AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de zouips


En plus de faire un bilan de ce qu'est devenue notre société, notre civilisation, attaquée sur tous les fronts, Solange Bied Charreton, avec ce roman, d'une écriture orageuse, tendre et poétique, nous raconte une histoire d'amour qui invite à regarder, là aussi, les choses en face. Son héroïne, Aurore, dans sa relation amoureuse avec Gestur, oscille entre déni et peur, mélancolie et joie , chacun se faisant une idée de son pays, de sa place et de l'amour qui ne correspond malheureusement pas forcément à celle de l'autre.
Avec ce roman, nous traversons une période qui fût marquée par les attentats du 13 novembre 2015, celui du 14 juillet à Nice et l'assassinat du père Jacques Hamel le 26 juillet 2016 à Saint Etienne du Rouvray. Aurore voit son pays sombrer dans la violence, offrant comme riposte à son adversaire des marches pacifistes et des dépôts bouquets sur les lieux des massacres. Quant à Gestur, venant d'un pays sans armée, sans violence et même sans juron , il ne comprend pas l'assaut des black blocs en marge des manifestations, les actes de déprédations des champs Elysées, il ne sait pas distinguer les soldats des autres individus quand il arrive à Roissy malgré l'uniforme et les fusils.
Il faut savoir que Gestur est un archéologue Islandais qu'Aurore a rencontré dans une librairie. Commence alors leur étrange relation faite des longues absences de Gestur qui passe la moitié de son temps à creuser la terre aride et désertique de son pays à la recherche de vestiges vikings et à donner des conférences de par le monde.
Même si la première partie raconte la rencontre et les prémices de cette histoire d'amour particulière, la langue est râpeuse et aride comme les paysages islandais, elle est également meurtrie et désabusée en se frottant aux tristes évènements des années 2015 et 2016.
En seconde partie , la naissance du petit Erling ne modifie pas le mode de vie de Gestur, très lucidement Aurore le décrit comme un voyageur pour lequel, elle et son fils ne sont qu'une escale durant laquelle il ne s'investit pas . Plus aucune exaltation n'étreint leurs échanges dont les mots sont devenus vides. Aurore se rend compte qu'elle ne fut qu'une échappatoire, qu'un sujet de fuite. Elle mettra du temps, celui de l'acceptation, avant de comprendre qu'elle avait servi à quelque chose avant d'être quelqu'un.
Ce roman, qui est une profonde réflexion sur le couple, parle avec lucidité et finesse de la relation improbable entre un homme fuyant et une femme dans le déni . Viendra ensuite l'acceptation quand cette dernière comprendra le rôle qu'il lui avait attribué et qu'elle avait inconsciemment joué auprès de lui.

Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}