« Sur le pas de la porte, […] je me rapprochai de lui et l’embrassai. Il accepta ce baiser sans tout à fait me le rendre, comme il accepta cette relation, sa nudité, son inutilité. Il accepta de compter pour moi, il accepta d’entrer dans ma vie. Il accepta de ne pas être l’acteur de cette configuration, et d’en être le spectateur. Il le fut jusqu’au bout, à la naissance de notre fils, et jusqu’à la rupture, qu’il accepta aussi de très bonne grâce. Jusqu’à l’étrange accord qui nous lie à présent, l’entente autour d’Erling. Il accepte mon pardon, accepte cette affection, cette amitié particulière. Il aura, très longtemps, assisté à sa vie. »
Trois années ont passé, cela paraît à la fois une éternité, une vie entière - vie du couple achevée, aux corps éparpillés, aux promesses spectrales - et un instant seulement, tant nous sommes les mêmes. Aucune exaltation n'étreint plus nos échanges, tous nos mots sont vidés. Nous sommes emmurés malgré nous dans cet instant et en ces quatre murs.
J'aurais voulu savoir si je comptais pour lui, si la fascination qu'il exerçait sur moi était réciproque. J'aurais aimé déceler ce qu'il avait en tête, mais j'ignorais encore que je n'y aurais jamais accès.
Là-bas, il n’y a personne. Vous pouvez crier, pleurer, appeler les vôtres ou même les maudire, personne ne vous entend. Vous êtes enfermés dehors, jetés hors du monde des hommes.