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Jusqu'où peut-on aller avec l'ambition d'écrire un roman de fiction, basé sur des faits et personnages réels, au départ non existants ?
Eh bien c'est ce que nous propose Cercas dans cette courte oeuvre de jeunesse.
Les romans de Cercas sont comme des tests de Q.I. Il pose un peu partout dans sa narration labyrinthique, des trappes de logique ; nous parachute nous lecteur, au coeur du labyrinthe, où se trouve le noyau de la fiction, et de là, à travers divers chemins qui alternent réalité et fiction, et trappes, on doit retrouver la sortie. Ici ,dans ce premier roman, c'est le plus simple et le plus parfait de ce que j'ai lu de lui jusqu'à maintenant.

Cercas écrit un livre sur un écrivain, Alvaro, qui écrit un livre sur un écrivain ambitieux , qui écrit un roman ambitieux ( les poupées russes à côté c'est rien) . Vous me suivez ?
Ce roman dans le roman raconte l'histoire d'un jeune couple en difficultés matériels qui finit par assassiner un vieil homme qui vit dans le même immeuble. Donc la plus petite poupée russe est un roman à quatre personnages, l'écrivain ambitieux, le couple en difficulté et le vieillard qui sera assassiné. Eh bien, partant de là, l'écrivain ambitieux, Alvaro et Cercas ( en faites Cercas et ses avatars ) vont s'acharner avec un plan à mon avis diabolique, et même à la limite du malsain, à la réalisation de l'histoire fictive dans la réalité, qui elle-même servira de matériau brut pour élaborer la fiction du départ. La fiction est contrôlable, mais la réalité ?

Déjà dés ce premier livre l'auteur nous livre sa fascination à brouiller les frontières entre fiction et réalité et relate les relations complexes entre l'écriture et la vie.
Brillant !
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Le Mobile (1987) est l'un des premiers récits de l'écrivain espagnol Javier Cercas que je découvre. Il l'a écrit à 25 ans, après avoir lu Flaubert « d'une façon obsédante et maladive » J'ai trouvé cette nouvelle brillante et amusante, pleine d'ironie et bien sûr d'auto-dérision. Un petit thriller avec une mise en abîme qui rappelle les nouvelles de Borges ou Cortazar. le livre contient trois livres. Plus d'une fois le lecteur se demande lequel il est en train de lire. Réalité ou fiction ?

Alvaro est un jeune homme plein d'ambition et d'idées reçues. Il a décidé de consacrer sa vie à la littérature, cette  maîtresse possessive, afin d'écrire « une oeuvre de portée universelle ». Chaque matin il travaille dévotement pour égaler Flaubert en s'inspirant à la lettre des conseils du maître. L'après midi, il gagne son pain comme obscur conseiller juridique dans un modeste cabinet d'affaires. Alvaro a décidé d'écrire une oeuvre réaliste « mais riche en potentiel métaphysique ». Après moult réflexion, ce sera finalement un roman qui racontera l'histoire d'un écrivain ambitieux qui écrit un roman. L'histoire d'un jeune couple, écrasé par des difficultés économiques qui détruisent son bonheur. Après de longues hésitations, le couple décidera d'assassiner leur vieux voisin. Mais comment inscrire ses personnages dans la réalité ? Alvaro a une idée géniale. Il décide d'espionner les conversations de ses voisins d'immeuble : un jeune couple qu'il a entendu se quereller par le vasistas des WC et puis un vieil homme mal embouché passionné d'échecs. Et ensuite, sans l'ombre d'un scrupule, il se met à les manipuler pour les besoins supérieurs de son roman…
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Javier Cercas ne m'était pas inconnu, j'avais vu plusieurs fois ses romans exposés dans les librairies dont « Terra Alta », mais je n'étais pas allée plus loin. Alors merci Idil (Bookycooky) pour m'avoir permise de découvrir cet auteur espagnol avec ce court récit de moins de cent pages.

A l'origine, « le mobile » faisait parti d'un recueil de cinq nouvelles écrites dans la jeunesse de l'auteur. Au final, Javier Cercas conservera uniquement celle-ci qu'il publiera en 1987.

*
Le récit commence par la présentation du principal protagoniste de cette histoire, Álvaro. Ses réflexions sur la littérature et l'acte d'écrire nous permettent de découvrir un homme tourmenté, fermé, obsédé.
« Il considérait que la littérature est une maîtresse possessive. Soit il la servait avec un zèle et une dévotion absolus, soit elle l'abandonnait à son sort. »

Puis l'histoire évolue et devient un thriller psychologique dans lequel, entre les dialogues et les monologues intérieurs, on est amené à s'interroger sur les personnes manipulatrices, sur les obsessions de chacun et leurs conséquences.

*
Álvaro, le narrateur de ce récit, conseiller juridique passionné de littérature, projette d'écrire un roman policier ambitieux qui bouleversera l'histoire de la littérature.
Pour cela, il choisit les personnages de son roman parmi les habitants de son immeuble, un retraité discret qui cache ses économies chez lui, dans un coffre-fort fermé à clé, et un jeune couple en proie à des difficultés financières.

