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4,12

sur 1504 notes
Que dire sur cette biographie d'Anaïs Nin, que j'avoue ne connaître que de nom ?
Je trouve les dessins particulièrement réussis avec toute la représentation onirique qu'implique le récit.
Quant à la vie d'Anaïs Nin par elle même...
Je suis très très loin de ses attentes et de son génie, de ses fantasmes et de la réalisation de ces fantasmes...
J'ai appris qui elle était...et je n'ai rien envie de lire d'elle.
Cette BD m'aura au moins permis ça.
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Tout de suite, on est happé par le graphisme léger aux crayons de couleurs, élégant et raffiné. Il y a beaucoup de blanc, parfois l'image s'efface dans une saturation de lumière, les volutes viennet marquer les moments forts, il y a une ambiance bleuté aérienne. le graphisme m'a tout de suite attiré. Ensuite, le nom d'Anaïs Nin ne m'était pas inconnu, bien que je n'aie jamais rien lu d'elle. J'ai eu ma période Henry Miller dont j'ai à peu près tout lu (entre 1985 et 1990). Deux arguments qui plaident en faveur de cette bande dessinée. Léonie Bischoff joue de cette élégance pour nous proposer un récit à tendance érotique dans une ambiance du début des années 1930.
Mais je n'ai pas pas adhéré au récit, j'ai parfois eu l'impression que l'auteur avait pris un personnage à connotation érotique et surlfureuse comme prétexte à des images suaves et éthérées. Les récit de coucheries d'Anaïs ne sont pas bien passionnants, il faut attendre les 20 dernières pages (sur 180) pour que le récit prenne enfin son élan, et que le parallèle avec la littérature se fasse vraiment sentir, c'est un peu long et l'ennui ne m'a pas épargné. Les questions cruciales qu'on est légitime de se poser lorsqu'on lit une biographie d'une écrivaine est : Est-ce que cette bande dessinée nous permet vraiment d'appréhender la production littéraire d'AnaÏs Nin ? J'ai ouvert à la bibliothèque quelques pages de ses écrits, et je n'en suis pas convaincu. Et surtout : Est-ce que cette bande dessinée donne envie de lire l'oeuvre d'Anaïs Nin, et bien ma réponse est malheureusement un “Non” catégorique. La bande dessinée n'a pas atteint son but et le résultat, bien que très beau, n'est pas à la hauteur de ses ambitions.
Je vais en fâcher certains en disant ça, mais cette lecture me fait penser au film “Camille Claudel”, très esthétique, avec une forte intensité dramatique, mais bien que le film était vraiment réussi, l'oeuvre de Camille Claudel est très loin de la puissance de celle d'Auguste Rodin, on peut faire le parallèle de la même façon entre Anaïs Nin et Henry Miller.
P.S. : J'ai lu dans une critique (soi-disant) presse de ce recueil qu'il était question d'Arthur Miller, alors je tiens à prévenir, le prochain qui confond Arthur et Henry recevra les foudres de ma colère !
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Léonie Bischoff nous propose d'entrer dans l'univers de l'écrivaine et diariste Anaïs Nin. L'autrice et illustratrice nous raconte quelques années de la vie de l'artiste, en mettant en relief les différents aspects de sa vie de femme(s) : les affres de l'écriture, de l'amour, de la sexualité, de l'attirance, de la création... Bref de la vie d'une femme artiste !

J'ai été trés touchée par ce récit émouvant. Léonie Bischoff réussit à nous présenter les différentes vies d'Anaïs Nin, sans fioriture, sans fard mais sans impudeur non plus. Les dialogues sont parfaitement menés, y compris lorsqu'il s'agit de "conversations intérieures". Les dessins sont travaillés, à la fois simples, précis, éloquents et poétiques. Les illustrations varient selon les périodes, les thèmes abordés et les personnalités en présence. Certaines planches pleines pages sont à couper le souffle !

