Comment penser qu'un mot peut changer une vie ?
Il faut imaginer.
Avec le temps, la lecture, l’écriture, j’ai compris que l’exil singulier d’un pays renvoyait à un autre exil, commun celui-là.
Ne sommes-nous pas tous en exil du ventre de notre mère ? De ce lieu premier ?
Et depuis, en désir de lien.
Qui échappe à cet exil-là ?
Qui échappe à la nostalgie de la langue du silence ? Celle qui nous reliait à une autre vie. Miraculeusement.
Chacun de nous porte son poème en lui. Le poème de sa vie.
Le poème donne vie au désir qui va en un seul souffle
de l’exil au lien.
C'est peu un horizon quand on a le cœur vaste
Tout le sel de la mer n'a pas suffi à nos poitrines
Le bleu du ciel est entré
et souffle entre nos côtes
Quand nous ne marcherons plus
nous volerons.
Alors plus que jamais, le poème a sa place…
Alors plus que jamais, le poème a sa place.
Parce que nos vies, mouvantes dans le temps, éphémères
et fragiles, valent leur poème.
Chacune.
Et ce n’est pas, comme la littérature aux yeux de qui cela
arrange, la «cerise sur le gâteau ».
Non, c’est le pain.
Le seul le vrai qui nourrisse au plus profond notre être.
Notre nom est une île
au voyage sans fin
par chaque bouche reliée
au coeur d'un autre nom
porté par l'océan le souffle du désert le cri
du nouveau-né
Nous sommes archipel
infini
dans le temps.
l'espace est si mince
entre l'os et le mot
Les étoiles incrustées sous la chair
il faut vautour et rage
pour nous arracher
un peu
de ce qui brille
Et tant d'amour sans attendre pour garder la lumière.