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3,95

sur 551 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman est considéré comme le précurseur des romans policiers, et il est vrai que l'énigme va se maintenir sur la quasi-totalité du roman, malgré des éclaircissements temporaires, qui finalement embrouillent encore plus la situation. Mais, aucune inquiétude, toutes les interrogations seront bien répondues, avant la fin de l'ouvrage.

Ce roman a été publié sous forme de feuilleton en 1868, obligeant les lecteurs à attendre patiemment la suite. J'avais choisi de l'écouter, et j'ai ainsi recréé un peu les conditions de découverte de ces premiers lecteurs, puisque cette écoute, limitée à mes sorties pédestres en solitaire, m'a pris plus d'un mois. Quasiment vingt heures d'écoute, qui ne m'ont pas découragée et une atmosphère so british que je retrouvais avec beaucoup de plaisir, malgré le caractère un peu suranné de certaines considérations. Et suranné est parfois un terme faible : ardentes féministes, passez votre chemin. Certaines opinions sur les femmes (celles de l'auteur, je ne sais pas, celles de certains de ses personnages en tout cas), sont heureusement très dépassées, dans nos sociétés occidentales pour le moins. Je veux en tout cas le croire. Jugez plutôt :
« Mais j'ai pour principe que les hommes, créatures supérieures, doivent laisser aux femmes leur chance de se fortifier l'esprit. Aussi quand une femme - ma fille ou une autre peu importe ! - attend quelque chose de moi, j'exige toujours de savoir pourquoi. Plus vous les forcerez à penser et à fouiller leur cerveau afin d'y trouver des explications, plus elles seront faciles à conduire dans l'existence quotidienne. Ce n'est pas leur faute, les pauvres, si elles agissent d'abord et réfléchissent ensuite ; c'est la faute des idiots qui leur passent tous leurs caprices »

La Pierre de Lune est un diamant volé en Inde, pour le plus grand malheur de ceux qui s'en sont emparés. Et le fautif pour se venger de sa soeur va le léguer à sa nièce Rachel pour son anniversaire.
Le diamant disparaitra la nuit qui suivra. Et le roman nous raconte l'enquête, dans les jours qui suivent le vol, puis les différents évènements qui vont finalement résoudre l'énigme un an après.

L'histoire va être relatée par les différents protagonistes du drame, chacun ne devant raconter que les évènements auxquels il a assisté. C'est l'occasion pour l'auteur de nous dresser des portraits savoureux de différents personnages et d'épingler au passage les travers de la bonne société d'alors. Bigoterie, importance du paraitre, hypocrisie dans les relations, notamment entre hommes et femmes, refus d'accorder à celles-ci la moindre importance, tout cela avec une ironie parfois mordante et beaucoup de cet humour british que j'adore.

Je retiendrai dans mes favoris Gabriel Betteredge, majordome de la famille de Rachel, la jeune femme recevant le diamant, qui m'a fait penser par moments dans son désir d'être conforme à ce qu'exige sa situation au majordome de « Les vestiges du jour ». Son récit m'a fait sourire bien des fois, et j'ai aimé sa sagesse, issue en grande partie de Robinson Crusoé. Ce livre est sa bible et il l'ouvre au hasard à chaque fois qu'il a besoin d'un conseil, adaptant à sa propre situation les premières lignes qu'il y lit.
Il y a aussi Miss Clark, parente pauvre, bigote fanatique, semant partout ses livres pieux, dans le but de ramener dans le droit chemin ceux qui s'égarent.
J'ai aimé aussi le personnage d'Isra Jennings, métis, rejeté par la bonne société, en raison de son apparence, de son teint trop foncé. Il sera à l'origine de la résolution de l'énigme. Il a été mis au ban de la société pour une action que l'on ignore et sera poursuivi par la calomnie tout au long de sa vie. Et comme l'auteur du livre, l'opium lui permet de supporter ses souffrances.