J'ai particulièrement apprécié la mise en valeur de la dualité d'Anaïs Nin... à découvrir sans tarder !
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Dans « Anaïs Nin sur la mer des mensonges », Léonie Bischoff met à l'honneur une écrivaine et diariste en avance sur son temps dont la simple évocation laisse flotter comme une odeur de soufre ! Fascinée par son journal depuis son adolescence, l'autrice portait ce projet depuis huit ans et il lui a fallu travailler dessus deux ans à plein temps pour le réaliser. Elle choisit de ne pas proposer une biographie exhaustive mais de se concentrer sur un moment clé : celui des années 1930, à Paris, quand Anaïs cherche à s''accomplir en tant qu'auteur et qu'elle rencontre Henry Miller. Il s'agit donc de ses années de formation quand elle va s'affirmer en tant que femme et devenir une précurseure du polyamour.

Une oeuvre poétique

Le titre à lui seul est magnifique. Il est poétique et renvoie à la dimension littéraire de l'ouvrage par son sujet et par son écriture. Il est expliqué dans la citation qui se trouve sur la 4eme de couverture : « Chaque homme à qui j'ai fait lire mes textes a tenté de changer mon écriture. Ecrire comme un homme ne m'intéresse pas. Je veux écrire comme une femme. Je dois plonger loin de la rive pour trouver les mots … sous la mer des mensonges .. .». Ainsi il lie intimement la vie (les rencontres avec les hommes) et l'art (l'écriture) : la voie et la voix. « La mer des mensonges » désigne les multiples mensonges à la fois écrits (fantasmes) et réels qu'invente Anaïs pour pouvoir mener plusieurs existences parallèles et qui vont parfois la faire voyager, parfois l'amener au naufrage. Anaïs Nin était fascinée par les bateaux (elle a même habité sur une péniche) et Léonie Bischoff fait d'elle un esquif : elle a rompu les amarres à cette période de sa vie mais elle ne dirige rien. Elle est perdue et ballotée par des vents contraires … Les pages de garde reprennent le motif de la houle. On retrouve l'allégorie du bateau dans nombre des vignettes.

Léonie Bischoff use d'images tout au long de son roman graphique. Dès la couverture, elle montre la dualité du personnage : la jeune femme de la bonne société à la coiffure sage et la robe des années 1930 qui protège son journal intime et le double, immergé sous la mer, qui ouvre son journal comme une boîte de Pandore et ressemble à une vestale grecque à la longue chevelure. Ce qui est affiché et ce qui est caché, ce qui est expurgé et ce qui ne l'est pas : les deux versions du journal sont ainsi matérialisées.

Il y a sept chapitres de longueur inégale séparés par des pages très sobres métaphoriques : elles arborent chacune un élément lié soit à la métamorphose et à l'éclosion soit à la féminité et soulignent la dimension d'émancipation du récit.

Un récit d'émancipation

Depuis que son père a quitté sa famille, Anaïs écrit son journal qui la console et lui permet de s'analyser. Ses journaux devrais-je dire puisque Léonie Bischoff nous explique que l'écrivaine a créé deux versions de ses journaux intimes : une édulcorée qu'elle donne à lire à son mari et la première mouture où elle dresse une représentation sans fard de ses relations et pensées intimes. La version non expurgée n'a été publiée qu'après le décès d'Anaïs et d'Hugo ; l'autrice s'appuie sur cette dernière comme elle se sert également beaucoup de la correspondance entre Henry Miller, June et Anaïs. Elle a repris beaucoup de citations et en a reformulé légèrement d'autres.

La narration est classique et efficace. Elle joue des temporalités au fil de l'introspection que l'héroïne éponyme fait d'elle même : on découvre sa vie de femme mariée, sa vie d'autrice, son enfance, ses relations aux hommes de sa vie et son rapport à la sexualité et à son corps mais c'est toujours fluide et lisible. L'autrice distingue grâce à des couleurs différentes les récitatifs d'Anaïs et ses monologues intérieurs (présentés sous forme de dialogues avec son double) des dialogues proprement dits. Les premiers sont sur fond jaune, les autres sur fond blanc. Et de nombreuses pages sont muettes car le graphisme se suffit à lui-même.

