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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le miel et l'amertume.... Un joli titre qui rappelle ces senteurs souvent associées.
Dans ce roman l'amertume domine. L'amertume de plusieurs vies gâchées, détruites, enchaînées à la haine de l'autre.
Maroc. Tanger. Aujourd'hui. Un couple d'octogénaires qui n'en peut plus de vivre ensemble, qui n'en peut plus de voir la mort les ignorer. Un secret, une honte.... Leur fille morte. Leur fille qui s'est suicidée à 16 ans.
Un couple qui se détruit autour de ce drame insurmontable.

Le livre est douloureux, empreint d'une tristesse lancinante. Un beau livre à lire.
*
Un regret : Gallimard ne fait pas un 4e de couverture digne de ce nom, l'éditeur résume le livre du début à la fin !
L'attente, les questions que j'aurais pu avoir en cours de lecture ont été rendues inexistantes par ce résumé scolaire. Dommage !
Attention c'est ce même 4e de couverture qui figure sur Babelio....
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Tahar Ben Jelloun 'Le miel et l'amertume", une histoire déchirante, celle d'une jeune fille vivant au Maroc dans une famille traditionaliste et qui après avoir vécu l'horreur, sous le coup du traumatisme, décide de se suicider. Avec ce roman très bien écrit, on plonge au coeur des mentalités du Maroc, les méandres de la religion musulmane, vécu différemment selon les familles. On nous présente les mariages arrangés, le contrôle total et rigoriste de la foi islamique dans une société marocaine corseté, où les tabous sont nombreux notamment sur la sexualité. La virginité des jeunes filles qui sont mariées à des hommes qu'elles n'aiment pas forcément. Alors on serre les dents et l'on prie pour que le mari ne soit pas trop violent. le divorce dans ces familles traditionnalistes est inenvisageable. Samia à 16 ans, elle aime la poésie, la lire et l'écrire. Elle tient d'ailleurs un journal intime où elle expose son mal être et l'impossibilité de se réaliser pleinement, de vivre selon ses désirs, d'être soi-même. le livre nous parle de ces parents mortifiés suite à la perte de leur fille. Mourad, un père effacé, manquant de courage, de cran mais qui souffre terriblement. Les rapports avec sa femme Malika sont quasi impossible, chacun des deux rejetant la faute sur l'autre sur le drame vécu. Société du silence, où il ne faut surtout pas aborder par peur de la rumeur, du regard des voisins, de la honte face à tout comportement un peu différent des moeurs communément admise et défendu par un islam rigoriste. Cette immersion au coeur du Maroc, la corruption omniprésente et la difficulté pour les femmes d'assouvir leurs envies, de réaliser quelque chose qui leur appartiennent vraiment. C'est terriblement émouvant, profondément sombre avec tristesse lancinante d'un couple qui se déchire. Samia n'avait que seize ans. Son geste peut être perçu comme une sorte de pied de nez terrible aux traditions qui étouffent la société marocaine. C'est un roman que je vous recommande. Tahar Ben Jelloun a obtenu le prix Goncourt 1987 pour son roman "La nuit sacrée."
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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C'est une histoire dramatique qui montre une famille déchirée par le viol suivi du suicide d'une jeune fille.

L'histoire se passe à Tanger. Malika et Mourad sont les parents de Samia qui aime la poésie. Pour son malheur elle rencontre un pervers pédocriminel (des faits réels ont inspiré ce livre). Ce criminel va utiliser la passion de Samia pour la poésie pour l'attirer dans ses filets.

L'auteur dans une récente interview déclare avoir porté cette histoire depuis longtemps, inspirée par un fait étant survenu dans sa famille.
Ce roman n'est pas seulement le récit d'un meurtre, c'est aussi le procès de différents traits de la société marocaine: la corruption (largement évoquée dans le livre) , la difficulté des couples face aux mariages arrangés, la promiscuité...

Le Maroc voit des associations qui éveillent les consciences mais aux dires de l'auteur les pédocriminels ne sont pas toujours punis.

"Une société qui ne protège pas l'enfance est coupable."
Tahar ben Jelloun souhaite se faire le porte-voix de ces victimes dans une société marocaine encore marquée par la tradition, la honte, la corruption.

L'auteur avait déjà évoqué ces thèmes de harcèlement et de pédophilie dans "la philo expliquée aux enfants". Pour lui il est essentiel de sortir du silence sur ce sujet.
"Le miel et l'amertume" est un livre fort qui dénonce l'impunité des pédocriminels dans le Maroc des années 2000.
C'est un livre qui fait avancer les choses et donne une image saisissante de la société marocaine.
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Lors du festival des écrivains du sud, fin juin, Tahar Ben Jelloun utilisait une image qui m'a beaucoup plu pour répondre à la question qui lui était posée de savoir s'il souhaiterait aujourd'hui ne pas avoir publié certains de ses livres : chaque livre est une pierre de l'édifice, permettant d'occuper à la fin la plus belle maison possible, avec différentes pièces, couloirs, corridors et jardins. À tort ou à raison, une rencontre, dans laquelle j'apprécie les réflexions de l'auteur, me pousse à découvrir son oeuvre…

Le roman "Le miel et l'amertume" s'inscrit dans la suite d'autres récits parus dernièrement sur la pédocriminalité et ses conséquences, avec la destruction d'une adolescente et de sa famille. Ce roman choral permet de comprendre le positionnement du père et de la mère ainsi que les risques que les non-dits font peser sur la fratrie.

