Sans expérience, sans aucun appui technique,
Yoann Caron s'est lancé dans la rédaction de ce livre démesuré de 300 pages.
La fabrication aux caractères minimaux, garamond 12 et aux interlignes limités, est comparable à un roman de 700 pages, ou 1200 pages façon
Amélie Nothomb.
Cette biographie rédigée par l'auteur, s 'achève par j'ai
soif, prononcé le jour de ses funérailles, non par lui même, car écrit-il, demain je ne serai plus là, je serai mort.
Je n'ai pas cru à cette boutade, mais la chute ainsi décrite précède la tombe.
"Aujourd'hui j'ai mal, je crève, je souffre intérieurement et brûle à petit feu et cela je veux qu'ils le sachent", souligne t-il.
Il revient sur ses vraies souffrances. Il ne faut pas que mes filles voient tout ce qui se passe là-haut, car je désire avant tout qu'elles soient préservées, et leurs yeux ne doivent pas contempler l'horreur de la souffrance et de la fin.
Jeune je représentais d'avantage celui obèse et plein de graisse. Quelle répugnance à travers la vision de la grosseur de mon abdomen, comment faire pour me respecter.
Pourquoi la vie ne m'a pas offert "cette chance de posséder ces tablettes de
chocolats qui me font tant rêver" .Les médecins n'ont jamais eu envers moi de mots tendres. "Je me rappelle de ce jour où ayant atteint l'âge de onze ans, je dus me rendre chez un orthopédiste à la suite de la découverte d'un problème de rotation de mon bras droit et où je fus affublé de l'appellation d'une sucrerie turque. le médecin m'avait alors demandé si l'on m'avait déjà surnommé loukoum à l'école".
Du haut de mes onze ans, j'ai voulu en finir avec la brutalité de ce monde et d'achever ma vie. Pourtant ce fut grâce à mon absence complète de notion en géométrie et à ce mauvais calcul de la longueur de cette corde, que je me suis retrouvé sur la pointe des pieds et suspendu comme un vrai porc (P43).
C'est déterminé et enthousiaste, que j'allais me rendre pour la première fois en cet IFAS : Institut de Formation d'Aide-Soignant (p 126). Sa solitude était-elle totalement inconnue ou se trouvait-elle en réalité omniprésente. L'expression de sa solitude est terrible. La capacité à nouer des amitiés est un apprentissage lent.
La maladie se fait cinglante dès la page 243. En réalité les dernières analyses établissaient la présence de globules blancs en grand quantité dans le corps de Yoann, qui se retournait contre sa propre personne et le détruisait de l'intérieur. Ce terme portait subitement le nom de maladie auto-immune.
Cette douleur qui par moment, provoque ce serrement au coeur, et qui donne la sensation de subir un infarctus du myocarde, est une douleur qui irrigue jusqu'aux muscles du visage, qui deviennent ainsi figés. À chaque instant, la douleur enfonce une lame tranchante dans le creux de son dos et dans les moindres parcelles de ses articulations.
Tu m'arraches l'intégralité de mes membres, à travers cette sensation d'écartèlement que les condamnés à mort subissaient au Moyen âge, avoua t-il page 244.
Plaidoyer en faveur des malades, ce texte est un témoignage précieux, pour le monde des soignants. le monde des hôpitaux doit toujours s'ouvrir sur cette réalité.
Voir le malade comme un être humain dépouillé de toutes ses analyses.
Bravo pour cette belle aventure, s'avouer vaincu est si difficile.
Pour quoi ne pas en faire une version allégée, resserrée, poignante autant que cette vision donnée de ces 300 pages resserrées comme compilées.