Ce tome fait suite à Scab et il comprend les épisodes 256 à 260.
De manière inattendue, John Constantine commence à accuser son âge et il songe à se mettre en ménage, ou tout au moins à développer une relation amoureuse suivie avec Phoebe McMahon, une jolie médecin. Problème : Phoebe lui a clairement dit que tout était fini entre eux et qu'elle ne souhaitait pas s'engager dans une relation durable avec ce monsieur si dangereux. Solution : John Constantine a recours à un philtre d'amour concocté par Epiphany Greaves une spécialiste en la matière qui est également la fille d'un parrain du crime organisé. Et puis tant qu'il y est John Constantine se sert également du surplus du philtre pour s'attacher Julian, un démon babylonien ayant pris l'apparence d'une jeune fille. Aussi étonnant que cela puisse paraître, le résultat est assez éloigné de ce que John avait escompté.
Après avoir payé le prix fort pour ses sordides machinations et contenu tant bien que mal les conséquences afférentes, Constantine décide de passer quelques jours de détente dans un cottage anglais. Une fois installé, il se lance dans un rituel magique pour invoquer l'esprit d'un mort et cette fois encore il doit faire un peu de ménage avant de pouvoir refermer la porte. Il finit le tome recherché par la police pour meurtre, en devant délivrer Chas (son pote chauffeur de taxi) des griffes des sbires du papa d'Epiphany et en essayant de sortir du territoire pour se rendre en Inde.
Surprise, surprise : la petite histoire sans conséquence débutée dans le tome précédent n'était pas qu'une mise en selle pour
Peter Milligan, mais bel et bien le début de son intrigue au long cours sur la série. Deuxième surprise :
Peter Milligan nous rappelle de manière exemplaire que John Constantine n'est pas un enfant de coeur et qu'il est prêt à faire de grosses entorses à la morale pour faire basculer le destin dans son intérêt. Milligan sait garder son lecteur déstabilisé pendant tout le récit en insérant quelques scènes inattendues et difficiles à avaler. Phoebe apparaît comme un personnage bien étoffé, capable de faire face aux tendances manipulatrices de Constantine. Epiphany et Julian ne se limitent à faire tapisserie pour que l'intrigue puisse avancer, elles ont également un caractère spécifique chacune. Les personnages de Chas et du père d'Epiphany servent plus de faire valoir comique. Enfin Milligan n'a pas peur d'utiliser les éléments magiques, sans ni en faire tout en plat, ni en abuser.
Pour les 3 premiers épisodes, les illustrations ont été confiées à Guiseppe Camuncoli, encré par
Stefano Landini, comme pour le tome précédent. le lecteur retrouve ses dessins fortement encrés, avec des visages simplifiés. Ce style permet de bien retranscrire l'étrangeté inhérente aux comportements des uns et des autres. La difficulté de déchiffrer des sentiments sur les visages participe à la création d'une atmosphère un peu inquiétante, parfois à la frontière d'une légère paranoïa. le résultat est agréable et au service de l'histoire, même si certaines surfaces manquent cruellement de texture.
Les 2 derniers épisodes sont illustrés par
Simon Bisley qui s'encre lui-même, mais qui ne fait pas la mise en couleur. Il a choisi un style qui s'éloigne de l'impression d'esquisse gribouillée qu'il utilise parfois, pour un rendu plus lissé, plus propre sur lui. Ce choix ne l'empêche par composer des images fortement dérangeantes telles qu'une scène de sexe dans les toilettes sales d'une boîte de nuit, le cadavre de Constantine rongé par les vers et gonflé par la putréfaction, le corps amoché de Chas après un passage à tabac, et d'autres. Bisley se fait plaisir en dessinant des expressions faciales qui rendent parfaitement compte de la détermination sournoise et matoise de Constantine. Il faut également attirer l'attention sur les superbes couvertures peintes par Bisley qui comprenne un soupçon d'autodérision fort savoureux.
John Constantine continue d'essayer de réparer ses bêtises dans India, le tome suivant.