Même dans la période restreinte évoquée dans l'album, il lui a fallu faire des choix pour donner une cohérence thématique : ainsi, même si Anaïs rencontre Antonin Artaud à l'époque, il n'en est pas question dans l'album car cette rencontre ne s'inscrit pas dans les thématiques de l'émancipation et de la formation. Lorsque le livre commence, l'héroïne est encore très incertaine, en devenir, mais petit à petit, elle s'affirme à travers ses lectures et ses rencontres et parvient à l'épanouissement.

Le récit est bien évidemment centré sur Anaïs. Les autres personnages sont perçus par son prisme : Ainsi son père est littéralement vu comme un soleil (un astre remplace sa tête) ; quand ils sont en vacances ensemble, il parait jeune et d'une belle prestance ; quand elle le revoit à Paris quelques jours plus tard, il a perdu de sa superbe et ressemble à un vieillard. Or, c'est seulement son regard sur lui qui change. Cette subjectivité hyperbolique se perçoit également dans le portrait qui est fait de Miller qui, avec ses petites lunettes et sa grosse bouche de travers, est loin d'être un Apollon mais est présenté comme un géant dans le paysage car il la subjugue lors de leurs discussions intellectuelles.

Anaïs est complexe. Elle veut vivre sans tabous et tester toutes les formes de sexualité : elle couche donc avec ses analystes, son cousin homosexuel Eduardo, a des expériences saphiques avec June Miller et des relations incestueuses avec son père tout en restant amoureuse de son mari Hugo. Elle est paradoxale : fragile, incomprise d'un côté, machiavélique et destructrice de l'autre. Elle vampirise un peu ceux qui l'entourent comme le montre la planche où Miller et elle épinglent June comme des taxidermistes pour nourrir leur oeuvre.

Sa dualité est formidablement marquée par le thème du double présenté en couverture. Il représente à la fois son « ça » qui l'encourage à l'exploration et également le journal caché à qui elle s'adresse comme à une soeur jumelle. L'Anaïs « officielle » est dessinée de façon épurée sans ombrage alors que le double a beaucoup plus de matière comme pour figurer sa part d'ombre. Parfois on les voit rapprochées l'une de l'autre, en symbiose, parfois éloignées spatialement : tout cela matérialise les tiraillements de l'héroïne.
Attention tout de même à ne pas mettre cet album dans toutes les mains : c'est une belle affirmation de soi mais qui passe parfois par des canaux radicaux : outre l'adultère, on a un avortement à un stade très avancé de la grossesse et un inceste peut-être fantasmé ou pas … Léonie Bischoff joue avec des faits avérés et d'autres qui le sont moins. Elle nous fait naviguer, nous lecteurs, dans un monde étrange, dans la psyché d'Anaïs …

Un graphisme sensuel

Pour dépeindre la vie de la jeune artiste, la dessinatrice a utilisé des crayons « rainbow color » à la mine multicolore aux dominantes vert-bleu-pourpre. Elle ne savait jamais quel en serait exactement le rendu et c'était parfait pour la description d'un personnage déroutant. le grain est particulier aussi, on peut jouer sur l'épaisseur du trait ou la transparence avec les pigments et donc lui donner de la sensualité ou au contraire un côté épuré.

Son trait tout en courbes est également très sensuel. Léonie Bischoff établit graphiquement l‘équivalent des métaphores de la romancière en développant des motifs floraux, végétaux et animaux très Art Nouveau. Dans plusieurs séquences oniriques, l'autrice délaisse le figuratif et livre des planches presque surréalistes.

Les scènes érotiques sont traitées avec légèreté et dans des motifs floraux récurrents. Ils évoquent la pulsion de vie, la montée de sève, le plaisir. Les seules qui tranchent sont les planches décrivant l‘inceste : elles sont comme mises à distance sur fond noir et m'ont fait penser à ces cartes à gratter que nous avions à l'école, sur lesquelles nous gravions un dessin laissant apparaître la couleur sous la couche d'encre noire.

