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Critique de michfred
Je viens de terminer L'Imposteur de Javier Cercas, et une petite perle m'attendait nichée au creux de ces pages formidables et d'une actualité brûlante: deux mots, un prénom et un nom..Josep Carner..
Josep Carner "probablement le plus grand poète catalan du XXèeme siècle" dit Cercas, qui fit, à sa ville de Barcelone, peu avant de retourner à Bruxelles pour y mourir, une visite ultime après 30 ans d'exil, alors que Franco, le vieux dictateur, n'était pas encore mort.
Et une puissante image m'a envahie, ainsi que le son d'une voix au doux accent catalan.
C'est dans un jardin, à la campagne. J'ai douze ans, ou treize, pas plus, et un très vieux monsieur me parle dans un langage rare, plein d'images et de musique: c'est de la poésie, et c'est pour moi.
Comme si j'étais tout à coup une personne très importante, une femme, et non cette petite fille aux genoux verdis par les grimpettes dans les arbres, comme si, par la magie de ce prince exilé, la poésie était notre langage commun, avec cet accent étranger qui la rend si particulière et si proche.
Le vieux monsieur est tout ridé, pâle, maigre, et infiniment présent. C'est Josep Carner.
Emilie Noulet, amie de Mallarmé, et sa femme, est avec lui. Mais je ne vois que lui, sous son chapeau aux sombres bords. Tout mon amour pour une certaine Espagne date de là.
Nabi est un long poème qui donne la parole à Jonas, exilé dans le ventre de la Baleine, pour se dérober au Commandement de Dieu qui le charge d'aller détruire Ninive, la ville pécheresse.
Moi, c'est la voix d'un autre exilé que j'entends toujours à travers la sienne. Un vieil exilé triste qui n'a même pas pu revenir dans sa ville de Barcelone pour y mourir. Juste pour lui rendre visite, presque par effraction.
Josep Carner "probablement le plus grand poète catalan du XXèeme siècle" dit Cercas, qui fit, à sa ville de Barcelone, peu avant de retourner à Bruxelles pour y mourir, une visite ultime après 30 ans d'exil, alors que Franco, le vieux dictateur, n'était pas encore mort.
Et une puissante image m'a envahie, ainsi que le son d'une voix au doux accent catalan.
C'est dans un jardin, à la campagne. J'ai douze ans, ou treize, pas plus, et un très vieux monsieur me parle dans un langage rare, plein d'images et de musique: c'est de la poésie, et c'est pour moi.
Comme si j'étais tout à coup une personne très importante, une femme, et non cette petite fille aux genoux verdis par les grimpettes dans les arbres, comme si, par la magie de ce prince exilé, la poésie était notre langage commun, avec cet accent étranger qui la rend si particulière et si proche.
Le vieux monsieur est tout ridé, pâle, maigre, et infiniment présent. C'est Josep Carner.
Emilie Noulet, amie de Mallarmé, et sa femme, est avec lui. Mais je ne vois que lui, sous son chapeau aux sombres bords. Tout mon amour pour une certaine Espagne date de là.
Nabi est un long poème qui donne la parole à Jonas, exilé dans le ventre de la Baleine, pour se dérober au Commandement de Dieu qui le charge d'aller détruire Ninive, la ville pécheresse.
Moi, c'est la voix d'un autre exilé que j'entends toujours à travers la sienne. Un vieil exilé triste qui n'a même pas pu revenir dans sa ville de Barcelone pour y mourir. Juste pour lui rendre visite, presque par effraction.