Un texte magnifiquement dit par Simon Jeannin. Il a su s'adapter à chacun des intervenants et ses intonations parfaitement en adéquation avec le récit évitent tout ennui. Un tour de force pour une écoute aussi longue.
Merci à NetGalley et aux éditions VOolume
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Ce roman est considéré comme le premier roman policier au monde...
Il est paru sous forme de feuilleton de 32 épisodes, dans le magasine All the year round, dirigé par Charles Dickens , de janvier à Août 1868.
A l'heure des séries TV, que l'on peut dévorer en un week-end, il me plaît d'imaginer, des personnes, subjuguées et tenues en haleine la moitié d'une année, par la plume élégante et facétieuse de Mr Collins...
Pierre de lune, c'est un magnifique diamant jaune, volé à un temple Indien, par un officier anglais , puis lorsque cette histoire débute, offert à une jeune fille pour son dix-huitième anniversaire, par la magie d'un héritage.
Dés la première nuit, le diamant est volé.
La narration à la première personne du singulier , tour à tour donnée , à la personne la plus à même de raconter l'épisode, ajoute un charme fou à l'histoire par la diversité des caractères. Au tout début, on sera dans la tête de Gabriel Betteredge, le plus ancien domestique de la maison, d'une absolue loyauté à la famille qui l'emploie, il ne jure que par le livre Robinson Crusoë, qu'il ouvre à n'importe quelle page, lit n'importe quelle ligne , et qui, chaque fois lui apporte vérité et l'apaisement, telle la Bible ...
La deuxième voix sera celle de Miss Clack, une parente pauvre , vraie grenouille de bénitier...
Et d'autres voix suivront , toutes différentes , toutes chargées d'apporter une pierre à l'édifice de cette enquête impossible.
Le diamant a-t-il été volé par un membre de la famille comme le laisse supposer la réaction de la jeune Rachel, dernière propriétaire de la pierre de lune ? A moins que ce soit la jeune domestique , ancienne voleuse, ou les trois mystérieux indiens rodant près de la propriété ?
Brahmanes, jeune fille amoureuse, diamant, domestiques , demandes en mariage, avocats, opium, cousins, marécages, malédiction : contribuent à faire de ce roman, un objet de curiosité, sorti tout droit d'une époque révolue, l' Angleterre victorienne. Et la lectrice de soupirer à la fin, en se disant qu'elle tient entre ses mains, pas n'importe quel roman policier, non, le premier ! C'est émouvant...
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Je suis tombée au hasard sur ce roman, en me demandant si le personnage Pierre de lune existait dans la littérature. Je pensais à un personnage un peu rêveur, un Pierrot de la lune.

Mais dans cette enquête, Pierre n'est pas un personnage, c'est une pierre de grande valeur aux éclats de lune. Elle porte en elle une malédiction hindoue qui poursuit les malheureux qui voudraient s'en emparer.

Un jour cette pierre est léguée par testament à Miss Rachel Verinder. Son oncle, ancien officier des Indes, avait-il de mauvaises intentions en lui offrant ce bijou si intimement lié à une divinité orientale. D'où lui vient ce diamant ?

Le soir de son 18e anniversaire, dans la nuit, la pierre de lune est volée. C'est le début de l'enquête.

Tour à tour, plusieurs personnages vont nous exposer les faits dans une lettre, afin d'éclaircir ce mystère. Gabriel, le vieux serviteur, fumeur de pipe et lecteur inconditionnel de Robinson Crusoé, est le premier à prendre la plume. Pittoresque et plein de charme, on ne s'ennuie jamais en sa compagnie.
Tout doucement l'histoire se déroule, à travers ces témoignages écrits, amusants parfois. L'inspecteur de police, la servante inconsolable, le fiancé et la bigote, tous ces personnages donnent au roman du dynamisme teinté du flegme et de l'humour anglais, mélangé à du laudanum, au cas où vous attraperiez mal à la tête. Un peu vieillot mais si charmant.

Roman qui mérite sa place de premier récit policier moderne écrit par cet auteur beaucoup moins connu en France que son ami Dickens.
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Fin XVIIIème siècle. Durant la colonisation de l'Inde, le colonel Herncastle vole un gros diamant jaune incrusté dans une statue représentant la lune, qui sera en conséquence nommé « Pierre de Lune ». Quand le colonel meurt, en 1848, il lègue à sa nièce, Rachel Verinder, le diamant, qui doit lui être remis le jour de son anniversaire, et c'est son cousin et prétendant, Franklin Blake, qui vient le lui remettre. La nuit qui succède à la fête d'anniversaire, le diamant disparaît dans d'étranges circonstances, et le sergent Cuff, célèbre détective de Scotland Yard, appelé pour résoudre l'affaire, fera d'abord chou blanc.

C'est au fil de différents narrateurs, aux styles, pensées, idées différentes – Betteredge, le valet des Verinder, Miss Clack, la nièce de Miss Verinder, Matthew Bruff, homme de loi au service de la famille, Franklin Blake, et Ezra Jennings, assistant du Dr Candy, présent le jour de la disparition –, auxquels s'ajoutent des découvertes de documents éclairant les faits, que sera résolu le mystère de la Pierre de Lune. Une construction riche, somme toute intéressante, mais aux digressions ô combien longues, notamment sur les amours de Rachel, si longues que l'épisode de la bataille de Waterloo dans Les Misérables paraît en comparaison d'une brièveté remarquable – enfin c'est ainsi que je l'ai ressenti.

