170 chapitres pour un roman de 248 pages, pages écrites dans un format très ramassé, très aéré. C'est dire si chacun de ces chapitres est un instantané, une fulgurance du présent, où passé et futur ne sont à peine que des figurants... et faut-il encore qu'ils figurent.
Huit personnages se disputent l'honneur d'être le pivot d'une histoire où un attentat ( sans rien dévoiler... ne cherchez pas les barbus...) dans une gare et la mort d'un enfant de 12 ans, servent de liant entre chacun des huit, lesquels comme tout être humain qui se respecte sont à la recherche d'eux-mêmes.
Cette quête existentielle, que l'auteur situe dans la seconde moitié des années 90 du siècle dernier, va, grâce aux artifices de la narration , faire que chacun des protagonistes, errant de fuseau en fuseau (horaire), de pays en pays, d'amants en maîtresses, de bonne ou mauvaise came en perversions sexuelles variées, se retrouvera pour une apothéose finale... que je vous laisse découvrir.
La plume de
Fredric Gary Comeau file le vertige, non pas parce qu'un de ses personnages est une pilote spécialiste des acrobaties aériennes ou que tous les huit ont une passion commune pour les montgolfières ou pour le septième ciel ou pour Lucy in the Sky with Diamonds... mais parce qu'il n'est pas un chapitre... les exceptions ne feront que confirmer la règle... où votre culture ( littérature, peinture, sculpture, théâtre, cinéma, musique ( pop, jazz, classique etc) ) ne se retrouvera pas confrontée à ses innombrables manques.
À moins et ce n'est pas mon cas, que vous ne soyez des encyclopédies encore en vie.
Lorsque je lis un bouquin ;ce doit être sûrement pareil pour vous, et qu'une référence "culturelle" est mentionnée, si vous êtes un spécialiste... vous continuez votre lecture... si en revanche vous tombez sur une lacune, vous vous empressez d'essayer de la combler.
C'est ce que j'ai fait pour cet auteur canadien ; une fois, deux fois, trois fois, dix fois... puis basta. Unetelle ou untel était une écrivaine ou un écrivain contemporain ou pas me suffisait ; à partir d'un certain seuil de saturation, l'épuisement vous conseille de ne plus consacrer trop de temps à en savoir davantage.
Une peintre ou un peintre ? Soit... mais passer chaque fois 20 minutes à découvrir ses oeuvres... plus assez de temps... ou alors, il faut demander à Babelio Masse Critique de nous accorder deux ou trois fois plus de temps pour une lecture exhaustive de ce genre de littérature... chiche ?
Laissez-moi vous laisser entrevoir par les exemples ce sur quoi je suis "tombé".
Qui connait ? Georgia O'Keefe, Gorecki, Elgar,
Antonio Lobo Antunes, Édouard Lock, Whistler,
Seamus Heaney,
Douglas Coupland,
Shams de Tabriz, Lucio Fontana,
Mark E. Smith, Richard Serra, Jean McEwan,
Benjamin Britten,
Bernard Heidsieck, Wenceslas Spacek, Kieslowski, Robert Ryman, Alberto Caerio,
Jeff Wall, Rober Gober,
Christian Boltanski, Jackie
Winsor,
Damien Hirst,
Giuseppe Penone, Vito Aconci, Michael Snow,
Bill Viola,
Eugène Leroy, Dan Flavin.... ?
Ce n'est pas un quiz et peut-être qu'il y a parmi ces noms d'artistes quelques-uns qui vous sont familiers, mais si vous vous dites que cette liste n'est pas exhaustive, que je n'y ai pas fait figurer tous les groupes pop, rock, les musiciens de jazz... et non plus, bien sûr, des noms qui vous sont connus comme
Borges, Bach, Ferré,
Pessoa et d'autres... vous conviendrez que cette avalanche culturelle a quelque chose de tsunamique dans un livre de 248 pages et 170 petits chapitres.
On peut apprécier ou pas.
La quantité, en l'espèce, ne nuit pas à la qualité... à condition que vous n'apparteniez pas à cette espèce de lecteur maniaque qui veut que rien qui lui est accessible ne lui échappe... ce qui est mon cas.
Que n'ai-je encore pas dit qui mérite quelques mots ? Ah oui... le métissage, dans ces courts chapitres, de cet excellent français sorti de la plume de cet excellent auteur, à de l'espagnol ou de l'anglais (forte présence)... qu'il vous restera à copier-coller, si vous ne parlez pas ces langues, pour en obtenir une traduction googlelisée...
C'est un style, une caractéristique de l'écriture de
Fredric Gary Comeau... dont ce livre est ma première rencontre avec son auteur.
Un auteur, une oeuvre, une originalité littéraire, que je me garderai de considérer trop hâtivement comme trop ou pas assez.
C'est une plume nouvelle qui s'inscrit dans un siècle nouveau qui va "réinventer" l'écriture, tenter de redonner son souffle à la littérature du XXIe siècle, comme les siècles précédents ont eu leurs classiques, leurs romantiques, leurs futuristes...
Attendons ( ceux qui viendront après moi ) pour juger !