Les vignettes sombres et chargées alternent avec d'autres très claires et dépouillées. La mise en page est très variée. Avec parfois des pleines pages, d'autre fois un découpage en bandes et cases de différents formats. Des incrustations et de superpositions aussi. Les cases -quand il y en a- sont tracées à main levée ; elles gardent donc un côté mouvant et dynamique. Chaque page est une surprise ! le livre en soi est très beau avec une couverture à revers en canson grammé, un papier épais même, seul bémol, si j'aurais cependant aimé un format plus grand pour mieux apprécier les superbes dessins.

Cette biographie nous donne un portrait de femme élégant et complexe. Avec force inventions graphiques mais sans jugement moral. Comment faire pour trouver sa place dans un monde d'hommes, comment obtenir le respect, comment s'épanouir malgré les diktats sociaux ? comment trouver sa voie et sa voix ? C'est ce qui a passionné Léonie Bischoff pour son deuxième album solo. L'ouvrage interpelle le lecteur par sa beauté mais aussi par son actualité.
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Ce livre, édité par Casterman est d'une assez jeune autrice, Léonie Bischoff (39 ans) et a, fort judicieusement, été soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles (Commission d'aide à la bande dessinée). Judicieusement car c'est, selon moi, une très grande réussite.
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« Anaïs Nin. Sur la mer des mensonges » nous propose, sur 190 pages, un moment critique de la vie de Churchill (Mais non, faites un effort !), de… Anaïs Nin. Pour qui l'ignorerait cette romancière (1903-1977) est avant tout connue du grand public pour être « la première femme à avoir écrit de la littérature érotique ». Elle a aussi tenu un, sulfureux pour l'époque, journal intime et été l'amante de plusieurs grands écrivains, à commencer par Henry Miller (et son épouse). Elle se sera passionnée pour la psychanalyse. Ses origines (fille d'un compositeur et pianiste cubain d'origine catalane, et d'une chanteuse d'origine franco-danoise) de même que son rapport « particulier » à son père, sa naissance en France suivie de son départ pour New-York à l'âge de 11 ans achèvent de poser le décor à savoir celui d'une femme à la vie extraordinaire.
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Ici nous découvrons Anaïs jeune mariée mais qui étouffe un peu dans cette vie. Son mari, qu'elle rêvait artiste, est devenu banquier, sa vie sexuelle ne l'épanouit pas pleinement… Nous suivrons donc quelques années de son existence tumultueuse, celles où elle va mieux se découvrir, tant comme écrivain que comme femme, en particulier au contact de Henry Miller. Elle se départira progressivement de son désir de fidélité et s'assumera, à la fois comme polyamoureuse, comme amante et comme une femme écrivain refusant résolument de plagier les hommes, d'écrire comme eux. C'est donc une conquête vers une liberté, une compréhension de soi et un épanouissement personnel qui nous est proposé ici, avec ses errances, parfois ses égarements, ses moments de culpabilité, ses clivages mais aussi ce farouche besoin d'être, intégralement et sans rien renier de soi. La mise en parallèle entre ses cheminements amoureux, sexuels et artistiques est très intéressantes et a un côté freudien certain. Cette femme peut sembler immorale et l'est d'une certaine façon mais elle n'a rien non plus d'une inconsciente et elle tente simultanément de ménager ceux qui l'entourent, ce qui est difficilement conciliable avec une vie libre, un dilemme qui n'a rien de très surprenant ni novateur pour la plupart d'entre nous… mais qui prend tout son sens pour une femme au début du XXe siècle, avec les pesanteurs sociales infiniment plus importantes qui régnaient.
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L'objet-livre est très beau, avec un papier épais, qui évite le rendu trop blanc et qui se marie donc à la perfection avec des dessins semblant fait aux crayons de couleur à la mine multicolore, des tons pastels, assez peu de couleurs en général et des visages très expressifs (le rendu des regards est remarquable). L'objet a pour moi un côté très « féminin », sachant marier une très grande élégance, un aspect poétique et une expression nette de la sexualité, cette dernière n'étant pour autant jamais « crue » et vulgaire. Il y a ici une évidente concordance avec le projet artistique d'Anaïs Nin.
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Je conseille cet ouvrage à tout amateur de beaux romans graphiques, à qui aimerait en savoir plus sur cet écrivain comme à qui s'interroge sur sa vie, sur l'équilibre à trouver entre liberté personnelle et stabilité, entre exploration de relations multiples et volonté de ne pas causer de souffrances à autrui, à qui s'intéresse aussi aux conséquences sur une enfant d'une séparation parentale car cette dimension est assez présente et traitée de façon fine, de même que la difficulté à se (re)construire après avoir grandi un temps dans la présence puis dans l'absence d'un père "particulier" (disons). Je conseille toutefois à qui envisage d'acheter ou d'offrir ce livre de vérifier que le dessin le séduit (il est très personnel et doit donc pouvoir déplaire autant que charmer) et préviens que la liberté d'Anaïs, son manque de tabous physiques et moraux, peut choquer. de la même façon et même s'il n'y a aucune vulgarité, certaines images sexuelles sont assez explicites.
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Je n'ai jamais lu un ouvrage d'Anaïs Nin mais son nom apparaissait ici ou là comme une femme à la réputation sulfureuse mais dont je ne connaissais rien et la lecture de chroniques sur ce roman graphique (entre autres chez Mémoires de livres) m'a poussée à la découvrir à travers un roman graphique.

