Anaïs Nin sur la mer des mensonges

C'est par le biais d'Henry Miller et de mon petit frère collectionneur de BD que j'ai été vers cette lecture. Merci donc à l'un et à l'autre, bien que pour le premier, ça va être difficile !
Cette diariste a vécu dans la région parisienne, épouse d'un banquier, elle s'ennuie dans son couple et tient son légendaire journal ou plus précisément deux journaux intimes, dont un bien plus intime que l'autre et donc bien mieux caché. Elle va naviguer entre différents amours simultanés avec son mari, Henry Miller et son épouse, son professeur de flamenco, son psychanalyste, je dois en oublier quelques-uns. Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, le portrait qui en est fait par Léonie Bischoff est celui d'une jeune femme timide, qui manque d'assurance dans son talent d'écriture, qui ne veut nuire à personne mais qui aspire à une liberté sexuelle assez rare dans les années 1930. Rien à voir avec l'image sulfureuse que l'on pouvait s'en faire. le graphisme est absolument magnifique et empreint de poésie.
Challenge multi-défis 2022.
Challenge riquiqui 2022.

Portrait illustré ou rêvé d'Anaïs Nin, femme de lettres peu connue à son époque, devenue égérie d'une certaine émancipation féminine avant de revenir comme une figure incontournable du mouvement MeToo. La force et la beauté étrange, presque onirique, du dessin de Léonie Bischoff transcende, avec une rare maestria, les détails purement biographiques d'une vie tourmentée pour mieux en traduire l'essence même. Un tour de force et un plaisir de lecture doublé d'un bonheur esthétique.

Anaïs Nin, je la connaissais de nom (en chanson aussi) mais je n'avais pas tellement pris le temps d'en savoir plus sur qui elle était et ce qu'elle avait accompli.
Grâce à cette magnifique bande-dessinée, j'ai pu combler ce vide et j'ai déjà ajouté un ou deux livres de l'autrice dans ma wishlist pour creuser un peu plus le sujet.

S'il y a bien une chose que je retiens de cette femme c'es qu'elle est unique, tout comme cette bande-dessinée. Comme vous le verrez sur les planches que j'ai ajoutées, les dessins et la palette de couleurs sont également atypiques. L'image traduit l'insaisissable et la poésie du personnage qu'elle met en valeur.

Inspirée et inspirante, Anaïs Nin est une femme insondable, à la limite de l'inaccessible. Elle oscille entre des périodes heureuses ou elle s'épanouit et où sa productivité est à son apogée avec des périodes où elle se sent inutile et où son travail d'écrivaine ne lui donne aucune satisfaction.
Pour comprendre cette femme, il faut se pencher sur ses proches et les relations qu'elles a eu qu'elles soient familiales, amoureuses ou amicales. le chemin est systématiquement semé d'embûches et les petits bonheurs alternent avec des disputes épiques.
L'autrice a su rester dans le flou concernant certaines choses, libre aux lecteurs de comprendre ce qu'il veut. Mais certains autres passages sont très explicites et donnent un éclairage certain sur pourquoi cette femme s'est-elle construite ainsi.
C'est une magnifique bande-dessinée que nous propose Léonie Bischoff : aussi incisive que poétique, ses dessins illustres à merveille l'aura onirique qui entoure cette femme hors du commun.
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J'ai acheté ce roman graphique pour découvrir Anaïs Nin. J'aurais mieux fait de m'abstenir. J'ai l'impression d'avoir surtout fait connaissance avec une demi-mondaine, demi-vertueuse dont la renommée est due pour l'essentielle à ses journaux intimes relatant ses nombreuses liaisons. Peut-être l'auteur a-t-elle un parti pris effaçant l'artiste derrière l'amante. Plutôt déçue donc, sauf pour le dessin, juxtaposition de couleurs pastels et tons noirs, nuanciers des humeurs de la vie.

Ce livre est très beau. Les dessins crayonnés, le jeu des deux seules couleurs, les fresques érotiques en mouvement sont très esthétiques. Malheureusement, cela n'a pas suffi à maintenir mon intérêt très longtemps. Je n'ai pas trouvé le personnage d'Anaïs Nin particulièrement attachant et ses histoires d'amour (et plutôt des histoires de sexe d'ailleurs) ne m'ont pas du tout tenue en haleine. le fait que le personnage représente une personne réelle aurait pu apporter quelque chose mais c'est finalement assez accessoire. Je rejoins certaines critiques précédentes: ce livre ne donne pas particulièrement envie de connaître davantage Anaïs Nin.
Si le roman graphique est la rencontre de ces deux arts, ici, seul le côté graphique est vraiment réussi.

