès. Peut-être c'est son allure, sa verve physique ou son jeu auprès des gens qu'elle se fait plumer. Elle est comme un caméléon qui change à tout moment. Sa solitude, sa futilité d'âme sont encore des traits soulignant ses racines infernales:

"— Ce n'est pas ta tante, n'est-ce pas? demanda Noémie. le diable n'a pas de famille."

Mais elle est de la nature humaine, car ses soliloques, sa auto-confession sont sa seule source de rétablissement, «son jardin secret, un coin de soi où l'on peut se libérer l'intime et cracher sa vapeur». C'est un système des monologues intérieurs, des confesses sans vergogne, sans retenu, à la brutale auprès du Seigneur. C'est le moyen stylistiquement truculent pour trancher le for intérieur de Lady M et puis de Lamber devenu son élève assidu.

« Ô mon Dieu ! Mon Dieu ! ne permettez jamais que je renonce ! Faites que toujours subsiste cette louche faim d'amour ! Cet émoi qui me préserve de la mort ! Cette attente infernale qui accélère les battements de mon coeur ! Je suis une vieille salope, Seigneur ! Une femelle sans chaleurs qui n'a plus que de tristes approches pour combler son vieux cul défoncé ! Gardez-moi cette pitoyable fringale de chair fraîche, Dieu d'infinie bonté ! »

Des répliques savoureuses et inventives sont encore un point fort, surtout les dialogues jouissifs et grotesques entre Lady M et Pompilius, devenu un hymne à la désinvolture, au sarcasme et à la grossièreté.

Le tempo et le sujet ficelé, le style vif, tranchant et drôle, le language coloré sont les traits qui unient tous les romans signés San-Antonio, polars ou non. Si vous voulez voir un San-Antonio mûr, connaisseur, «La vieille qui marchait dans la mer» est un choix impeccable.

À titre de conclusion, je voudrais dire que j'ai passé un très bon temps avec ce roman, un peu cru, grinçant, parfois dérangeant, sur le désespoir de vieillir quand on a mal vécu.

4.0/5
Lien : https://autodidacteblog.word..
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