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Critique de mjaubrycoin


Bien sûr chaque roman est porteur d'éléments autobiographiques de son auteur et Emmanuel Carrère excelle particulièrement à imbriquer dans ses récits fictionnels des parts entières de son intimité. Souvent il le fait avec délicatesse et le lecteur ne peut qu'apprécier cette touche personnelle qui le rend plus proche.
Toutefois le mieux est l'ennemi du bien et ici, trop c'est trop ...
Bien que le titre comporte la mention "roman", ce texte n'en est pas un mais un récit exhaustif de plusieurs mois dans la vie de l'auteur , donnant à sa vie privée une part si importante que cela confine à un exhibitionnisme morbide parfois...
Partant d'un reportage sur le cas isolé d'un ancien prisonnier de guerre hongrois qui n'a pu regagner son pays que plus de cinquante ans après la fin des hostilités, puis d'un projet de documentaire sur une petite ville de la Russie profonde, Emmanuel Carrère en profite pour mettre en avant une histoire familiale dramatique, la disparition de son grand-père maternel soupçonné de collaboration avec l'ennemi en 1944, et tente de se livrer à une enquête pour savoir ce qui lui est réellement arrivé.
Mais cette enquête tournera court et il n'en saura guère plus si ce n'est qu'il aura donné à ce passé familial jugé peu reluisant , une publicité qui n'a pu que blesser les autres membres de sa famille et notamment sa mère.
De même l'étalage de sa vie sentimentale avec Sophie, ne peut vraiment servir qu'à constater combien la lucidité de l'auteur sur ses travers ne lui sert absolument à rien car il ne tire aucune expérience de ses erreurs et en va même jusqu'à renoncer à toute dignité pour se livrer à des excès regrettables.
Diable, il ne fait pas bon être de sa famille ou de ses amis à cette homme-là! Ses amoureuses risquent de voir leur vie intime dévoilée dans la presse , les amis qui l'invitent doivent assumer sa mauvaise humeur, ses collègues de travail doivent supporter sa passivité dans un projet qu'il a pourtant défendu , sa maman doit se tenir prête à découvrir en tête de gondole à la FNAC le récit peu édifiant d'origines qu'elle aurait préféré voir rester dans l'ombre.
L'amour de la Russie conduirait-il cet écorché vif à imiter le comportement des héros de Dostoievsky ?
On reste atterré que tant d'années de fréquentation assidue du divan d'un psychanalyste n'ait pas permis à ce pauvre homme de triompher de ses démons !
Cette lecture me laisse mal à l'aise car elle déconstruit l'image favorable que je m'étais faite d'Emmanuel Carrère à travers la lecture de ses autres ouvrages. Bien que je reste fermement convaincue que nul ne mérite d'être idéalisé, je pense néanmoins qu'il est salutaire de maintenir à distance la part d'ombre que chacun porte en soi et qu'il est parfois contreproductif de partager le pire avec de parfaits inconnus dans une catharsis lourde de conséquences.
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