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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La première fois que je vis Terry Lennox, il était fin soûl dans une Rolls-Poyce ». Lennox est un alcoolique qui ne passe pas inaperçu : la mise élégante, le visage jeune mais marqué sur sa droite par des cicatrices, les cheveux prématurément blanchis, il traine sa gueule de bois et son air de chien égaré dans les rues de Los Angeles. Marlowe lui vient spontanément en aide et les deux hommes sympathisent. Un matin, Lennox débarque paniqué chez Marlowe et lui demande de l'aider à prendre la fuite au Mexique. C'est le début pour notre détective d'une longue enquête en deux temps qui le mènera dans les geôles de la brigade criminelle puis dans la propriété d'un écrivain à succès alcoolique.

C'est le sixième roman consacré à Philip Marlowe et le personnage est conforme aux traits de caractère définis dans les épisodes précédents. Il est guidé par un sens moral en béton. Il va se battre pendant cinq cents pages avec opiniâtreté pour sauver l'honneur de son ami, ce qui le conduira à résister aux pressions des policiers et du procureur, aux menaces des gangsters, à la séduction intéressée de femmes fatales et à la corruption de l'argent. Voilà Marlowe le vertueux à nouveau plongé dans les entrailles de la cité des anges.

Certains passages sont percutants. Chandler évoque sans détour la pollution de Los Angeles, la société de consommation, les conditions de détention, la spéculation immobilière et à ses yeux, le monde des affaires n'est que la face policée du gangstérisme. Un homme d'affaire tient dans sa main la presse, la police et la justice ; il peut éteindre une enquête criminelle qui toucherait ses intérêts. Des propos publiés dans une Amérique qui vient à peine de sortir du Maccarthysme.
Il est beaucoup question de l'alcoolisme et des centres de cure parfois dirigés par des escrocs. J'ai cru reconnaitre dans le personnage de Wade certains traits biographiques de l'auteur. Wade est un écrivain à succès brûlé par un mal qu'il n'identifie pas mais qui cherche à se détruire par la boisson. Il parle du travail de création et du monde de l'édition. Et puis il y a ce titre, ce « long goodbye », si chargé de sens à un moment où l'épouse de Chandler est gravement malade.

Les premières éditions ont réduit « The long goodbye » à sa simple intrigue policière, le texte étant amputé de ses passages trop descriptifs et chargé de termes d'argot. le roman est enfin disponible dans une version intégrale traduite correctement. Je n'ai ni la formation, ni le recul pour pouvoir évaluer la qualité d'une oeuvre littéraire, mais ce roman a répondu à toutes mes exigences : un roman noir parfaitement écrit, intelligemment construit, passionnant (500 pages et on ne s'ennuie jamais), disposant d'un fond politique et d'un sens moral. Une très belle découverte.
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Ce livre était à l'origine intitulé « The Long Good Bye », et rebaptisé « Sur un air de Navaja », pour des raisons que je cherche encore. Il ramassait la poussière de mes étagères depuis des années. J'avais acheté en bouquinerie l'édition originale avec la couverture noire de chez Gallimard noir. A l'intérieur, il y avait cachée à l'intérieur une coupure de presse du vendredi 25 Décembre 1992 du Monde appartenant au premier propriétaire. C'est comme ça que je sais que Chandler avait des difficultés à terminer ce roman, écrit sur le tard. (D'ailleurs, un de ses personnages écrivain est dans le même cas) Lorsqu'il avait été publié la première fois en 54 par Gallimard, ce roman avait été tronqué de 100 pages, mais en 92, la maison décida de le sortir en édition intégrale. C'est dans les détails de l'écriture de l'auteur que l'on peut apprécier toute l'étendue de son talent génial qui se trouve dans les digressions, dans les étourderies et les opinions personnelles, autant de choses précieuses qui nous ravissent ici et là.

En effet, Philippe Marlowe, privé sentimental, poseur nonchalant et voyou, observe en silence, et sait qu'une chose peut en cacher une autre. Il se méfie de tout et de tout le monde. Sauf peut-être de certaines personnes qu'il sait inoffensives. C'est d'ailleurs comme ça qu'un soir, il se prend d'affection pour un certain Terry Lennox, saoul fauché, plein de cicatrices sur son visage, mais en même temps très distingué et très poli. Immédiatement, il se promet de l'aider, et ne sait même pas lui-même pourquoi il veut le tirer d'affaire. Par instinct, il sait d'ailleurs qu'il aura des ennuis.

