Philip Marlow, notre détective préféré, se voit confier par Derace Kingsley, un riche entrepreneur, la mission de retrouver son épouse volage. L'enquête de Marlowe le conduit vers le gardien du chalet des Kingsley, dont l'épouse a également disparu. Très vite, un cadavre apparaît, flottant dans le lac.
THE LADY IN THE LAKE a été traduit sous le titre LA DAME DU LAC, par Michèle et
Boris Vian en 1948.
En 2023, est sorti LA DAME DANS LE LAC (traduction littérale, légitime) sous la plume de Nicolas Richard.
En dépit d'une volonté sans faille adossée à une brève docilité qui me vit taper le code ISBN de la 4ème de couverture, je n'arrive pas, sur Babelio, à dissocier les deux traductions.
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A titre de comparaison, voici quelques passages des deux traductions, un régal, sur la forme, comme sur le fond. A lire et relire.
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(traduction de Nicolas Richard)
"Je lui souris. La petite blonde au standard dressait une oreille semblable à un coquillage et se fendit d'un mignon petit sourire. Elle semblait joyeuse et enthousiaste, mais pas très sûre d'elle, comme un nouveau chaton dans une maison où on ne fait pas grand cas des chatons".
(traduction de Michèle et
Boris Vian)
"Je lui dédiais mon rictus le plus vache. La petite blonde dressa une oreille pareille à un petit coquillage rose et sourit, d'un sourire doux comme un duvet. Elle paraissait enjouée et empressée, mais pas très sûre d'elle. Tout à fait le chaton débarquant dans une maison où l'on se fout éperdument des petits minous".
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(traduction de Nicolas Richard)
"Une demi-heure et trois ou quatre cigarettes plus tard, une porte s'ouvrit derrière le bureau de Mlle Fromsett, et deux hommes en sortirent à reculons, en riant. Un troisième homme leur tenait la porte et les aidait à rire".
(traduction de Michèle et
Boris Vian)
"Au bout d'une demi-heure et de trois ou quatre cigarettes, une porte s'ouvrit derrière Miss Fromsett.
Deux hommes sortirent en riant. Un troisième leur tenait la porte et les aidait à rire".
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(traduction de Nicolas Richard)
"Cette histoire a plus de facettes que je n'en vois pour l'instant".
(traduction de Michèle et
Boris Vian)
"Il doit y avoir beaucoup plus de façons d'envisager l'affaire que je ne peux en concevoir maintenant".
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(traduction de Nicolas Richard)
"Vos manières ne me plaisent pas, dit Kingsley d'une voix sur laquelle on aurait pu casser une noix du Brésil.
- Pas grave, dis-je. Je ne les vends pas".
(traduction de Michèle et
Boris Vian)
"Je n'aime pas vos façons, me répondit Kingsley d'une voix à casser des noix de coco dessus.
- C'est parfait, je ne les vends pas, vous savez ! "
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Je laisserai les mots de la fin à Chandler. Des mots qu'il aime puisqu'il les a déjà employés dans BAY CITY BLUES (l'une des nouvelles dont s'inspire THE LADY IN THE LAKE), dont le chapitre 5 commence ainsi :
« J'empestais le gin. Non pas tout bonnement comme si j'avais sifflé quelques verres, mais comme si le Pacifique était rempli de gin pur et que j'y avais nagé tout habillé. J'avais du gin plein les cheveux, les sourcils, la figure, et plein ma chemise sous le menton »
The lady in the lake (traduction de Nicolas Richard)
« J'empestais le gin. Non pas légèrement, comme si j'avais bu quatre ou cinq verres, un matin d'hiver, pour arriver à sortir du lit, mais comme si l'océan Pacifique était du gin pur et que j'avais piqué une tête depuis le pont d'un bateau. J'avais du gin dans les cheveux et les sourcils, sur le menton et sous le menton. Il y en avait sous ma chemise. Je fleurais le crapaud mort. »
« The lady in the lake (traduction de Michèle et
Boris Vian)
J'empestais le gin. Non pas légèrement, comme si j'avais bu quatre ou cinq verres, un matin d'hiver, pour arriver à sortir du lit, mais comme si l'océan Pacifique était du gin pur et que j'avais piqué une tête depuis le pont d'un bateau. J'avais du gin dans les cheveux et les sourcils, sur le menton et sous le menton. Il y en avait sous ma chemise. Je fleurais le crapaud mort. »
Raymond Chandler (HIMSELF)
« I smelled of gin. Not just casually, as if I had taken four or five drinks of a winter morning to get out of bed on, but as if the Pacific Ocean was pure gin and I had nosedived off the boat deck. The gin was in my hair and eyebrows, on my chin and under my chin. It was on my shirt. I smelled like dead toads. »