AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 147 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lola porte des bas résille. Même si on est à la fin des années 60 et que les bas résille signent la coolitude d'une jeunesse branchée, elle ne devrait pas: les fils s'enfoncent dans sa chair replète et l'empêchent de se concentrer pendant qu'elle interviewe Jimi Hendrix. Ce n'est pas qu'elle soit intimidée: Hendrix débute, il a son âge et se montre très gentil.
Et même si le musicien est beaucoup moins obnubilé par les régimes que ne l'est Lola, ils se découvrent vite un point commun: une enfance catastrophique. Lui, pupille de la nation, vêtu de haillons; elle née de deux rescapés juste libérés d'Auschwitz.
Pendant ses interviews, Lola finit toujours par parler régimes et camps d'extermination.Si le rapprochement commence par sidérer le lecteur, il est pourtant logique: madame Bensky fait la chasse aux kilos en trop de sa fille, signes indubitables de sa déloyauté. À Auschwitz, seuls les traitres et les assassins ne ressemblaient pas à des cadavres ambulants.
C'est cette information essentielle et pourtant oubliée que fait surgir le livre de Lily Brett: les swinging sixties et ses icônes sont les enfants de la seconde guerre mondiale. Love, drugs and rock n'roll pour réparer l'histoire, la haine et le crime de masse.
Quand, en guise de berceuse, vos parents vous ont raconté qu'au bâtiment 10 "on retirait des organes, on amputait des membres. On transfusait du poison aux gens, on les congelait pour les réchauffer ensuite", difficile de ne pas rechercher la futilité en parlant bigoudis avec Jimi Hendrix.
D'ailleurs, est-ce si futile? La pop culture a érigé la beauté et l'harmonie comme valeurs suprêmes, et la jeunesse des années 60 a voulu que la vie prenne le pas sur la mort.
Madame Bensky a détesté la vie: être juive et vivante, même sans kilos en trop, était déjà un signe manifeste de perfidie. Et finalement, si tant de musiciens sont morts, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Brian Jones, Jim Morrison, Cass Elliot, Keith Moon, Otis Redding, n'est-ce pas d'avoir voulu expier d'être encore vivants dans un monde où 45 millions d'êtres humains avaient péri en quelques années de guerre?
À la fin du livre, Lola Bensky et Mick Jagger ont largement plus de 60 ans. Ils se croisent par hasard et se saluent: ils sont deux survivants et d'un geste de la main s'en donnent l'absolution.
Commenter  J’apprécie          3810
Lola Bensky, prix Médicis étranger 2014, est présenté comme un roman inspiré de la vie de son auteur, Lily Brett. Ce n'est pas un roman, selon moi, mais plutôt un ensemble de souvenirs et de professions de foi totalement autobiographiques, ce qui n'ôte rien au plaisir que j'ai eu à le lire.

Trois grands thèmes s'entremêlent dans la vie de Lily alias Lola.

Primo, Lola traine un problème d'embonpoint qui la culpabilise car elle ne parvient jamais à respecter ses plans de régime.

Secondo, Lola est la fille unique de rescapés d'Auschwitz qui ont vu tous les membres de leur famille assassinés de façon épouvantable. Survivre à Auschwitz, ce n'est pas revenir d'un camp de concentration lambda ; il y a une hiérarchie dans l'horreur et Auschwitz est au sommet. On le sait déjà, mais ce n'est jamais inutile de s'en souvenir. Il y a là un héritage dont Lola supporte le poids depuis sa prime enfance.

Tertio, les années 60 : à19 ans, Lola vit à Londres d'un job qui consiste à interviewer des pop stars à peine plus âgés qu'elle : Jim Morrison, Mick Jagger, Jimy Hendrix. Si le premier est un authentique bad boy, les deux autres expriment une étonnante et touchante compassion pour la jeune femme, ses rondeurs et les histoires qu'elle leur raconte sur Auschwitz. On voit même, incroyable anecdote, un Mick Jagger très attentionné, insister auprès de Lola pour la présenter à son ami Paul McCartney.
Deux ans plus tard, Lola est présente au mythique Festival pop de Monterey, où elle sympathise avec les stars et assiste à leurs concerts : Janis Joplin, Jimy Hendrix, the Who, the Mamas & the Papas et d'autres, Otis Redding notamment.