Anaïs Nin est la narratrice à travers son journal intime dans lequel elle confie ses pensées les plus inavouées à son double, la vraie Anaïs Nin, loin parfois de l'image qu'elle offre à son mari Hugo, banquier, ses rêves les plus secrets, ses attirances sexuelles qu'elles soient masculines comme sa liaison, entre autres, avec Henry Miller, ou féminines avec l'épouse de celui-ci June, mais également sa relation ambigüe avec son père tout en évoquant sa recherche d'écrivaine avec Henry Miller, son mentor, libérée à la fois dans son corps mais également dans ce qu'elle veut exprimer dans ses ouvrages.

Grâce à Léonie Bischoff et la manière dont elle restitue les différentes facettes du personnage, l'épouse insatisfaite, l'écrivaine en devenir explorant le domaine qu'elle veut explorer, l'amante découvrant le plaisir mais également la patiente en psychanalyse, j'ai découvert une femme en recherche d'elle-même, se libérant dans l'écriture de son journal et franchissant le pas en vivant ses fantasmes, assumant ses choix en bousculant les conventions et les règles.

Le franchissement du miroir des illusions, des vérités de l'intime, de ses recherches de cohérence entre le moi intime et la femme publique est parfaitement rendu et c'est une jolie découverte d'une écrivaine que j'ai désormais envie de lire dans le texte mais également une belle mise en dessins, parfois légers ou sombres, suivant les humeurs, interrogations de l'héroïne, les époques et les rencontres.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Léonie Bischoff nous propose une biographie captivante d'Anaïs Nin, en se concentrant sur les années qui marquent son passage du statut d'épouse de banquier se rêvant romancière à celui d'auteure qui s'affranchit des conventions. Cette libération passe par des étapes qui défient la morale (celle de l'époque, celle d'aujourd'hui...) dont la multiplication des amants est la moindre des transgressions : le passage racontant l'avortement est tout particulièrement éprouvant, quant aux relations avec son père...
Au-delà de tout ça, Anaïs Nin apparaît comme une jeune femme sensible et attachante qu'on est heureux de voir trouver l'équilibre dans cette vie peu conventionnelle.

Et ce beau portrait de femme est joliment servi par les dessins de Léonie Bischoff qui sont superbes, sur papier épais, avec un magnifique travail sur les couleurs, toutes en nuances, avec beaucoup de luminosité et de finesse dans le trait.

