Il y a quelques années, j'ai lu l'Été de cristal.
Étais-je alors distrait, fatigué, accaparé par une autre lecture ? Je ne sais plus... Toujours est-il que ce premier tome de la célèbre trilogie berlinoise ne m'a laissé qu'un souvenir vague, confus, celui d'un roman plaisant mais pas non plus inoubliable. Seul Bernie Gunther (le détective de choc emblématique de l'oeuvre de
Philip Kerr), son caractère bien trempé - teinté parfois, il faut bien l'admettre, d'une certains suffisance - et son sens de la répartie m'étaient à peu près restés en mémoire.
Pour ce qui est de son enquête en revanche, aux péripéties nombreuses et aux ramifications multiples, j'avoue que j'étais un peu passé à côté.
Aussi quand j'ai appris la parution de cette adaptation BD, je me suis dit qu'un roman noir si unanimement plébiscité méritait bien une seconde chance, et que cette version illustrée me permettrait peut-être de mieux comprendre le succès de la saga.
De ce point de vue, la mission est accomplie ! Alors que le roman m'avait semblé plutôt quelconque, les dessins en ligne claire de
François Warzala et le texte incisif et percutant de
Pierre Boisserie m'ont ouvert une nouvelle porte d'accès à ce classique du polar, qui prend pour cadre Berlin et l'Allemagne nazie de l'entre-deux-guerres.
Bernie Gunther, le privé spécialisé dans la recherche des personnes disparues, à fort à faire dans les méandres de la capitale allemande, où partout flottent des oriflammes ornés de croix gammées et où les éliminations soudaines et les disparitions inexpliquées sont légion.
C'est bien cette atmosphère sombre et pesante, propice aux magouilles en tous genres entre les riches industriels, les différents hommes de pouvoir et les divers départements des polices d'État, qui fait tout le sel cette histoire à tiroirs !
La restitution haute en couleurs du contexte politique m'a finalement bien plus intéressé que l'intrigue elle-même, soigneusement emberlificotée, truffée de rebondissements et de noms propres germaniques à rallonge qui auront tôt fait d'embrouiller un peu plus le lecteur peu familier avec la langue de
Goethe...
De la même manière que l'ambiance prime sur l'enquête, ce sont bien les décors, automobiles, immeubles et boulevards, qui ont retenu mon attention, plus encore que les personnag
es aux traits plutôt grossiers et dont les mines pareillement patibulaires ne m'ont pas aidé à bien les identifier. Heureusement leurs dialogues font souvent mouche, et même si Bernie Gunther m'est à nouveau paru assez antipathique, un peu arrogant, très sûr de lui et vaguement machiste, l'ensemble reste très réussi !
Pour ne rien gâter l'ouvrage est très beau : la qualité du papier et de l'impression, ainsi que la reliure toilée de rouge, contribuent pleinement au plaisir de lecture.
Voilà finalement un bien joli cadeau des éditions 'Les Arènes' et de Babelio (grand merci à vous !) qui va peut-être m'inciter à découvrir plus avant l'oeuvre originale de
Philip Kerr ... en attendant la sortie du tome II !