Pauses musicales : entre deux chapitres, je télécharge les tubes mentionnés : Let spend the night together, Light my fire, Wild thing, Purple haze, Ball and chain... Je les redécouvre, près d'un demi-siècle après.
Je n'ai pas besoin de redécouvrir Otis Redding : je n'ai jamais cessé de l'écouter, et particulièrement son concert live in Monterey.

Le dernier chapitre est très émouvant, bien qu'un peu morbide. Malgré toutes ces morts prématurées, malgré Auschwitz, Lola réussira sa vie.

Question pour le traducteur du texte original : pourquoi Lola vouvoie-t-elle les stars alors qu'eux la tutoient ? Elle est intimidée, bien sur. Mais ils ont tous 20 ans. Et c'est une subtilité qui n'existe pas en anglais.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          183
Jeune, jolie, mais grosse... Seule aussi, mais ça, au début, cela ne gêne pas beaucoup Lola Bensky. A tout juste vingt ans elle n'a pas peur de parcourir le monde en solitaire, de Melbourne à Londres, New York, puis Los Angeles, magnétophone à cassettes en bandoulière et carnet de notes en main, pour aller rencontrer Jimi Hendrix, Mick Jagger, Brian Jones, Cat Stevens, Jim Morrison,... toute une génération montante d'idoles planétaires en devenir. Excentriques et passionnés, sympathiques (le plus souvent) ou odieux (parfois), ils ne l'impressionnent pas plus que cela : ils ont le même âge qu'elle. Plus que leur musique, ce qui intéresse vraiment la jeune journaliste, c'est leur enfance, leur adolescence si proche encore, les rapports qu'ils ont eus avec leurs parents. Lola confronte, compare, et mesure sa propre singularité familiale à celle de ses interlocuteurs. Quand Lola se présente et raconte qu'elle est “très juive”, c'est en pensant à l'histoire de ses parents polonais rescapés des camps de la mort, à leur passé massacré, “imprésentable” dit-elle ; à sa mère dépressive qui expie sans fin le fait de ne pas être morte à Auschwitz avec le reste de sa famille, et reproche continuellement à Lola son surpoids ; à son père qui s'épuise dans un travail manuel exténuant, et s'évade dans la lecture compulsive de romans policiers sanglants. Pour eux, elle reviendra à Melbourne où elle se mariera et aura des enfants. Puis elle divorcera, émigrera aux États-Unis, mincira, et deviendra écrivain.

Lily Brett n'en fait pas mystère, la vie de Lola Bensky, c'est la sienne. Des portraits de musiciens, des chroniques de concerts et de festivals, elle en a vraiment écrit à ses débuts pour une revue musicale australienne. Comme son personnage, très jeune, elle s'est investie avec sérieux, originalité, et talent dans ce travail de combinaison des différentes facettes d'une personnalité, de reconstitution du puzzle d'une trajectoire artistique. Quarante ans plus tard, Lily Brett applique son savoir-faire à elle-même et livre le portrait sans concession d'une femme sensible, hantée et construite par son histoire familiale dramatique. Elle réussit à mêler étroitement, grâce à l'humour et à l'autodérision, deux contextes apparemment opposés : l'exubérance spectaculaire des sixties, et l'empreinte des atrocités de la Shoah sur les survivants et leurs enfants.