« Álvaro se plonge dans son travail. Ses personnages l'accompagnent partout : ils travaillent avec lui, se promènent, dorment, vont aux toilettes, boivent, rêvent, s'assoient devant le poste de télévision, respirent avec lui. Il noircit des centaines de pages d'observations, d'annotations, d'épisodes, de corrections, de descriptions de ses personnages et de leur milieu. »

Impitoyable, insensible, inébranlable, l'écrivain va jouer avec ses voisins, comme un marionnettiste tirant les ficelles, les espionnant, les manipulant, influant sur leur vie, leurs choix et leurs décisions, dans le seul but d'en faire des pantins, de leur faire jouer le rôle qu'il leur a attribué dans sa fiction et amener ainsi le couple à commettre le meurtre du vieil homme.

« Malgré tous les revers du siècle, il fallait continuer à croire au roman. Certains l'avaient déjà compris. Aucun instrument ne pouvait capter avec une telle précision et une telle richesse de nuances la complexité infinie du réel. Quant au certificat de décès du roman, il estimait qu'il s'agissait là d'un dangereux préjugé hégélien ; l'art n'avance ni ne recule : l'art advient. »

L'atmosphère du roman s'épaissit jusqu'à la toute fin, surprenante, originale.

*
La force de ce premier roman, c'est avant tout dans la mise en lumière des mécanismes de création littéraire d'Álvaro dans une vertigineuse mise en abyme. Ce « roman dans le roman » entretient ainsi un jeu de confusion entre la fiction et la réalité dans un format court qui maintient l'immersion totale du lecteur.

Je dois dire que le déroulement de l'intrigue, l'ironie que l'on perçoit également, la tension si bien ajustée, piquent forcément la curiosité. Et, même si je suis restée vigilante, essayant de garder le lien avec le réel, recherchant les moments de bascule, lorsqu'est arrivée la dernière page du récit, j'ai été stupéfiée de m'apercevoir que j'avais été manipulée par l'auteur.
Quel auteur, me direz-vous ? A vous de le découvrir, mais cette dernière page justifie tout l'intérêt du roman.

*
Pour conclure, ce court récit se lit d'une traite pour mieux savoureux la chute. « le mobile » est une sorte d'expérience littéraire dans lequel la fiction et la réalité, dans un jeu de dupe, se fondent jusqu'au meurtre.
Cette première nouvelle, grâce à une habile mise en abîme, laisse présager de très belles lectures à venir. Une découverte originale qui permettra de reprendre son souffle entre deux lectures plus imposantes.
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Voici un court roman de jeunesse qui nous tient en haleine dans la démarche méticuleuse, attractive , attentive et passionnée du narrateur et son entreprise d'écrire une" grande oeuvre."
Son plan est précis et la routine efficace.

Cet homme simple en apparence met en scène Alvaro, employé dans un cabinet juridique dont le rêve exclusif et exigeant est d'écrire un grand roman en y travaillant d'arrache pied, en subordonnant toute sa vie à la littérature.
Il jette son dévolu sur ses voisins les Casares, ne reculant devant aucun stratagème quitte à prendre d'assaut la truculente concierge : commére à souhait, grande, mince, osseuse, servile et obséquieuse assidue à fréquenter ses voisins masculins à des fins légéres .......
En fait , tout au long l'auteur excelle à organiser vertige, dérapage et à faire plier le réel dans son infinie complexité ;
Oú commence la vérité ?
Oú s'arrête le réel ?
La littérature est une maîtresse possessive à servir avec un zèle et une obsession absolus, l'auteur sonde avec talent et lucidité ses méandres..

L'histoire et le récit de sa construction s'entremêlent tout comme le monde réel et celui de l'imaginaire, tout comme les doutes, la manière et les obsessions de l'écrivain.

Il brouille les pistesà souhait, tâtonne.
.
Les frontières entre l'écriture et la vie sont complexes, fragiles, ambiguës, imbriquées, subordonnées;
Et manquer d'inspiration est- il un crime ? Jeu intraitable du hasard et de la fiction?
Le suspense monte, l'histoire distrayante, un peu malsaine ( la manipulation des voisins pour les emmener vers un crime, une mécanique parfaite ) améne un final un peu attendu.....
Un récit fort original et savoureux, surtout une réflexion riche et inédite , importante sur l'écrivain;
Un exercice littéraire irrésistible qui pourrait déboucher sur une belle définition de la Vocation !
Petit roman mais sublime écriture !
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Le mobile est un vrai coup de coeur et j'ai dévoré ce court roman ou longue nouvelle d'une traite. On rencontre Álvaro qui souhaite écrire un roman, il cherche d'abord sous quelle forme, puis son scénario. "Álvaro prenait son travail au sérieux. Chaque jour, il se levait ponctuellement à huit heures. Il finissait de se réveiller sous une douche d'eau glacée et descendait au supermarché acheter du pain et le journal. de retour chez lui, il préparait du café, des tartines grillées avec du beurre et de la confiture et il petit-déjeunait dans la cuisine, en feuilletant le journal et en écoutant la radio. À neuf heures, il s'asseyait à son bureau, prêt à commencer sa journée de travail."
Pour créer ses personnages, il va s'inspirer de ses voisins et essayer d'influencer leur propre vie pour pouvoir avancer ses projets d'écriture.