J'adore les romans qui digressent, habituellement, mais, dans un roman policier, j'ai besoin que les digressions fassent vraiment sens pour servir la résolution de l'intrigue – comme dans le cas du Crime d'Orcival , lecture audio récente –, or ce n'est pas le cas ici, pour moi. Heureusement que la lecture proposée par Simon Jeannin dynamise ces digressions qui ne font pas avancer l'enquête par sa lecture fluide, modulée selon les narrateurs, vraiment agréable à écouter.

A cela s'est ajoutée une intrigue, certes cohérente de bout en bout, de narrateur en narrateur, mais que j'ai trouvé poussive et peu crédible le dénouement approchant. Tout s'imbrique trop parfaitement , en quelques chapitres, alors que cela ne va pas forcément de soi, comme si l'on voulait se débarrasser d'un récit qui s'est finalement un peu trop étendu.

Une narration bien menée, pour une fin malheureusement pas autant à la hauteur des ambitions de cette même narration, qui plus est plombée par des digressions qui ralentissent sérieusement le rythme, et l'intérêt. Je remercie les éditions VOolume et NetGalley de m'avoir permis la lecture de ce roman en version audio. Je ne sais pas si je serais allée au bout sans la lecture vivante proposée par son narrateur.
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La Pierre de lune, the Moonstone, a été publié en 1868 sous forme de feuilleton. Il s'agit d'un des premiers romans policiers anglais, l'histoire de la disparition d'un diamant.
Littérature anglaise, 19ème siècle, une petite enquête policière, une belle jeune fille, quelques soupirants, tous les ingrédients sont réunis pour se régaler.
Effectivement, la lecture est très plaisante, d'autant plus que l'enquête avance sous la plume de plusieurs narrateurs.
Quel délice de suivre le vieux domestique Betteredge qui trouve l'inspiration dans Robinson Crusoé...
" - Que voulez-vous donc Betteredge?
Ce que je voulais? Je ne le lui dis pas; mais , à vous, je vais l'avouer : j'aurais tant aimé allumer ma pipe et lire un passage de Robinson Crusoé!"
Il a le privilège de nous entraîner dans cette histoire, et nous accompagne dans les dernières pages, ce qui m'a beaucoup amusée. J'aime quand le narrateur prend le lecteur à partie; les rebondissements, les fausses pistes, les suspects mettent un peu plus de piment â la lecture.
Le changement de narrateur est une bonne initiative, même si l'on reste dans un huis clos. Il permet d'avoir des points de vue bien différents et critiques de cette belle société anglaise.
Je reconnais quand même avoir détesté le passage raconté par la pieuse et insupportable Miss Clack. Je regrette également des erreurs de l'éditeur, des mots manquants pendant quelques paragraphes à deux ou trois reprises ( j'exige le sans faute sur ce point).

Pour finir, un très bon roman à déguster avec une tasse de thé.
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Ce premier roman policier datant de 1868 est constitués des témoignages de divers protagonistes liés à la disparition de la pierre de Lune, diamant de grande valeur dérobé en 1799 aux Indes et laissé en héritage à la belle Rachel le jour de son anniversaire. Pierre maudite et cadeau empoisonné ? La pierre, convoitée par des hindous vouant la voir ré-intégrer son temple d'origine et par tous ceux que sa valeur marchande attire, disparait le soir même semant la zizanie entre les invités à l'anniversaire. L'intendant anglais nous raconte la première partie de l'histoire avec des intonations du Jeeves de Wodehouse. Une deuxième partie heureusement plus courte, racontée par une cousine, Miss Clack, bigote cherchant à convertir tout le monde, est plus pénible. Mais la conclusion approche avec la solution de cette énigme digne de Sherlock Holmes. Un roman sans doute un peu long dont l'intérêt est tout autant la façon dont l'histoire est racontée que l'intrigue elle-même.
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En Inde, il existe un diamant jaune d'une grande valeur. À la fois sacrée et maudite, cette Pierre de Lune est gardée par des prêtres de Vishnou depuis des siècles. En 1799, John Herncastle dérobe le joyau et le rapporte en Angleterre. Cinquante ans plus tard, il l'offre à sa nièce, Rachel Verinder, pour son anniversaire. Mais à peine offert, le trésor disparaît mystérieusement. S'ensuit une longue enquête pleine de rebondissements, d'aveux et de scandales. Qui a volé le diamant ? Rosanna, la servante aux nerfs fragiles ? Franklin Blake, le cousin aventurier de Rachel ? Godfroy Ablewhite, âme un peu trop charitable ? Les trois Indiens qui rôdent à proximité de la propriété ? La recherche du diamant et l'enquête menée par le sergent Cuff, homme lucide et un rien cynique, font émerger certains secrets et inimitiés au sein de la famille. « Milady a fort habilement étouffé l'affaire pour le moment. [...] Mais un scandale de famille comme celui-ci est de ceux qui éclatent de nouveau, alors qu'on s'y attend le moins. » (p. 217)