J'ai eu moi aussi des genoux grassouillets quand c'était la mode des mini-robes et des bas résille, je me suis évertuée à copier la coiffure et le maquillage de Twiggy, et j'étais plus Radio Caroline que Salut Les Copains. Mais côté parents, tant mieux pour eux et pour moi, c'était beaucoup plus simple... C'est sans doute pour cela que j'ai été passionnée par les chroniques du swinging London, et un peu moins par les introspections de Lola Bensky adulte. La construction du roman n'étant heureusement pas linéaire, j'ai été enchantée que l'auteur revienne longuement en seconde partie sur ses rencontres au festival de Monterey (juin 1967). L'échange entre Lola et Janis Joplin est un magnifique moment d'humanité et de littérature. le chapitre final apporte une surprise bienvenue : Lola recroise à New York, quarante ans après Monterey, l'un des “survivants” (Guess who?), de ceux qui n'ont pas été détruits par les drogues, qui n'ont pas lâché prise à 27 ans, comme beaucoup, ni fait écho au voeu d'un chanteur : “Pourvu que je sois mort avant d'être vieux”.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
Commenter  J’apprécie          130
Ce roman parvient en quelques pages à nous plonger dans divers univers. D'un roman identitaire, on plonge dans le années 60 du milieu du rock'n'roll en passant par des récits croisés de personnes ayant survécus à Auschwitz. En quelques mots, ce roman est complet. le tout est amené avec humour et fraîcheur ce qui ne tardera pas à apporte un charme supplémentaire à cette histoire.

Une lecture qui va vite, à la lumière du mode de vie de cette époque. En plongeant dans ce roman très rock'n'roll, on vit au fil de la musique, des drogues et d'un besoin d'identité. Ce petit roman sous un air humoristique nous est raconte Lola, une jeune femme perdue mais attachante. Elle se retrouve à un croisement de sa vie, ainsi qu'à un croisement dans nos sociétés. On nous dresse le portrait de cette jeune femme perdue, par le mal de notre siècle : le complexe. Entre complexe et angoisse, elle essaye de se dresser dans ce monde de paillettes et vivre en paix avec elle-même.

Mais ce texte, nous parle également de l'après seconde Guerre Mondiale. Ces enfants de juifs déportés, qui vivent dans un souvenir qui ne leur appartient pas. Comme une mémoire collective, ils essayent de se construire sans réellement comprendre ce que signifie être juif. Entre horreur du passé et avenir compliqué.

Cette petite lecture sera vous toucher par sa joie de vivre. La musique permet ce partage toujours plus intense entre un artiste et son public. Dans ce roman c'est au côté de Jimi Hendrix, Mick Jagger ou encore Janis Joplin que l'on circule. On apprend de leurs musiques, de leurs vies, de leurs angoisses. Chacun vit avec ses peurs ancrées en lui, et tout le monde doit à sa manière les combattre et se relever jour après jour. C'est donc avec une certaine finesse que ce texte nous propose sa vision des célébrités, cette recherche de liberté et d'identité dans la musique.

L'auteure qui a réellement était journaliste musicale, utilise ses propres connaissances pour nous présenter un portrait des plus réalistes sur le début des carrières des plus grands groupe de rock au monde. On réalise le besoin aussi de se retrouver après des événements tragiques de notre histoire. Un besoin de communauté, de se rapprocher ensemble autour d'un même élément de joie : ici, la musique. Peut être devrons nous, nous le rappeler encore aujourd'hui !