L'intérêt de cette lecture réside dans le fait que l'histoire se passe à Tanger et que Tahar Ben Jelloun connaît très bien le Maroc. Il met en lumière le ressenti d'une victime qui aura d'autant plus de mal à parler que l'honneur et la honte occupent des places primordiales dans la société marocaine et que la sexualité est toujours un sujet tabou, sachant notamment que les relations hors mariage font encore aujourd'hui encourir des peines d'emprisonnement selon l'article 490 du code pénal.

À cette thématique centrale du viol d'une mineure s'ajoute des questionnements sur la corruption, sur la solitude et le suicide, sur le racisme qui existe également au Maroc face à leurs immigrés, sur la fin de vie, sur l'importance de la douceur et de la bienveillance, même de celui dont on ne pensait pas en obtenir, pour permettre de retrouver un peu de sérénité.

Il faut enfin souligner que Tahar Ben Jelloun a un réel talent de conteur qui ne peut pas laisser indifférent…
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Je commencerai ce billet avec l'expression d'un très vif mécontentement contre les éditions Gallimard qui, sur la 4e de couverture, dévoilent dès la première ligne un élément important de l'intrigue qui intervient normalement vers la fin du livre. J'ai perdu une grande partie du plaisir de lecture alors qu'un des attraits de l'histoire aurait justement été de découvrir progressivement ces éléments. C'est un peu excessif peut-être, mais ce spoil grossier m'a vraiment contrariée et je ne trouve pas cela respectueux du lecteur.
Donc un conseil : si vous le pouvez, FUYEZ la 4e de couverture (ainsi que le résumé sur Babelio d'ailleurs qui est identique).
 
Parenthèse fermée, revenons au roman…
Le seul livre de Tahar Ben Jelloun que j'ai déjà lu est La nuit de l'erreur, il y a quelques années et j'en garde un souvenir vague mais mitigé. En tout cas, pas une lecture qui m'a marquée.
Aussi, c'est avec prudence et retenue que j'ai abordé cette lecture.

Il s'agit de l'histoire d'un couple de personnes âgées, qui vit littéralement confit dans l'aigreur et la détestation l'un de l'autre. On comprend qu'une tragédie, survenue il y a des années, les a peu à peu éloignés l'un de l'autre et a érigé un mur d'incompréhension et de haine entre eux.

J'ai aimé la trame narrative de l'histoire qui fait un double va et vient : à la fois entre les différents points de vue des personnages et également entre deux temporalités.

La grande qualité de Ben Jelloun est de nous faire, à travers l'histoire particulière de ses personnages, le portrait sans concession d'une société marocaine qu'il égratigne au passage : la corruption, le poids des traditions et de la religion, les violences faites aux femmes…

Il se dégage de ce livre une force qui m'a touchée. Les personnages, avec leurs imperfections, leurs lâchetés, leurs compromissions sont tellement émouvants dans leur détresse, tellement humains, empêtrés dans leur chagrin.

Un livre qui parle de deuil et de destins brisés mais aussi d'espoir et de résilience (d'où le miel et l'amertume). Presque parfait, en dehors du spoil éhonté que j'ai évoqué plus haut.
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Un très beau livre sur la vie au Maroc aujourd'hui avec ses traditions, sa corruption, la religion, les différences sociale.
L'histoire est racontée par un couple en rupture mais qui vivote coûte que coûte dans ce Maroc d'aujourd'hui où la corruption est reine et la tradition toujours omniprésente.
Chaque chapitre est relaté par un protagoniste, le père qui vit mal la corruption dans laquelle il est tombé ; la mère qui se sent délaissée, perdue, vaincue par des années de traditions familiales ; la fille qui est morte suicidée, victime d'un pédophile ; le fils qui regarde ses parents se miner mais qui ne peut rien changer au cours de leur pauvre vie et Viad, le mauritanien qui cherche à rejoindre la France mais qui va s'occuper de ce vieux couple jusqu'à leur mort.
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La lecture de ce livre est saisissante. Je regrette juste d'avoir lu la quatrième de couverture (même le résumé Babelio il ne faut pas le lire) qui raconte bien trop. Si je n'avais pas su l'histoire de Samia avant, le 5 étoiles n'aurait pas été loin. C'est indécent d'en raconter autant. Mais passons …

Une histoire à plusieurs voix. Une chapitre nous emmène à penser avec la mère, un autre avec le père, la fille, les fils …
A travers chacun on découvre le poids de la religion, des coutumes, de l'éducation, du regard des autres.
Tous les personnages sont attachant à leur manière, l'écriture est juste et poignante.
Une très belle lecture.