Wilkie Collins sait monter les énigmes, ici en donnant la parole à différents narrateurs et en différant les révélations. le roman a été publié en feuilleton, donc divisé en chapitres dont chacun s'achève sur un effet d'annonce. Toute l'attention du lecteur est captive de cette narration qui, si elle digresse, ne s'égare jamais. le narrateur principal, Gabriel Betteredge, intendant de Lady Verinder, est un homme convaincu de sa supériorité sur ses semblables, notamment les femmes et les autres domestiques de la maison. Ne jurant que par Robinson Crusoe dont il tire des préceptes guidant son existence, il est à la fois agaçant et hilarant. « Une goutte de thé est pour la langue d'une femme ce qu'est une goutte d'huile pour une lampe qui s'éteint. » (p. 145) Par sa voix, Wilkie Collins dénonce les vices de la société victorienne : sexualité trouble, hypocrisie, mépris des étrangers, etc. le seul bémol de cette lecture est sa longueur, mais c'est le propre des romans feuilletons de s'étirer parfois au-delà du raisonnable. Pierre de Lune est un roman policier avant l'heure, agréable dans sa forme et par son histoire.
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On est dans le même registre que celui de la Dame en Blanc, oeuvre par laquelle j'ai découvert cet auteur.
On plonge dans la très bonne société anglaise du XIXème Siècle, où les règles de bienséance sont de mise.
Un mystérieux diamant Indou (LA Pierre de Lune), acquis de façon douteuse, est offert par le vieux et méchant Colonel Herncastle, à sa jeune nièce Rachel Verinder.
Les événements qui vont précéder et succéder le vol de la Pierre de Lune va être raconté ici, au fil des 500 pages, par différents personnages ayant assisté de près ou de loin au terrible événement.

Je comprends que pour certain, ce livre est long à lire, avec ces jours à la sauce anglaise qui ne finissent jamais, où on se demande comment les personnages arrivent à faire autant de chose, et puis des descriptions à rallonge, des digressions fatigantes, des coïncidences qui sont presque burlesques.
Mais pour d'autres, dont je fais partie, c'est un très bon policier anglais, où l'imagination de l'auteur n'a pas de limites et surtout une histoire où tout se tient !

Des coïncidences, mélangées à des malentendus avec une bonne dose de manigances et on obtient La Pierre de Lune !!!
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La Pierre de Lune est un roman en forme de récits après coup rédigés par les différents protagonistes, tournant autour du vol en Inde, par un officier anglais, d'un diamant fantastique considéré sacré, la fameuse Pierre de lune, et des convoitises, vols, complots qu'elle engendrera dans la famille du voleur, comme si elle était étrangement maudite.
C'est un roman choral et il est évident que la plume de l'auteur sait donner à chacun d'eux son style, ses tics, ses opinions, avec cela beaucoup de talent, tout comme il est évident que pour cela le lecteur appréciera plus ou moins chacune des parties.
Je suis prête à l'avouer que la partie du récit confié au personnage de Betteredge, chef des domestiques de la maison où se déroule une partie de l'intrigue, a eu du mal à me passionner: il se répète beaucoup, trop longuement à mon goût, et j'ai eu un peu de mal sur cette partie du roman, le temps de réellement entrer dedans.
D'autres, par contre... Miss Clack, par exemple, qui ne semble pas avoir la faveur des autres lecteurs sur Babelio m'a beaucoup intéressée: par son témoignage, c'est sur elle qu'on apprend beaucoup, malgré elle, et le talent de l'auteur est tout dans cette peinture du fanatisme religieux masqué comme de la charité chrétienne, du sans-gêne masqué comme de l'intérêt pour ses victimes, qu'elle finit par nous laisser voir.
C'est étonnant comme avec autant de narrateur, Wilkie Collins arrive à une oeuvre qui a un excellent déroulement, une unité parfaite.
Cela ne se hisse pas à la hauteur d'Armadale, son chef d'oeuvre selon moi que je recommande à tout le monde, mais c'est un roman digne de la grande plume de son auteur !
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J'ai un historique particulier avec ce classique un peu délaissé de la littérature policière britannique. J'avais acheté Pierre de Lune au lycée, poussée par la curiosité. J'avais dû en lire la moitié avant de le reposer et de ne plus jamais le reprendre. Je l'ai ressorti pour le book club de Charlotte Parlotte, je ne participe pas souvent mais j'aime regarder ses sélections pour noter des classiques littéraires qui m'intéressent.