Ce texte simple, sera vous émerveiller et je l'espère vous plonger dans des tubes incontournables de notre passé. En espérant que ce petit récit puisse aussi nous faire prendre conscience de ces réflexions : Comment trouver sa place, entre les angoisses du passé et ses propres errances, face à sa propre vie ?
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          100
Lola Bensky a les mêmes initiales que son autrice : Lili Brett. Ce récit m'a paru très autobiographique.
Lola Bensky est née dans un camp de personnes déplacées en 1946 m, en Allemagne. Puis ses parents ont émigré en Australie. Dans la première partie, Lola a vingt ans, est journaliste et découvre le rock à travers des artistes comme Mick Jaeger, Jimi Hendrix, Jim Morison, Janis Joplin, Cher….. Dans le Londres des sixties, ils sont tous en train de devenir plus ou moins célèbres.
Lola Bensky revient sans arrêt sur ce que ces parents ont vécu à Auschwitz. Enfant de rescapés, elle essaie d'analyser en quoi ce qu'ont vécu ses parents a une influence sur sa vie à elle …. Une influence considérable puisque la mère de Lola ne s'est jamais remise de la perte de toute sa famille et des tortures qu'elle a subies.
Lola, à 20 ans, est obèse et ne pense que régimes, camps de concentration (et un peu aux personnes qu'elle doit interviewer pour son journal.)
Un livre fort émouvant (à ne pas lire en cas de moral dans les chaussettes : la mort y est omniprésente, ressassée à l'infini)
Commenter  J’apprécie          90
Difficile d'être la fille de survivants de la Shoah, Lola en sait quelque chose, elle qui porte le lourd fardeau de la culpabilité de ceux qui restent, legs douloureux de ses parents rescapés d'Auschwitz : "Tu devrais être fière qu'ils ne t'aient pas tuée, toi aussi, avait dit un jour Lola à sa mère, alors qu'elle avait treize ou quatorze ans. Renia avait explosé.
Fière ? avait presque hurlé Renia. Fière de voir ma soeur et mon père être assassinés devant moi ? Il n'y a pas de quoi être fier ! Je devrais être fière de quoi ? D'avoir eu le privilège de voir des milliers de corps incinérés dans des fosses géantes, dehors, parce que les fours crématoires étaient trop pleins de gens pour en brûler plus ? Fière d'avoir vu des enfants assis par terre avec la gangrène qui leur mangeait les bras, les jambes, les doigts, les orteils, une gangrène provoquée par des médecins pour mener leurs expériences insensées ? [...] C'est quelque chose dont il faudrait être "fier" ?
- Tu devrais être fière de ne pas être morte, avait répété Lola à voix basse.
- Il n'y a aucune raison d'être fier de ça, avait rétorqué Renia."
Alors, Lola se tait et porte en silence ce poids de la culpabilité, plus lourd qu'une chape de plomb. Problèmes d'obésité, agoraphobie, dépression... elle va lutter toute sa vie pour échapper aux démons d'un héritage maudit.
Rassurés par la simplicité de cette jeune femme ultra-sensible qui fond pour les Caramello et les faux-cils, toute en rondeurs et antithèse de "Twiggy la brindille" le mannequin-star de l'époque, les plus grandes rock-stars des années soixante vont se confier en toute confiance et simplicité à Lola. Dans cette biographie romancée, l'auteure nous révèle des facettes totalement inédites de légendes du rock tels que que Mick Jagger, Jimi Hendrix ou Jim Morisson... des portraits d'ailleurs par toujours flatteurs pour certains d'entre eux !

Servie par une écriture fluide et plaisante, voilà une narration dénuée de toute linéarité temporelle qui mêle habilement les époques, un récit où la gravité côtoie la légèreté. "Lola Bensky", c'est soixante ans d'une vie riche en événements, heureux comme douloureux, couchés sur le papier et livrés sans fards sous nos yeux esbaudis. Un récit intime qui nous offre une réflexion intéressante sur la condition humaine... Si la mort occupe une place majeure et revient de manière récurrente dans les écrits de Lily Brett, on sent aussi combien la vie a d'importance dans son univers.
Aux cendres des défunts, Lola préférera les paillettes des vivants, écartant habilement les mauvaises herbes de son chemin !
Lien : http://leslecturesdisabello...
Commenter  J’apprécie          90
De Londres à New-York en passant par Monterrey, Lola Bensky, 19 ans, interviewe les stars en devenir dans l'effervescence des sixties pour le journal australien Rock-Out. Mais, loin d'être un catalogue plus ou moins nostalgique de portraits sur le vif, c'est surtout à une quête identitaire particulièrement intéressante que nous assistons.
En effet, Lola est la fille de deux rescapés d'Auschwitz et interroger Mick Jagger ou Jimi Hendrix lui donne l'occasion de revenir sur son enfance si particulière, de poser en quelque sorte les questions qu'elle n'osera jamais poser à ses parents.
Se trouvant régulièrement trop grosse (elle est toujours en train de se programmer des régimes plus bizarres les une que les autres), Lola, cahin-caha, finira par trouver un certain équilibre et bouclera la boucle en retrouvant plus de quarante ans plus tard le chanteur des Rolling Stones à un dîner très chic.
Les portraits des rock stars sont extrêmement vivants, sensibles et sonnent très justes. On se prend aussi de sacrés chocs en découvrant les informations distillées plus ou moins clairement par les parents de Lola et la manière dont les enfants des rescapés développent des comportements psychologiques semblables. Mais Lola , vaille que vaille, conserve toujours l'équilibre et ne plonge jamais son lecteur dans la dépression. Un roman troublant.
Lien : http://www.cathulu.com
Commenter  J’apprécie          80
En 1967, Lola Bensky a 19 ans. Elle est jolie, trop ronde et journaliste pour un magazine de rock australien. Elle porte des faux cils et se programme des régimes bizarroïdes, enfile des bas résilles mais n'ose pas bouger en société de peur de dévoiler son embonpoint.

