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Critique de iris29


Un roman profondément original, envoûtant et magnifiquement écrit...

On est en 1686, la jeune Nella Oortman a dix-huit ans et frappe à la porte de sa future maison.
Elle vient de quitter sa campagne, où sa mère devenue veuve, vient de la marier à un riche marchand d' Amsterdam qui a le double de son age . Ils ne se sont vus , tout au plus, que deux fois...
Son mari est absent pour affaires, seuls sont présents , sa belle-soeur célibataire ( Marin) , une jeune domestique Cornelia (orpheline) , et un ancien esclave, "acheté " et libéré par le mari de Petronella, Johannes. L'accueil est glacial...
Lorsque son mari revient, il ne semble pas s'intéresser à elle , mais lui offre en guise de cadeau de mariage, une maison de poupée , en tout point identique à leur propre maison. Peu à peu , l'artisan miniaturiste prend une immense place dans la vie de Nella, car ses cadeaux s'avèrent coller au plus prés à l'actualité de Nella...

Pour écrire ce premier roman, l'auteur s'est inspirée d'une magnifique maison de poupée vue dans un musée à Amsterdam, appartenant à une certaine Nella Oortman, et à partir de là, son imagination s'est emballée... Et quelle imagination !
C'est ce qui fait tout le charme de ce roman, pleins de contrastes . Cet Amsterdam de la fin du dix-septième siècle, coincé entre ses richesses que les marchands ont envie d'étaler à la vue de tous, et la profonde bigoterie qui tient les gens prisonniers dans leur propre corps , dans leurs maisons, la peur de la dénonciation, du voisin...La puissance de l'église et la profonde méchanceté de ceux qui prétendent agir en son nom...
Dés le départ , le ton est donné. Nella débarque dans une maison riche mais sombre : la lumière du soleil est avare aux Pays-Bas , les vitres sont opaques , les bougies à la cire d'abeille sont sorties pour les grandes occasions, les autres éclairent mal. Et les membres de la maison surgissent de l'obscurité, tels des acteurs de théâtre, tels des poupées dans une maison de poupée...Nella a peur, a toujours l'impression d'être observée.
[ "Ce n'est pas un homme qu'elle a épousé, mais un monde - argentiers, belle-soeur, curieuses relations, une maison dans laquelle elle se sent perdue, une autre plus réduite qui l'effraie. Bien qu'à l'évidence, beaucoup lui soit offert, Nella a au contraire l'impression qu'on lui retire quelque chose" .]
A commencer par un mari, qui se refuse à elle et qui lui offre une maison de poupée, comme si, jeune mariée de dix-huit ans, elle n'était encore qu'une enfant....
[" On dit à Nella que c'était bien qu'elle quitte Assendelft (...), mais cela n'endigue pas la déception qui l'inonde à cet instant, assise près de son lit nuptial vide, à Amsterdam, comme une infirmière prés d'un malade. A quoi cela servait-il qu'elle soit là si son mari ne pouvait même pas l'accueillir convenablement ? "].
Frustration, isolement, incompréhension, solitude morale sont le lot quotidien de cette nouvelle vie . A cela va s'ajouter , la peur. Une peur qu'elle cachera , car elle concernera son cadeau, sa maison de poupée, son seul bien dans cette maison qui lui est hostile, et que pour l'instant elle ne sent pas sienne... "The "miniaturiste semble tout savoir de cette maison alors qu'il n'y a jamais mis les pieds, de la composition de la maison, aux meubles, en passant par les marchandises de Johannes... "The "miniaturiste prévoit ce qui va arriver ... des taches apparaissent et disparaissent sur les poupées. Nella veut savoir, Nella veut comprendre .
Et si le roman prend une dimension de conte fantastique et magique avec cette histoire de miniaturiste mystérieux, il n'est pas que ça. Pleins d'autres histoires le traversent , dont certaines sur des problématiques plus "actuelles" .
Un roman , donc, très riche et foisonnant, qui possède cette ambiance de clair-obscur si chère aux peintres flamands, magnifiquement écrit. Un roman qui se "voit" aussi , à commencer par cette magnifique photo sur la couverture qui interpelle par son étrangeté, jusqu'à la photo de la véritable maison de poupées de Nella Oortman, en première page, comme un hommage. Et bien que l'auteur nous prévienne qu' à partir de là, tout est le fruit de son imagination, on ne peut ,en refermant ce livre, que se demander , tel un certain M Levy : " Et si c'était vrai"...
PS : Je suis restée pour ma part, après la dernière page lue, un certain temps, les yeux dans le vague, encore dans le roman, avant de "redescendre" du Miniaturiste et de reprendre ma vraie vie ...

Challenge mauvais genres.

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