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EAN : 9782367190433
80 pages
Tristram Editions (15/05/2015)
5/5   3 notes
Résumé :
Il y a quelques mois, l'invitation est faite à Mehdi Belhaj Kacem de parler en public d'Antonin Artaud, auprès de Pierre Michon.
Sous ce titre provocateur, Artaud et la théorie du complot, Mehdi Belhaj Kacem va droit à une question terrible : quelle est la malédiction qui, depuis Rousseau, a ravagé tout un pan de la littérature, et poussé écrivains, philosophes, poètes, au désespoir et à la folie ? Rousseau donc, mais aussi Kierkegaard, Hölderlin, et exempla... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après quelques années d'infidélité Medhi Belhaj Kacem publie à nouveau aux éditions Tristram dans leur toute nouvelle collection « Souple » de livres pas de poche mais pas coûteux non plus. C'est la transcription d'une conférence donnée aux Rencontres de Chaminadour, à l'invitation de Pierre Michon.
Ces mots de « théorie du complot », ne sont pas tout à fait inopportuns quand on les applique à Artaud, on comprend. On comprend aussi qu'ils ont été choisis pour faire écho à leur résurgence depuis une quinzaine d'années. Mais c'est un livre très court qui reste sur un plan conceptuel très large et il n'est pas directement question de cette résurgence. Et, bien entendu, il s'agit encore moins de juger la « théorie du complot » – que le complot soit magique, spirituel, intellectuel, physique –, qu'importe après tout, s'il y a un sentiment de persécution ?
C'est là qu'il pourrait y avoir une petite incompréhension avec ce titre. Dans cet ensemble de la « théorie du complot », Mehdi Belhaj Kacem s'intéresse plus au persécuté qu'aux persécuteurs. Il ne s'agit pas que d'Artaud, mais il parle aussi de Rousseau « le paranoïaque », d'Hölderlin bien sûr, Kierkegaard, Debord, Benjamin, il cite Beckett, évoque Kafka, Bataille, Baudelaire, Nietzsche, d'autres. Bref, une histoire de la littérature moderne et de ses héroïques persécutés.
Tout ça pour arriver à une réflexion sur la postmodernité, qui est déjà trop vite résumé par l'auteur pour que je tente de la résumer encore plus, mais dans laquelle il attribue à Pierre Michon la place qui lui est due. J'aurais adoré assister à cette conférence. J'applaudis.
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Une éblouissante leçon de philosophie de la littérature, de l'écriture à la lecture.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/12/note-de-lecture-artaud-et-la-theorie-du-complot-mehdi-belhaj-kacem/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Artaud a cette phrase terrible, atroce, insoutenable, qu’on peut en effet mettre sur le compte du délire, de la psychose, etc. – la « passion d’Artaud », a dit cliniquement Lacan l’une des très rares fois où il a daigné s’exprimer là-dessus, lui qui avait diagnostiqué en 1937 ou 38, je ne sais plus, qu’Artaud « n’écrirait plus une ligne » –, ce passage se trouve dans les cahiers d’Ivry, ceux sortis en fac-similé – justement –, et je crois bien n’avoir jamais rien lu de si bouleversant. C’est une phrase où un abîme éthique est en jeu : « Je ne veux pas être bien, parce que je me / reposerais / et que je serais / soulagé dans le mal / Je veux être mal dans / le mal / et mal tant qu’il y aura du mal / Je ne veux pas être bien / Tant qu’il y / aura un atome / un soupçon de mal / je veux souffrir / toujours ».
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Et j’ai très vite compris que le chemin qui me conduirait de l’un à l’autre – Artaud-Michon, Michon-Artaud et retour – était la question de la phrase, et plus exactement ce qu’à mes risques et périls j’appellerai : les phrases héroïques, comme toutes celles que je viens de citer. Cette interrogation sur l’héroïsme m’est venue à la lecture de quelqu’un qui compte énormément pour mon travail, qui compte énormément, non seulement pour ce qu’on appelle encore la philosophie, mais pour, et on ne s’en rend pas encore assez compte, la littérature, le plus grand lecteur de Hölderlin ou de Benjamin qu’on est jamais eu en France et qui est donc Philippe Lacoue-Labarthe, cette espèce d’Antonin Artaud de l’Université – pur oxymore -, et qui dans les dix dernières années de sa vie était contraint – je dis bien : contraint – à des séjours de plus en plus fréquents dans les ciniques psychiatriques – on n’appelle plus ça des « asiles d’aliénés, ces réceptacles de magie noire, conscients et prémédités » -.
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Et pourtant, je ne peux qu’adorer cette loyauté, cet héroïsme qui nous dit : tant que nous produirons, sans cesse, des souffrances absolument inutiles, abominables ; tant que nous saurons que, chaque seconde qui passe, quelqu’un, homme ou animal, se fait torturer, assassiner, tabasser, mutiler, violer, exproprier de son être ; alors la prétention de quelqu’un à écrire, penser, créer sans faire cas de cette souffrance surnuméraire sera nulle et non avenue. Continuer à penser, à écrire, implique pour moi une fidélité sans faille à cette phrase ; ne plus vouloir de cette phrase, c’est pour moi cesser d’écrire, de penser, de créer.
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Mais pourquoi se préoccuper, s’enquérir d’un héroïsme moderne, me demanderez-vous ? La démocratie, le consensus postmoderne et convivialement nihiliste, n’est-ce pas le deuil à la fois dépressif et sarcastique de tout héroïsme, potentiellement fasciste ? Le consentement, faute de mieux, à la « médiocratie » démocratique n’a-t-il pas pour clause imprescriptible le renoncement à toute forme d’héroïsme, l’acquiescement à l’autodérision obligatoire, à la modestie tantôt cynique, tantôt maniaco-dépressive, tantôt les deux à la fois ?
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Mais pourquoi se préoccuper, s’enquérir d’un héroïsme moderne, me demanderez-vous ? La démocratie, le consensus postmoderne et convivialement nihiliste, n’est-ce pas le deuil à la fois dépressif et sarcastique de tout héroïsme, potentiellement fasciste ? Le consentement, faute de mieux, à la « médiocratie » démocratique n’a-t-il pas pour clause imprescriptible le renoncement à toute forme d’héroïsme, l’acquiescement à l’autodérision obligatoire, à la modestie tantôt cynique, tantôt maniaco-dépressive, tantôt les deux à la fois ?
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