Mais Marlowe a beau avoir de l'instinct, il ne sait pas faire des miracles, et se fait souvent devancer par les événements. C'est ainsi qu'il est embarqué dans une affaire sordide où se succéderont des tas de personnages qui ne sont pas là pour se dire des gentillesses.

C'est très bien écrit, les dialogues sont fignolés, prétextes à de bons mots. le côté mauvais garçon est très présent et l'humour croustillant est absolument magnifique. L'intrigue est emberlificotée, et cela ralentit un peu la lecture. Un très bon roman qui nous fait prendre du temps et du bon temps.
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« Je descendis au drugstore du coin et y pris un sandwich au poulet et un café. le café était éventé et le sandwich aussi savoureux qu'un pan de chemise entre deux tranches de plâtre. Les Américains mangent n'importe quoi pourvu que ce soit grillé, maintenu par deux ou trois cure-dents avec un bout de laitue fripée qui dépasse des bords. »
C'est à ce genre de phrases, figurant désormais dans la traduction augmentée de The long Goodbye, censurées dans la version publié en 1954, intitulée « sur un air de navaja », que l'on reconnait le style Chandler, celui qui a fait école pour servir de modèle aux nombreux détectives qui viendront après Philippe Marlowe.
Le personnage du détective à la fois acteur et observateur, sans illusion sur le sens de son action, mais déterminé à la mener contre l'avis des autorités officielles ou souterraines est né grâce à Raymond Chandler.
Il n'est pas un simple détective, mais un philosophe en rupture de ban, sans illusion sur ses contemporains, et naturellement railleur :
« Il sortait tout droit d'un de ces ranchs bidon qui mettent toute la gomme sur le cheval au point que même la standardiste porte des bottes d'équitation pour répondre au téléphone. »
« Mais dans sa délicieuse cuisine immaculée, la ménagère américaine est incapable de de préparer un repas mangeable et la merveilleuse salle de bains est essentiellement un dépôt de déodorants, laxatifs, somnifères et produits divers relevant tous du racket de l'industrie cosmétique. Nous faisons les plus beaux emballages du monde, Mr. Marlowe, mais tout leur contenu est à jeter. »
On comprend l'effroi de l'éditeur de l'époque (1954) quant à la capacité du grand public français à recevoir ce type de raisonnement.
Volontiers buveur, et fumeur, iconoclaste, peu attiré par l'argent, s'affranchissant des règles du politiquement correct, n'en faisant qu'à sa tête, bravant le danger, souvent à son détriment, ainsi est Marlowe, pour l'éternité. Pas un super héros, mais un héros ordinaire cherchant à gagner simplement sa vie, sans s'emmerder mais en emmerdant les autorités un maximum.
C'est un réel plaisir de lire ces 500 pages pleines de rebondissement - je ne vous dirai rien sur l'histoire elle-même (Un chassé-croisé entre des personnes qui se sont connues autrefois et se retrouvent pour le pire) - au vocabulaire riche et imagé, à la philosophie souvent visionnaire, pessimiste, sans exagération, sur le devenir du monde.
Comme la citation de Hamlet figurant à la page 452, la devise de Marlowe pourrait bien être « Et que s'abatte la grande hache là où est le crime. »
Chandler forever.
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Lire Chandler c'est comme déguster le plat le plus exquis. le texte est ciselé, pas un mot de trop. Marlowe, le détective privé et ses sentences qui posent un point final sur la vie.

Car au-delà de l'histoire, finalement quelle importance, c'est ce que nous dit Chandler qui est essentiel. le scénario est juste un prétexte pour parler de la vie, des femmes, de l'amitié et de l'amour.