Javier Cercas, que je lis pour la première fois, écrit avec humour. Il aborde le thème du réel et de la fiction avec brio. Une note de fin de l'auteur, indique que cette nouvelle faisait partie d'un recueil de 5 nouvelles mais qu'il n'a finalement gardé que celle-ci. Dommage, j'aurai bien aimé lire les autres. En tout cas, ce premier écrit montre le talent de l'auteur qui m'a séduite et qu'il me tarde de découvrir d'avantage.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Un écrivain en manque d'inspiration épie ses voisins afin d'en faire les personnages de son futur roman, mais comme la vie de ces derniers semble un peu morne, il décide de pigmenter leur quotidien.
Un tout petit roman de 80 pages où le suspense monte crescendo mais où le final est un peu attendu.
Petite déception car j'avais énormément aimé « A la vitesse de la lumière » il y a quelques années et je n'ai pas retrouvé la force d'évocation de l'auteur dans ces quelques pages.
L'histoire est distrayante, légèrement malsaine, mais à mon grand regret, il n'y a rien de plus. le style semble plat et froid, presque clinique et cela m'a empêché d'éprouver de l'empathie pour les divers protagonistes.

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Très court roman dans lequel un apprenti écrivain se demande où trouver la substance de son premier roman et, tout en ayant une trame en tête, décide de dénicher chez ses voisins les caractéristiques à donner à ses personnages. Sauf qu'il va tenter d'orienter ses voisins à vivre la trame de son roman. La fin se devine malheureusement aisément.

Il s'agit du premier texte assez court de l'auteur. Comme il l'explique en postface, il s'agissait au départ d'un recueil de cinq récits, mais c'est le seul que Cercas a décidé de conserver et de faire republier.

Pas mal, mais je ne conseillerais pas ce livre-ci pour découvrir son oeuvre, le style reste plutôt convenu.
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Premier roman de l'auteur et déjà il avait ce don pour la manipulation que l'on retrouva dans L'imposteur. Un écrivain, pour vouloir faire un roman aussi grand que Flaubert, va tenter de manipuler ses voisins pour les emmener vers un crime. Petit livre mais grande écriture.
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Un petit livre jubilatoire qui explore les limites entre la fiction et la réalité.
Le style est très agréable, recherché mais pas trop, et l'on se laisse embarquer avec plaisir par les mots de Javier Cercas.
C'est une histoire très bien menée, et le personnage d'Alvaro, écrivain qui trouve sa source d'inspiration chez ses voisins d'immeuble, est fouillé et parfois même amusant.
Une toute petite lecture par la taille mais de qualité...
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Écrire un poème lyrique ou bien épique ? Ou alors une épopée en prose ? Non, ce sera un roman.
Álvaro, homme solitaire et ponctuel, modeste conseiller juridique dans un... modeste cabinet d'affaires, veut soumettre sa vie, ses ambitions, ses intérêts, ses amitiés à la littérature, à l'écriture. Il pense que le genre romanesque est en voie de disparition, condamné à l'inanité. le seul moyen, pour lui, d'enrayer cette mort programmée est de "s'imprégner de tous les apports, et notamment techniques, que le siècle avait offerts et qu'il serait pour le moins idiot de gaspiller. Il fallait revenir au XIXème siècle ; il fallait revenir à Flaubert".
Cette filiation posée, reste à trouver le sujet du roman...

Álvaro réside dans un petit immeuble de quatre étages. Il n'entretient aucun contact avec ses co-résidents et...
Et si... Álvaro vient de comprendre : peu importe le sujet, cela n'a pas grande importance. Finalement, "Tout sujet est bon pour la littérature ; ce qui compte c'est la manière de l'exprimer. le sujet n'est qu'un prétexte".
Militaire à la retraite, Monsieur Montero est un homme âgé, silencieux et réticent. Il vit seul et ne quitte son appartement que pour aller faire ses courses. le vieil homme a une passion : les échecs. de leur côté, Monsieur et Madame Casares, forment un couple uni. Parents de jeunes enfants, ils vivent un bonheur paisible. Ávaro, lui, est leur plus proche voisin. Pour composer son roman, il va vouloir s'inspirer de leur réalité, de leur quotidien. Pour cela, il va utiliser des moyens pour le moins très détournés...

Une écriture dans l'écriture, un roman dans le roman, j'ai beaucoup apprécié ce petit livre de Javier Cercas, le second après "Les soldats de Salamine", le second d'un auteur que j'ai envie de découvrir encore un peu plus. Intrigue resserrée, récit linéaire puis circulaire, "Le mobile" a tous les ingrédients du roman qui, enroulé sur lui-même, se déploie habilement au fil des pages. L'écrivain réel (Javier Cercas) semble se confondre avec l'écrivain fictif (Álvaro). Qui de la réalité ou de la fiction inspire l'autre ?
Un petit roman savoureux.
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