Les vents contraires connaissent
L’endurance de tes pas
Sur une rive éloignée de tes lieux
Mais quelle eau quelle terre
Auraient pu accueillir ta présence
Quand tu pars en voyage
En compagnie d’humains
Délaissés sur le trottoir de la vie
Une femme qui marche
Ne cherche pas son pays
Ici ou là-bas
Ce pays reste gravé sur sa peau
Relis les textes crayonnés
Sous tes pas invisibles
Tu verras que tu marches
Depuis l’étincelle de l’aurore
À l’ombre de l’arbre
Qui sème des mots
À tout vent en tout lieu
Ces mots qui racontent
Le rythme infini de ta mémoire
Tu as besoin de mains sensuelles
Pour façonner les méandres de ton corps
Comme un fleuve qui déborde en savane.
Une rive ne sépare pas…
Une rive ne sépare pas
Deux mondes ou deux pays
Mais une question en deux temps
Hier et aujourd’hui
Hier encore tu avais foi en la vie
Tu espérais qu’aucune rivière
Ne transborderait l’eau de ses crues
Sur une terre hospitalière
Ici là-bas ou ailleurs
Tu imaginais qu’aucun fleuve
N’inonderait des maisons si paisibles
Là où le temps avait tissé son nid
Là où des humains heureux
Admiraient les étoiles
Scintillant par-dessus les fenêtres
Mais les étoiles meurent parfois
Belles et filantes qui brûlent leurs ailes
Contre les barrières fabriquées
Par des humains prédateurs
Qui séparent le temps de lui-même
Aux frontières de leurs rêves inachevés
Et le temps s’est arrêté
Au milieu de la maison
Les ailes fracassées
Contre le mur du futur
Le temps s’est arrêté
Il t’a prêt un miroir
Tu as regardé
La face cachée
De l’eau dormante
Que tu as été
Cinquante années durant
Sous le soleil d’une vie à deux
Le temps s’est arrêté
Et tu as eu envie
De t’envoler
En réparant tes ailes cassées
Tu es devenue l’oiseau
Multicolore sur le balcon
Qui chante nuit et jour
Les nouvelles du monde.
Il y a simplement
Qu'un mot reconnait un autre mot
Qui ne lui ressemble pas
Les mots cheminent ensemble
Ils dessinent les couleurs de la paix
Ils écrivent une phrase de concert
Ils invitent d'autres mots à mêler leurs voix
A la fete du temps qui rythme les intempéries
Tes consonnes et voyelles sont des briques de terre
Qui se marient sur une parcelle de la langue
Que tu apprivoises
Tes syllabes veillent à la surface
De tes désirs brimés depuis
Le premier matin où tu as salué
La clartédu temps qu'il fait
Tes accents sont des pierres précieuses
A polir ensemble
A la lumière de rêves anonymes
Dans l'attente du feu d'où jaillit le sens