La dernière année de Vichy, 1943-1944

La période du régime de Vichy m'a toujours fasciné, car la question historique (fallait-il composer ou s'opposer ?) n'a jamais été franchement tranchée. Collaborer en perdant l'honneur mais en sauvegardant des vies et des villes ? Résister avec panache dans une bataille perdue d'avance ?
La réponse que chacun, à l'époque, a fourni a scellé son destin.
Ainsi du Maréchal Pétain, passé du statut de sauveur de la France à celui de condamné à mort pour haute trahison.
Le livre de Brissaud souffre d'un mal incurable, il est intégralement à décharge, du moins à l'endroit de l'idole de l'auteur, le Maréchal. En ce sens, il est impératif d'en lire un autre, à charge cette fois –et il n'en manque pas- afin de se faire une opinion juste.
Un rappel m'a cependant marqué. Lorsqu'on regarde les actualités d'époque relatant, en 1944, la visite de Pétain aux parisiens, on l'entend s'exprimer ainsi :
« Je viens vous faire une visite. Je ne peux pas m'adresser à chacun de vous en particulier : c'est impossible, vous êtes trop nombreux…
Puis, aussitôt après:
« … dès que je pourrai, je reviendrai… » « alors ce sera une visite officielle. A bientôt, j'espère. »
Brissaud reprend les propos à l'intégrale, avant passage de la censure. Et l'on s'aperçoit alors qu'une phrase, importante, a été soigneusement coupée. le Maréchal avait en effet déclaré :
« J'espère bien que je pourrai bientôt revenir à Paris sans être obligé de prévenir mes gardiens : je serai sans eux et nous serons tous à l'aise. »
Les applaudissements nourris de la foule se comprennent ainsi mieux.
Le livre n'apprend par ailleurs rien qu'on ne sache déjà. le texte est assez court et plutôt plat. En bref, on pourra le zapper sans remords.