Sur le thème de la liberté sexuelle, l'histoire que je ne connaissais pas d'une femme écrivaine qui fut l'amante de Henri Miller. Une femme tourmentée qui veut vivre pleinement ses envies sans blesser ceux qui l'aiment et ceux qu'elle aime. le mensonge s'avère indispensable.
Elle passe beaucoup de temps chez les psychanalystes, elle est très soucieuse d'elle même. Son oeuvre principale est son journal intime.
C'est aussi une description de la vie d'Henri Miller, le portrait d'une époque et d'un milieu : Paris des écrivains, peintres artistes des années 20, 30.
Le dessin est très agréable, crayonné finement avec des traits de couleurs douces.

Quelle belle surprise de découvrir les délicats dessins fleuris de Léonie Bischoff, qui, je le crois, font écho à la poésie et la délicatesse des écrits d'Anaïs Nin. Les relations de cette dernière avec ses amants, parmi lesquels Henry Miller, malgré un constant amour presque platonique avec son mari, le venin de l'inceste «consenti » avec son père, sont abordés avec finesse.

Un ouvrage graphique magnifique, porteur d'une histoire complexe et déstabilisante, celle de la vie d'Anaïs Nin… Celle d'une ou de plusieurs vies vécues ou rêvées, la recherche d'un équilibre entre ce qu'on est et ce que d'autres ont besoin de voir en nous. A lire absolument!

Biographie intéressante car Anaïs Nin est dépeinte avec ses côtés sombres, sa complexité, une forme de sincérité moralement choquante pour l'époque. Aujourd'hui encore, le propos reste subversif. Quant au graphisme, il faut souligner son originalité et sa "féminité" tant est qu'il soit possible d'associer un genre à un dessin...

Si je devais qualifier le roman graphique Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, un mot me vient de suite : Sulfureux ! Sulfureux parce qu'il respecte à la ligne les fantasmes et le quotidien de l'écrivaine ponctués par ses rencontres masculines, ses temps d'écriture de journaux intimes et de relecture de l'oeuvre d'Henry Miller -écrivain sans le sou avant le succès-. Anaïs Nin a un esprit torturé et on se rend compte que cela ne roule pas complètement dans sa tête, par ses cauchemars et ses doutes nombreux et par ses choix de partenaires : on peut dire qu'à elle seule, elle dépasse tous les tabous.
J'ai ouvert ce livre en repérant le graphisme et les couleurs sublimes de Léonie Bischoff qui raconte Anaïs Nin avec grâce, sans complaisance, mais sans distance non plus. L'autrice m'a fait découvrir une humaine captivante et séduisante, qui a eu l'art d'attirer l'intérêt d'autrui sans malveillance. Elle narre l'époque titi-parisienne arty, le multiculturalisme, une forme de tolérance à tout type de plaisir, au dépassement de la fidélité sans jugement, mais bien entendu dans un milieu socialement très éclairé et peu cadré.
Bizarrement, le très réussi Anaïs Nin sur la mer des mensonges ne m'a motivée à découvrir l'oeuvre d'Anaïs Nin qui se met à nu (dans tous les sens du terme) : je ne suis pas tentée d'y lire ce que mes yeux ont vu grâce à ce beau roman graphique explicite. Je rate sûrement quelque chose mais j'ai toujours préféré la fiction à l'autobiographie. J'ai savouré le trait de crayon de Léonie Bischoff, son scénario, les couleurs et les scènes décrites. J'ai rarement vu un si bel équilibre entre le dessin et le script.
J'ai passé un bon moment avec cette femme sincère (ayant un environnement à mille lieues du sien), m'étonnant de ne pas être choquée par tant d'érotisme (que je trouve charmant par ailleurs): bon, il y a quand même un épisode très complexe à digérer que je vous laisse découvrir, et qui m'a mise mal à l'aise. Et ce n'est pas la plume de Léonie Bischoff qui est responsable mais plus un épisode de vie de Miss Nin. Une question de morale, assurément !