Philip Marlowe, héro intemporel, personnage devenu mythe est le porte-parole de Chandler. Et on redemande.
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"Sur un air de navaja" est le sixième (et avant dernier) roman de Raymond Chandler.
Au fil d'une intrigue qui se complexifie peu à peu, on y retrouve tout l'univers de l'auteur : gigolos gominés, flics fatigués, milliardaires arrogants,truands à la coule, créatures à la beauté fatale... et Marlowe !
Un chevalier des temps modernes, ce Philip Marlowe : séduisant (pour celles qui aiment les grands costauds au visage buriné), vaguement porté sur la bouteille, n'aimant ni l'argent facile ni les richards, portant un regard désabusé, amusé, sur tout et tout le monde (y compris lui-même), doté d'un sens de la répartie cinglant en toutes circonstances (en particulier lorsqu'il vient d'être passé à tabac), scrupuleusement honnête - avec lui-même comme avec les autres...
Rien que pour Marlowe, "Sur un air de navaja" vaudrait le coup. S'y ajoutent le style, tout à la fois extraordinairement ciselé et efficace, l'humour, férocement distancié, ainsi qu'une très sensible et profonde réflexion sur l'amitié.
Un conseil : lisez les Chandler selon l'ordre de parution - ce sont tous des chefs d'oeuvre (sauf "Charades pour écroulés", le petit dernier, écrit lorsque l'auteur était déjà très malade).
Et puis, c'est tellement agréable de voir Marlowe évoluer, changer imperceptiblement de livre en livre...
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La Série noire, créée en 1945 par Marcel Duhamel et baptisée par Jacques Prévert, avec sa couverture classieuse en noir et jaune est une vénérable dame qui a fait découvrir en France les grands noms des écrivains américains, dont Chandler, Hammett chefs de file d'une génération aux héritiers remarquables.
Raymond Chandler est révélation, coup de poing et coup de coeur, référence.
L'histoire est noire, et le titre en anglais The Long Good-Bye en dit tout, le style sec, raide, rapide respirant un humour cynique, désenchanté est peaufiné jusqu'au moindre détail. La tension et le nerf créent la toile de fond, sans fioritures, sans décoration. Chandler était un styliste, un perfectionniste. Pure malt !
Le privé Philip Marlowe devant Terry Lennox, le hard-boiled et l'alcoolique plein de tunes, le fort et le faible. le renversement est brutal quand le dur à cuire se fait avoir sans appel, touché à son point faible : il a cru un moment en l'amitié.
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« Sur un air de Navaja », ou « The long Good-Bye » fut écrit en 1954, année du décès de l'épouse de Raymond Chandler. Retombé dans l'alcoolisme, il ne lui survit que cinq ans avant d'être terrassé par une pneumonie.

Nous avons tous au fond de la tête le personnage de Philip Marlowe, héros de ses romans, incarné à l'écran par Humphrey Bogart : une pipe ou une cigarette, un verre de Whisky à la main, un regard froid, des coups reçus et rendus, de belles femmes, des réparties cinglantes …Ici, le rôle la belle Eileen Wade pourrait être tenu par Scarlett Johansson.

long good-byeComme à l'accoutumée, l'histoire est compliquée. Elle tourne autour d'un personnage attachant aux identités multiples : Terry Lennox, un « chien égaré ». Un homme qui ne passe pas inaperçu avec ses cheveux prématurément blanchis et ses multiples cicatrices de guerre sur le visage. Il boit mais cela n'altère pas son charme désuet, décalé, honnête, élégant, tout comme Philip Marlowe. Il a épousé la fille d'un magnat de la Presse inflexible et aux multiples influences, jusque dans la police et la pègre. Cette rousse étincelante est retrouvée assassinée, une balle dans la tête et le visage en bouillie, et Lennox est en fuite car il sait qu'il sera immanquablement soupçonné. Il demande à Marlowe de l'aider à passer au Mexique. Et de fait, Marlowe s'attachera à prouver que Lennox, malgré ses aveux et son suicide, n'est pas l'assassin de sa femme.

Les relations entre les deux hommes, qui se ressemblent beaucoup, sont devenues amicales autour de verres de gimlet sirotés au bar de Victor (moitié gin, moitié jus de citron vert). Philip Marlowe va se mouiller pour Lennox, mais le père de la morte, Harlan Potter (tiens, tiens, ce prénom, ce patronyme…sont-ils tout à fait anodins… ?) va tirer Marlowe de là. Un peu plus tard, celui-ci va être engagé par la soeur de la morte pour protéger de lui-même son mari, écrivain à succès alcoolique et violent qui méprise son propre travail. Et cet homme aussi, est retrouvé mort dans son bureau. Suicide ? Trop facile !

Philip Marlowe va déjouer cette intrigue à multiples tiroirs…et aux personnages secondaires – gangsters mexicains, flics irlandais et domestiques gominés – bien campés.

