C'est dans la solitude que l'âme déborde:
En moi, les appels s'entrecroisent.
Qui m'écouterait,
Ombre dressée sur l'horizon
Pour invoquer ou pour maudire?
Je miaule comme l'oiseau de nuit
De ma voix amincie par les ans,
Je ne suis plus farouche
Mais amoindri par la tristesse.
Qu'au bord de ma fin j'aie loisir
D'être perdu pour tout regard
Qu'enfin je sois comme les autres,
Comme celui qui ne T'entend en nulle rumeur,
Comme celui à qui Tu ne parles pas.
Moi, résonnante bouche envoyée pour abattre
Les peuples et les rois, je voudrais aujourd'hui
M'égarer, sans désir ni savoir,
Au fond d'une île qu'un nuage cacherait.
Nous traversons l'obscurité de nos journées
Comme , à son but secret, la flèche va tout droit.
Au temps de mon ancienne renommée,
Celui qui me reconnaissait
A son voisin me désignait tout bas.
Maintenant, à mon pas, on ne s'arrête plus,
Je suis n'importe qui.
Je n'en ai point regret. En songeant à ma fuite,
Volontiers, je m'écarte du passant
Et, de l'humain, mon cœur se vide:
Terrible trace de Dieu.