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Critique de lefildelaure


Quelques mots pour compléter les nombreuses critiques écrites sur Un Roman russe.
Sur l'écriture de CARRERE, moins analysée que les effets, ou retentissements psychologiques, de la lecture de ce récit sur les lecteurs.

Si les réactions sont aussi vives, pour apprécier, comme pour rejeter ce livre, c'est bien parce que ce "Roman" russe est extraordinairement écrit.
Ce texte, ancré dans le "réel", vivant dans la réalité de l'auteur, présent à chaque ligne, comme corps, comme esprit, comme regard, est un travail d'écrivain, une composition littéraire. Et magistrale. En aucun cas, l'enregistrement en flux, du tout-venant des événements vécus.

C'est une création qui relie, enchâsse, noue des faits, des pensées, des émotions, des désirs (dans le désordre) vécus ou non (Qu'en sait-on ?). Et ceci avec un art consommé de l'art littéraire. A chaque page, dans chaque "scène", le lecteur est suspendu au fil narratif en suspens jusqu'à l'éclosion d'une émotion forte (joie, dégoût, peur...) et ce fil est ensuite oublié quelques pages, pour que viennent un autre personnage, un autre lieu... qui à leur tour s'effacent puis reviennent.

Et ce tissage sans aucune lourdeur, aucune page inutile, aucun mot de trop, dessine peu à peu une oeuvre subtile, complexe, sensible et follement intelligente.
Qui a écrit que "le monde" était absent des textes de CARRERE ? Quand, tout au contraire, tous les personnages, et le narrateur tout particulièrement, sont justement montrés dans ce tissage, eux-moi, dehors-dedans, mon sexe-ma voix, avant-maintenant, ici-là-bas...
Cette maestria dans le savoir-écrire est cependant si habile qu'on l'oublierait presque, comme si effectivement "on" était aussi dans le monde, souvent douloureux, chaotique, souffrant, qui nous est livré.
D'où les réactions épidermiques de certains lecteurs.

Mais si l'on relit, si l'on revient en arrière, si l'on prend à la fin, ou en chemin, un peu de temps pour un peu de distance devant ce récit si prenant, on ne peut qu'être ébloui par cet art de l'équilibre du dit "déséquilibré"...
Équilibre des voix, des tempos, des émotions "positives et négatives", de la réflexion et de l'action, des places faites à l'intime et au monde... Équilibre de la langue, parfaite.

Ce n'est que le deuxième livre de cet auteur que je lis (après le tout aussi génial D'Autres Vies que la mienne), et je suis vraiment heureuse des perspectives de lecture que ces autres ouvrages me font.

Une oeuvre qui montre, avec d'autres, que l'écriture contemporaine peut être d'une exceptionnelle qualité.
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