J'ai adoré...
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Anaïs, jeune épouse d'un banquier installé à Paris, écrit depuis des années son journal et souhaite devenir écrivain de fiction sans y parvenir. Elle aime profondément son mari mais pressent que cette relation ne lui suffit pas et la laisse insatisfaite. Elle peine à trouver un équilibre dans cet univers bourgeois. Sa rencontre avec Henry Miller va bouleverser sa vie. Ils vont écrire ensemble puis devenir des amants passionnés. A compter de cette époque, Anaïs Nin va s'affirmer comme une femme libre qui collectionne les amants et comme la première femme écrivain d'ouvrages érotiques.

Ce sont ces quelques années d'émancipation qui sont racontées par cette bd qui ne constitue donc pas une véritable biographie.

Anaïs Nin , tout à la fois fragile et forte, amoureuse et féministe, objet des désirs masculins et libre, est vraiment un sujet intéressant. Mais si elle m'a intéressée, elle ne m'a pas vraiment émue.
Je n'ai pas été trop fan des dessins aux crayons de couleurs, un peu ternes à mon sens, même si je reconnais la beauté de l'ouvrage.

Objectivement c'est très réussi mais voilà pour moi, il a manqué un je ne sais quoi pour un véritable coup de coeur.
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Que savais-je d'Anaïs Nin? Pas grand chose...
J'avais entendu parler de "Vénus érotica" et de son journal sans jamais n'en avoir rien lu. Peut-être aussi ai-je lu quelque part qu'elle était une des premières femmes auteures à avoir osé parlé clairement du désir féminin (scandale en la demeure!) et de psychanalyse... A vrai dire, elle avait pour moi cette aura un peu désuète des scandaleuses de la première moitié du XX°siècle, encensées par les années soixante-dix.
Autant dire que je ne savais rien.
Si je me suis un peu intéressée à elle, c'est par le biais d'une autre écrivain dont j'admire le travail: il s'agit de Diglee dont je suis le blog (je me sens si vieille soudain!) et les publications parmi lesquelles sa merveilleuse anthologie de poésie féminine "Je serai le feu", dans laquelle elle consacre un chapitre à celle qu'elle appelle "sa Neptunienne", présentant quelques uns de ses poèmes. Car oui, Anaïs Nin n'était pas qu'une auteure de nouvelles érotiques (commandées au passage par un collectionneur riche et anonyme qui avait exigé de Nin "moins de poésie et plus de cul"), une diariste sulfureuse, une extravagante mondaine. Non! C'était une auteure à part entière que son époque (comme souvent) ne reconnut pas à sa juste mesure: une diariste, une romancière énigmatique, presque symboliste, et une poétesse de talent. Il en faut de la magie, des images et de l'intensité pour écrire des vers si mystérieux mais si pleins de lumière: "Je perçois les déplacements des étoiles et des planètes, leur grincement léger, rouillé lorsqu'elles changent de position. Et la traînée soyeuse des radiations et la respiration des sphères". Ou encore: " Je marchais à l'intérieur de mon propre livre, en quête de la paix. Il faisait nuit et je fis un faux mouvement au-dedans du rêve; je tournai trop brusquement à un carrefour et vins me heurter à ma folie".
Quelques vers et la bête était ferrée: j'ai cherché à faire connaissance avec Anaïs Nin et comme bien souvent la vraie Anaïs est à chercher loin de l'image que lui a sculpté la postérité. C'était une femme complexe, libre, artiste. C'est aussi une femme qui s'est construite avec de lourds bagages, des blessures, des manques et à la lumière de son vécu si particulier, on ne peut s'empêcher de réfléchir -une fois encore- à la place des femmes dans la société...

