Il est des livres qui vous marquent. Celui de
Thibault Bérard en fera partie.
Pourtant je l'avais choisi par hasard à la médiathèque, parmi les propositions des bibliothécaires (demi hasard donc). Mais cette couverture m'interpelait. M'attirait. Alors j'y suis allé. Et le contenu fut à la hauteur de la photo. Lu en 2 jours.
Aucun suspense pourtant quant à l'issue dramatique du récit. On sait où elle va Sarah, vers quoi elle se dirige de manière implacable. On sait qu'elle ne vaincra pas la maladie. Pourtant on y croirait presque. Un peu comme dans Titanic. le bateau coule, on sait, et pourtant…
Sarah et Théo, son compagnon, ont une force de vie incroyable. Une histoire d'amour belle, forte, intense. Cette urgence qu'on retrouve dans l'écriture. L'art du décalage même quand tout déraille. Se raccrocher à une référence, un jeu de mot, une chanson.
Oui, c'est un livre avec une bande son. La vie c'est un peu ça. On a accroché nos souvenirs à des références : le cinéma, la musique, le second degré, l'amour des voix, des personnages « qui ressemblent à » et qui nous permettent nos codes à nous, nos connivences, nos sourires. Même quand ça tangue.
J'aime cette idée d'une histoire dans laquelle un personnage vous la raconte, son histoire. On est dans la confidence, dans l'intimité. Avec ses tourments. Ses vibrations. C'est fort. Puissant. Et magnifique à la fois.
Petit extrait de dialogue alors que le bateau a pris l'eau depuis longtemps déjà :
- "Il doit passer à quelle, House ?
- Les infirmières m'ont dit « dans la matinée ». Donc…
- Donc, on a le temps de se faire tout un cycle Bergman.
- Voilà."
J'ai ri en lisant ce roman. Souri souvent. Pleuré aussi. Mais le solaire l'a toujours emporté avec des personnages bouleversants !
Un jour, quelqu'un avait écrit à propos de mes concerts « ce garçon a l'élégance du tragique ». Je pourrais écrire la même chose de
Thibault Bérard. Il met de la lumière là où on ne l'aurait pas imaginée, cette lumière.