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Critique de Yaourtlivres


Après le succès de L'Adversaire, il cherche un projet plus personnel et part en Russie filmer la vie ordinaire d'une petite ville de province. Kotelnitch n'a pourtant pas grand chose à voir avec son histoire familiale, sinon qu'on y parle la langue de sa mère. Rien ne se passe comme prévu: Carrère s'y ennuie ferme alors qu'en France son histoire d'amour avec Sophie prend l'eau.

Dans ce premier récit autobiographique, Carrère mêle avec brio un récit passionnant sur son enfance, ses séjours en Russie et le naufrage de son couple. La réalité se charge d'ajouter à ses observations l'intensité dramatique.

Le passage qui m'a le plus marqué reste celui où l'auteur imagine un scénario où la littérature intervient dans le réel à partir d'une commande d'une nouvelle pour le Monde. A ce moment-là ce qu'il exprime en filigrane tout au long du roman devient évident: il aime aimer cette femme, mais il est complètement détaché de sa réalité, de ce qu'elle ressent, de ce qu'il refuse de lui donner.

"Là où je lui mens et me mens, c'est d'abord qu'au fond de moi je n'y crois pas, à la liberté. Je me sens aussi déterminé par le malheur psychique qu'elle l'est par le malheur social, et on peut toujours venir me dire que ce malheur est purement imaginaire, il n'en pèse pas moins lourd sur ma vie. Et là où je mens aussi, c'est quand je lui dis qu'elle est la seule à avoir honte. Bien sûr que non.

Un jour, elle me dit cette phrase qui me bouleverse: je ne suis pas une femme qu'on épouse. Et je me dis: moi, je l'épouserai.

Je me le suis dit, oui, mais je ne lui ai pas dit à elle. "

Tout au long de ce roman à la fois intime et pudique, Carrère nous invite à l'introspection. Et je suis toujours bluffée par sa capacité à nous transmettre des réflexions de portée universelle à partir de l'exploration de son histoire personelle.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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