Un roman et les poèmes plus tard, je n'ai pas encore eu le courage de me lancer dans le "Journal" de Nin mais je me suis plongée dans le très beau roman graphique que lui a consacré Léonie Bischoff: "Anaïs Nin, sur la Mer des mensonges".
On découvre dans ce livre récompensé en 2021 à Angoulême le portrait d'Anaïs Nin et la vie de son installation en région parisienne avec son époux, Hugo, au début des années trente à sa rencontre avec Lawrence Durrell en 1937.
L'oeuvre adopte le point de vue de son sujet et le lecteur est invité à suivre le flux de pensées d'Anaïs Nin à travers certaines scènes de sa vie mais aussi par le biais de son journal rédigé quotidiennement, écriture nécessaire, drogue et oxygène à la fois, pour la jeune femme qui tente de lutter contre d'indicibles angoisses et un ennui oppressant. Peu à peu, on découvre un personnage en quête de lui-même et de sa sensualité, assoiffée d'art et d'écriture, complexe, ambiguë. D'une sensibilité déconcertante d'intensité. C'est une narration à la Virginia Woolf... le flux et le reflux des vagues, et l'immensité de la jetée. Et d'ailleurs, Nin, tout comme Woolf, avait bien compris l'importance d'avoir "une chambre à soi'...

A travers sa quête d'elle-même et ses rencontres (son mari, Henry Miller, June, Otto...), Anaïs opère sa mue dans cette période charnière qui la voit assumer ses désirs, tant du point de vue de l'écriture que de celui des sens et de la sexualité. Pour autant, rien de voyeur ni de racoleur dans l'oeuvre de Bischoff qui a le bon sens de remettre à sa juste place les retrouvailles de l'auteure avec son père -ce père abusif que l'opinion ne condamnait pas, contrairement à sa fille, victime condamnée et c'est à vomir- avec beaucoup de pudeur et d'intelligence.

Outre l'intelligence du propos, les graphismes et les couleurs de Léonie Bischoff sont d'une sensibilité et d'un onirisme rare. Ils ne sont pas sans élégance non plus, bien au contraire et semblent épouser à merveille la vision, l'âme peut-être bien, de leur sujet. L'aspect crayonné, la douceur des couleurs de la palette dans laquelle dominent tantôt l'ocre, tantôt le bleu; l'éclat et la beauté des pleines pages... Tout cela concourent à faire de "Anaïs Nin, sur la mer des mensonges" un portrait magnifique autant qu'un récit initiatique troublant et magnifique, mêlant intelligence et sensibilité comme rarement.



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Anaïs Non fait partie des auteures que je n'ai jamais lu, aussi cette belle couverture de bande dessinée, qui plus est récompensée, semblait être un moyen idéal et ludique pour découvrir la femme et son oeuvre.

Les graphismes sont sublimes et ont quelque chose de très vaporeux qui donne un charme très particulier à l'histoire, en cela la couverture a tenu toutes ses promesses de la première à la dernière page.
La première partie qui met en scène les premières années de mariage de la femme qui deviendra auteure, relève une femme qui a grandi certaine image des familles - plutôt aisées - et conservatrices quant aux valeurs et aux normes sociales et s'est donc sentie tellement bridée qu'il lui a été nécessaire de créer un journal dans lequel elle pouvait exprimer les désirs et fantasmes qu'elle refoulait.
Cette partie là est intéressante, mais le reste... La rencontre avec Henry Miller et sa femme June et les épisodes qui suivent où il ne se passe pas grand chose en dehors des hommes qui vont et viennent entre ses cuisses (parfois dans sa propre famille) m'ont franchement ennuyée. Que ça arrive une fois, deux fois disons, mais après on comprend vite l'idée pas la peine d'en mettre des tartines. Si c'est pour ces passages sulfureux, transgressifs et consanguins que l'auteure est devenue si célèbre, ... je peux envisager qu'à l'époque ce fut chose très novatrice de parler de ce sujet tabou, qui plus est dans le milieu dont elle est issue. Mais cela signifierait peut-être tout simplement que ce n'est pas pour moi.

Une bande dessinée très jolie et envoutante pour ce qui est de la forme, mais un fond...pfff... qui n'a rien d'inoubliable !
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