Un roman largement autobiographique puisque Chandler mourra en laissant inachevé son dernier livre … Tout est dans le style : intemporel, étincelant, inimitable.
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Cette édition nous donne enfin la possibilité de livre un vrai Chandler !!
Il s'agit de l'édition non-expurgée de "Sur un Air de navaja".
Tous les autres Chandler ont été massacré, tronqué par des éditeurs sans scrupule qui pensent que les amateurs de polars ont des QI de moules.
Replongez-vous dans cette merveille absolue, découvrez "l'écrivain Chandler", et rêvez au jour lointain où Gallimard fera enfin correctement son travail d'éditeur et respectera les lecteurs...
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Enfin, on dispose, avec la nouvelle traduction de 2013 révisée par Cyril Laumonier, de la version française définitive de ce roman.
Et on se rend compte que pendant des années, il y avait 2 versions, quasi-étrangères l'une à l'autre.

Celle de Chandler, véritable matrice du roman noir, avec son privé dur-à-cuire, ses pauvres petites filles riches, ses politiciens corrompus...Un pur chef-d'oeuvre du polar.
Et, pendant des années, la version française "Arletty-style", incroyablement dénaturée par l'argot, la légèreté de la traduction et la taille à la serpe de passages entiers, créant par là-même, un genre à part, qui peut d'ailleurs avoir ses adeptes.

On sait que Marcel Duhamel, le patron de "La Série Noire", tout à son obsession du format obligatoire de 250 pages, demandait la suppression de tout ce qui était psychologique. Et sur "The Long Goodbye", c'est 15 % (on parle parfois d'un tiers) du texte qui était passé à la trappe. Il faut dire que dès le titre français "Sur un air de navaja" ! (alors que le couteau n'est que très peu évoqué et ne représente en rien l'histoire), l'affaire était mal embarquée.
Aujourd'hui, on peut enfin goûter à ce livre de près de 500 pages, où aucune n'est en trop. L'intrigue bien conduite paraîtra peut-être trop "facile" au lecteur moderne habitué à dénouer les pièges et anticiper les surprises, mais ça reste quand même du grand art.
A lire pour bien mesurer la portée de son héritage.
A lire également pour prendre conscience de la démarche paradoxale de la Série Noire qui a fait connaître les géants américains du genre policier, en les adaptant de manière impensable.

Quel dommage que pour des raisons incompréhensibles, " La Dame du Lac ˮ et " le Grand Sommeil ˮ n'aient pas bénéficié de la même réhabilitation. D'une part, la traduction des Vian (M et Mme) ne justifiait pourtant pas un tel égard et d'autre part, personne ne demande non plus que les versions " viannisées ˮ soient détruites à tout jamais.

A noter, la phrase page 337 : " Si vous avez besoin de moi, sifflez !" ˮ Ça vous rappelle quelque chose ?
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"Sur un air de navaja"
(Anglais: The Long Good bye)
(Italien: Il Lungo Addio)
est le sixième (et avant dernier) roman de Raymond Chandler.
Au fil d'une intrigue qui se complexifie peu à peu, on y retrouve tout l'univers de l'auteur : gigolos gominés, flics fatigués, milliardaires arrogants,truands à la coule, créatures à la beauté fatale... et Marlowe !
Un chevalier des temps modernes, ce Philip Marlowe : séduisant (pour celles qui aiment les grands costauds au visage buriné), vaguement porté sur la bouteille, n'aimant ni l'argent facile ni les richards, portant un regard désabusé, amusé, sur tout et tout le monde (y compris lui-même), doté d'un sens de la répartie cinglant en toutes circonstances (en particulier lorsqu'il vient d'être passé à tabac), scrupuleusement honnête - avec lui-même comme avec les autres...

Rien que pour Marlowe, "Sur un air de navaja" vaudrait le coup. S'y ajoutent le style, tout à la fois extraordinairement ciselé et efficace, l'humour, férocement distancié, ainsi qu'une très sensible et profonde réflexion sur l'amitié.

Un conseil : lisez les Chandler selon l'ordre de parution - ce sont tous des chefs d'oeuvre (sauf "Charades pour écroulés", le petit dernier, écrit lorsque l'auteur était déjà très malade).

Et puis, c'est tellement agréable de voir Marlowe évoluer, changer imperceptiblement de livre en livre...
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