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Cet extrait du livre ‘'Un pays qui construit plus de mosquées que d'écoles ou d'hôpitaux est un pays fini. Rien de bon n'en sortira'' pourrait à lui seul résumer le Miel et l'Amertume que vient de de publier Tahar Ben Jelloun, premier écrivain d'origine arable à recevoir le Prix Goncourt en 1987 pour la Nuit Sacrée.

L'histoire qui se déroule à Tanger au début des années 2000, ville ensoleillée et cosmopolite de la côte marocaine, nous emmène à la rencontre de Malika et Mourad, couple en fin de vie qui ne se supporte plus depuis des décennies. Terré depuis le jour du drame dans le sous-sol de leur maison, qui fut le symbole de leur réussite sociale mais également de leur dissension familiale, ils ne sont plus que des morts vivants, chacun vivant de ses souvenirs et reprochant à l'autre ce qu'il est devenu. Ils vivent ainsi jusqu'au jour de leur délivrance ultime ne trouvant la paix de l'âme que dans les derniers instants de leur vie.

Au travers du drame familial de Mourad et Malika, dont la fille Samia est violée et se donne la mort, l'auteur livre une critique sévère de la société marocaine du début du XXI° siècle, société où l'on arrange encore les mariages, ou la corruption qui règne en maitre absolue dans la fonction publique est la deuxième économie du pays, ou la religion est encore un véritable carcan empêchant tout à chacun d'être lui-même. La colère si elle n'explose pas dans le livre, est toujours présente comme un volcan en activité, près à cracher sa lave.

Écrit à la première personne, ce roman ou les personnages principaux se livrent peu à peu, dans une lente confession intime, nous révèle l'aspiration à l'honnêteté et l'intégrité de Mourad vite rattrapée par la réalité marocaine, la volonté d'être et de paraître de Malika qui ne trouvera pas le bonheur auprès de son époux, la soif de pureté de Samia, jeune adolescente moderne, aimant la poésie occidentale, qui ne résistera pas au drame personnel qu'elle vient de subir et dont elle n'aura parlé à personne si ce n'est à son journal intime. Pour Mourad et Malika le salut, ou plutôt le repos de l'âme, viendra de Viad, jeune mauritanien entré au service du couple qui saura les écouter et les amener à la sérénité.

Le Miel et l'Amertume, à l'écriture limpide, est un livre fort, puissant, dur, sans concession où au travers de celui-ci Tahar Ben Jelloun se fait le porte-voix des victimes de cette société qui n'offre pas de véritable liberté. Un livre qu'il faut lire car il révèle la face sombre d'une société tiraillée entre ses traditions séculaires et son aspiration à se tourner vers la modernité du XXI° siècle. Bonne Lecture !
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L'amertume et le miel est un livre noir, amer mais beau à lire.
L'histoire se passe au Maroc avec ses traditions étouffantes, ses superstitions, sa corruption, ses contradictions et la religion qui veut tout contrôler.

Avec une écriture puissante, Tahar Ben Jelloun aborde des sujets difficiles tels que le suicide, le viol, le deuil, la solitude et la détestation mutuelle dans un couple.

Mourad est un modeste comptable que sa femme méprise pour son intégrité dans un milieu de corrompus. Mais son intégrité n'est pas assez solide ; elle cède sous les menaces et le tempérament inquisiteur de sa femme. Sa mauvaise conscience ne va plus le lâcher. Cette compromission loin d'arranger les choses avec sa femme, va l'éloigner d'elle.
Une tragédie va anéantir définitivement sa vie, le suicide de sa fille âgée de 16 ans. La vie de couple devient une monstruosité pleine de haine, de tumultes et d'affrontements.

La structure du livre m'a énormément plu. La parole est donnée à différents protagonistes pour raconter chacun avec son point de vue, la même histoire. La description méticuleuse du moindre détail est remarquable, jamais ennuyeuse.

Une lecture qui donne à réfléchir, qui dérange, que je recommande.
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Le récit d'un couple aigri et qui vieillit mal, un couple où chacun se sent prisonnier d'une relation toxique, un couple où l'amour des premières années a laissé la place à la haine de l'autre. Lui, l'homme intègre, a cédé à la corruption ambiante, poussé par sa femme, et s'est résolu à accepter la médiocrité de sa vie. Elle, engluée dans ses superstitions religieuses et les conventions sociales, se pose en martyr de cette vie de malheur et de désenchantement qu'elle s'est créée. En fait, tout a basculé après « la tragédie », après la disparition de leur fille éprise de poésie et de liberté, un drame qui provoque l'anéantissement de la famille et la fuite des fils, plus tard.

Une lueur d'espoir pourtant dans ces pages sombres : l'humanité et la foi inébranlable en un monde meilleur que manifeste le jeune Viad, un migrant, intellectuel mais noir, donc confronté au racisme. Émouvant.
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