Elle est aussi la fille de deux rescapés d'Auschwitz, et porte le lourd héritage de ses parents, la culpabilité des survivants.

de Londres à New-York elle rencontre et fait le portrait des jeunes musiciens qui marqueront l'histoire du rock. Jeune fille naïve et mélancolique, ses interviews sont aussi l'occasion de questionner sa propre identité et ses racines. Mick Jagger, Jimi Hendrix, Mama Cas, Cher, Janis Joplin nous apparaissent non pas comme des peoples mais des êtres emplis de doutes,de beauté, de talent et bien souvent de gentillesse.

Roman largement autobiographie, Lola Bensky m'a à la fois surprise et charmée. J'ai aimé suivre l'errance de cette jeune fille peu sûre d'elle, marquée par les camps et virevoltant dans le milieu du rock des années 60, puis de la femme indécise qu'elle devient, écrivain, deux fois mariée (Mr Ex- Rock star et Mr Quelqu'un d'autre) et mère en Australie. L'auteur saisit des anecdotes touchantes ou réjouissantes, ce livre est drôle, sombre, original et foisonnant dans ces questionnements. L'on passe de l'horreur d'Auschwitz à la joie turbulente du rock des années 60/70, sans que cela ne nous choque, car nous vivons bien dans ce monde ou le pire et le meilleur se côtoient sans cesse.

Une belle tranche de vie et d'humanité qui nous est contée.

Céline


"Est-ce qu'il y avait une quantité de gaieté limitée dans le monde ? Peut-être que si on ne la surveillait pas de près, sa gaieté, elle pouvait disparaître comme ça, d'un coup."

