Georges est très attaché à son grand-père, Adolphe Bourdon, qui ressemble étonnamment à Hitler : « même forme de visage, même coupe de moustache, sauf qu'elle est grise, même regard ferme (…) c'est vraiment le frère jumeau d'Hitller, la mèche en moins, le bon jumeau ». Car il ne s'agit que d'une apparence physique. « Padolphe », lui, est une crème d'homme. Georges devient adolescent, il découvre le monde enchanté du travail (hum), l'âge mûr, la vieillesse.
En-dessous du titre figure la mention « roman ». Mais, selon moi, ce n'en est pas un. Divisé en quatre parties dont le titre est le prénom « Georges », suivi d'une saison et d'une année, il nous propose quatre étapes dans l'existence du protagoniste, reliées par un fil rouge : la mort.
Quatre parties, quatre saisons, mais... pas de printemps, comme si l'espoir d'un renouveau, d'un retour à la vie nous était refusé.
L'auteur accumule les passages prétendument humoristiques d'un goût assez douteux. Son narrateur se livre sans cesse à des blagues, à des jeux de mots plus que foireux. Un exemple ? « Un zèbre dit à un gnou : comment savane ? - Boeuf. » Il affuble ses amis de surnoms ridicules : « Oxymore », « Hyperbath » ou « Docteur Zèbre ». Ça m'énerve.
Georges aime la littérature. Enfant, il cache des lectures dans ses cahiers pour faire croire à sa mère qu'il étudie (je le faisais aussi). Il en lit à voix haute des extraits pour son grand-père (j'en ai lu, des livres à ma bonne-maman!). Il voue une grande admiration à
Stendhal et parle de tous les auteurs qu'il découvre, qu'il les apprécie ou non.
Moi, qui ne vis que pour la littérature, je devrais être comblée. Et pourtant, non. Au fil des pages, mon intérêt fondait comme un savon trop utilisé. J'ai presque dû me forcer à aller jusqu'à la fin.
La première partie me plaisait, pourtant. Elle met en présence l'enfant et le grand-père moribond et remonte dans les souvenirs vécus ensemble par Georges et Padolphe, avec quelques aventures cocasses. Dès la deuxième partie, hélas, l'ennui suinte des lignes décrivant Georges confronté à un travail inintéressant, consistant à sortir des fiches d'un classeur et à les recopier. Au secours ! Je suis contaminée. Je commence à bâiller.
Quant aux deux dernières parties, elles nous mettent face au cancer. Aucun de ses ravages ne nous est épargné. J'ai eu beaucoup de mal à le supporter. L'humour noir n'allège en rien le poids du tragique, bien au contraire : « C'est un psy qu'il te faudrait, pas un ongulé. - Un oncologue. Il ricana pour souligner l'ineptie de mon humour. »
La description du malade en phase terminale est, pour moi, intolérable : « un ronflement clapoteux, un éboulement liquide de cailloux ronds et sonores ». C'est très bien écrit. Très évocateur. Trop pour moi.
Non, je n'ai pas aimé.