Nous marchons à la rencontre de l' amour et du désir .
Ici même, je sais que jamais je ne m’approcherai assez du monde. Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer.
Il n'y a pas tellement de vérités dont le cœur soit assuré. Et je savais bien l'évidence de celle-ci, certains soirs où l'ombre commençait à noyer les vignes et les oliviers de la campagne de Florence d'une grande tristesse muette. Mais la tristesse dans ce pays n'est jamais qu'un commentaire de la beauté. Et dans le train qui filait à travers le soir, je sentais quelque chose se dénouer en moi. Puis-je douter aujourd'hui qu'avec le visage de la tristesse, cela s'appelait cependant du bonheur ?
J'ai trop de jeunesse en moi pour pouvoir parler de la mort.
Il n 'y a pas de honte à être heureux .Mais aujourd'hui l 'imbécile est roi , et j 'appelle imbécile celui qui a peur de jouir ...J 'aime cette vie avec abandon et veux en parler avec liberté : elle me donne l 'orgueil de ma condition d 'homme .
Vivre, bien sûr, c’est un peu le contraire d’exprimer. Si j’en crois les grands maitres toscans, c’est témoigner trois fois, dans le silence, la flamme et l’immobilité.
Soirs fugitifs d'Alger, qu'ont-ils donc d'inégalable pour délier tant de choses en moi?
Mais qu'Est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ?
Partout, des bougainvillées rosat dépassent les murs des villas ; dans les jardins, des hibiscus au rouge encore pâle, une profusion de roses thé épaisses comme de la crème et de délicates bordures de longs iris bleus.Toutes les pierres sont chaudes. A l'heure où nous descendons de l'autobus couleur de bouton d'or, les bouchers dans leurs voitures rouges font leur tournée matinale et les sonneries de leurs trompettes appellent les habitants.
A gauche du port, un escalier de pierres sèches mène aux ruines, parmi les lentisques et les genêts. Le chemin passe devant un petit phare pour plonger ensuite en pleine campagne. Déjà, au pied de ce phare, de grosses plantes grasses aux fleurs violettes, jaunes et rouges, descendent vers les premiers rochers que la mer suce avec un bruit de baisers. Debout dans le vent léger, sous le soleil qui nous chauffe un seul côté du visage, nous regardons la lumière descendre du ciel, la mer sans une ride, et le sourire de ses dents éclatantes. Avant d'entrer dans le royaume des ruines, pour la dernière fois nous sommes spectateurs.
Nous tournons le dos à la nature ,nous avons honte de la beauté .Nos
misérables tragédies traînent une odeur de bureau et le sang dont elles
ruissellent a couleur d' encre grasse .