Wilkie Collins choisit un mode narratif classique de son époque mais efficace ! L'ensemble de l'histoire est rapportée dans des journaux par les témoins et personnes impliquées du drame. Nous, lecteurs, devons donc replacer le puzzle à partir de paroles rapportées par des personnalités variées. le dispositif permet de donner une certaine crédibilité aux événements, mais c'est aussi un remarquable exercice de style pour l'auteur, qui montre l'étendu de sa plume précise et astucieuse.

En effet, chaque personnage a sa voix, et Collins trouve le moyen de leur donner un style et des façons d'écrire propres qui les rend très faciles à différencier les uns des autres. L'auteur semble beaucoup s'amuser à construire des personnalités truculentes, du chef du personnel vieille école mais attachant et obsédé par Robinson Crusoé en passant par la bigote avide et pleine de jugement, l'auteur construit un portrait au vitriol de la société de son époque et certains travers de ses contemporains.

Wilkie Collins propose un livre aux intrications complexes autour du vol de la fameuse Pierre de Lune. L'enquête est affectée par les passions, les secrets et les ambitions de chacun des personnages impliqués. Sans compter que la Pierre est un objet sacré pour les hindous, dont trois brahmanes sont venus la récupérer jusqu'en Angleterre. Il est ainsi étonnant de voir comment ce livre est fondations en matière de romans à mystères : l'histoire se passe dans la haute société, l'inspecteur est un excentrique associable… Il y a des amours impossibles, des gens qui ont dettes, des drames… Tout ce qui fera le sel des romans policiers à l'anglaise chez Arthur Conan Doyle et Agatha Christie. Autre caractéristique commune : le mystère est haletant, et on n'a qu'une hâte, avoir le mot final !

Si certains personnages ont des opinions assez vieille école, ce n'est que pour mieux se moquer des moeurs traditionnelles hypocrites de l'Angleterre du XIXe siècle. Car j'ai trouvé que la modernité, relative bien sûr, du récit de Wilkie Collins, est très perceptible. Ses personnages féminins sont bien creusés, notamment la mère de Rachel, présentée comme une femme intelligente et qui semble mener une vie en toute indépendance. Rachel est une jeune femme déterminée et passionnée, malgré un caractère fougueux, et d'une grande droiture morale. Les personnalités les plus religieuses en apparence ne sont pas les plus vertueuses. de manière intéressante, Collins a également mis en scène un personnage principal métis, victime des préjugés de son temps, mais médecin talentueux et empathique, qui aime aider son prochain et d'une intelligence fine.

Le défaut principal du roman est caractéristique de sa forme, dans un premier temps, mais aussi de son époque. Les personnages qui prennent la parole ont une tendance à la digression (en particulier Betteredge). On peut interpréter ceci comme un moyen de perdre le lecteur parmi les futilités pour mieux glisser une information importante au milieu. Une information, un indice pour avoir le fin mot du vol du diamant.

Il y a donc des descriptions un peu longuettes par moments. Collins construit ses personnages dans le détail, ce qui les rendent crédibles, mais ils donnent également du détail sur leurs actions. Par exemple, Miss Clack n'hésite pas à faire l'inventaire de tous les endroits où elle planque des feuillet religieux dans la maison des Verinder. C'est cocasse, certes, mais répété deux fois pendant sa partie.

Récit fondateur du roman policier, Pierre de Lune en pose les bases avec une virtuosité admirable. Mais le livre parvient à être original à travers les portraits, souvent truculents, de ses personnages. Wilkie Collins n'hésite pas à être incisif envers ses contemporains en pointant les défauts d'une société engoncée dans ses préjugés, obsédée par l'argent et les apparences. En ce sens, le récit fait preuve d'une modernité rafraîchissante avec des personnages variés, qui prennent vie à travers un style soigné qui leur donne à chacun une voix propre et une personnalité aisément discernable. On pardonnera vite les longueurs qui parcourent récit, face à cette oeuvre bigarrée dont le mystère intriqué est rondement mené.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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