"Lola découvrait que le passé faisait aussi intrinsèquement partie d'un individu que le fait d'être grand ou petit. Impossible d'effacer sa taille ou son passé par un effort de volonté. Celui de Lola serait toujours rempli de cadavres, de baraquements, de peur, de maladies et de la barbarie des hommes ordinaires."
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
Commenter  J’apprécie          60
le roman de Lily Brett, paru aux éditions de la grande Ourse et qui a obtenu le prix Médicis en 2014, est en grande partie autobiographique. C'est à travers un personnage fictionnel, Lola Bensky, journaliste assez atypique, que l'auteure nous raconte sa vie. Lola, tout en interviewant les stars du rock à Londres et à New York pour son magazine australien, Rock-Out -nous sommes en 1967- fait part (aux rockers comme à nous, lecteurs) de ses réflexions sur son régime alimentaire, son drame étant d'être trop grosse, et de souvenirs de la Shoah vécus par ses parents! Fille de parents polonais rescapés d'Auschwitch, elle est née dans un camp pour personnes déplacées en Allemagne et a grandi à Melbourne. Mais si ses parents l'aiment, elle a vite réalisé qu'ils n'étaient pas véritablement présents car ils ne sont jamais sortis des camps de concentration, sa mère surtout qui ne peut s'empêcher de revivre sans cesse le passé .
Si j'ai choisi de lire ce livre, ce n'est pas pour faire un pèlerinage sur les traces de Mick Jagger, Jimi Hendrix, Manfred Mann, Paul Jones, Cher, Jim Morrison et bien d'autres puisque je n'ai jamais aimé le rock (oui, je sais, je suis un anachronisme vivant dans la génération 68)! Mais contre tout attente, pendant la lecture, je me suis intéressée à ces stars que Lili Brett alias Lola Bensky fait revivre d'une manière surprenante dans des interviews pas très orthodoxes et tellement drôles parfois. Elle interroge Jimy Hendrix sur ses bigoudis, aide Barry Gibb a acheté 4 costumes semblables, se lamente sur son poids avec Mama Cass, interroge Cat Stevens sur ses tics de genoux, et se fait voler ses faux cils par Cher! le ton est nouveau, plein d'humour, inattendue même. Il est aussi plein d'émotion quand elle évoque la courte vie de certains de ces rockers qui se droguaient et priaient pour ne pas mourir vieux.
Si j'ai choisi de lire ce livre, c'est pour rester dans la continuité de mes lectures. Avec le liseur de Bernhard Schlinck et Automne allemand de Stag Daggerman je venais de découvrir le sentiment de culpabilité et le mal être des enfants de parents nazis après la guerre. Il m'a paru intéressant de savoir comment les enfants des victimes rescapées avaient vécu eux aussi.
J'avoue que là encore le ton du roman surprend. Les atrocités des camps d'extermination, telle que sa mère a pu la vivre, Lola Binsky les distille entre deux interviews, petites anecdotes que l'on reçoit comme une gifle, au cours d'un bavardage à bâtons rompus ou de la découverte d'un nouveau régime amaigrissant. Cette apparente désinvolture donne encore plus de force à l'horreur. Peu à peu l'on s'aperçoit que toute la vie de Lola est hantée par ces souvenirs qui reviennent obsessionnellement. Elle n'a pas connu les camps mais comme sa mère, elle n'en est jamais sortie. Les enfants des rescapés des camps de la mort sont tous, nous dit Lily Brett, d'une manière ou d'une autre, perdus dans un brouillard, en proie à des crises de panique, assaillis de maux physiques et de maladies psychosomatiques. A travers l'autodérision et l'humour, le ton se fait plus grave pendant que l'écrivaine analyse les traumatismes du passé qui l'ont marquée d'une trace indélébile.
Un roman curieux et décalé, passant du rire à la gravité, parlant du pire avec légèreté, pour mieux nous communiquer la souffrance et la détresse qui ont nourri ces jeunes générations et leurs malheureux parents. Un livre à découvrir!

Lien : http://claudialucia-malibrai..
Commenter  J’apprécie          51
Nous faisons la connaissance de Lola lorsqu'elle a dix-neuf ans et est journaliste pour un journal rock australien. Elle interviewe toutes les stars de l'époque, ce qui donne lieu à d'incroyables portraits, saisissants de naturel. C'est un premier aspect de ce roman, qui a priori ne m'attirait guère et qui pourtant m'a séduite rapidement.

Le deuxième aspect est lié aux origines de Lola. Ses parents sont tous deux des survivants d'Auschwitz. Elle est née dans un camp de transit en Allemagne, avant que la famille ne gagne l'Australie. Ce passé va peser lourdement sur toute la vie de Lola, Il faut dire que ses parents, Renia et Edek ne lui épargnent pas les souvenirs, à quatre ans elle sait déjà précisément ce qui se passait dans les chambres à gaz.

Autre tourment, Lola est trop grosse, surtout aux yeux de sa mère. Sa vie n'est faite que de régimes élaborés, commencés ou pas, suivis ou pas et son aspect ne la satisfait jamais.

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (280) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1768 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}