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Quand j'ai compris que l'auteur parlait de sa vie, il était trop tard pour interrompre le cours de ma lecture - et bien mal m'en aurait pris. Parce qu'il ne s'agissait pas de lui, mais de son frère, atteint de schizophrénie. C'est toujours pareil avec l'autofiction, si l'auteur a des choses fortes à raconter et que son style est singulier, ça fonctionne : « le roitelet » remplit ces deux conditions.
Il est difficile d'exposer la maladie mentale d'un proche sans sombrer dans le pathos. Jean-François Beauchemin fait des miracles, sur un fil, entre espoir et douleurs.
« le roitelet », c'est le surnom qu'il a donné à son frère, tourmenté, paranoïaque et dépressif depuis l'adolescence, incapable d'affronter le monde : « Souvenez-vous que la réalité le fait souffrir. (…) Essayez, dans la mesure du possible, de le réconcilier avec elle ».
Pas si simple. Son frère se recroqueville, s'incarcère dans son malheur, le tout avec une lucidité déconcertante : « Je suis un puits sans fond. J'ai beau fouiller, je n'aperçois rien qu'une nuit profonde ». Et cette page 46…
Il ne reste à l'auteur que l'amour, l'indulgence et l'empathie. Être présent, sans nécessairement prendre la parole : « C'est trop demander à son extrême sensibilité de vivre dans ce monde orageux, plein de grisaille e de crachin. En un sens, ton frère se bouche les oreilles et regarde ailleurs. Si tu veux l'aider, regarde dans la même direction que lui ».
Un récit émouvant et profond qui transcrit avec délicatesse et pudeur le désarroi que peut susciter la détresse psychologique d'un être cher.
Bilan : 🌹🌹
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Fort époustouflée par la langue de Jean-François Beauchemin, découvert dans l'étonnant “Jour des corneilles” publié aux éditions Libretto en 2013, j'étais impatiente de replonger dans un ouvrage de cet auteur québécois de talent. Ce partenariat avec Folio à l'occasion du “Prix des libraires” était donc l'occasion idéale!

Le roitelet”, quoique toujours en lien étroit avec la nature et mettant, encore une fois, les noms d'oiseaux à l'honneur, s'avère bien différent de cette précédente lecture. Un texte qui semble beaucoup plus personnel, plus intime, dans lequel, le narrateur relate soixante ans d'une existence simple, paisible, en harmonie avec la nature et avec les êtres qui l'entourent. Une vie étroitement liée à celle de son frère cadet, un être à part, à la sensibilité exacerbée qui le rend inadapté à la société et incapable de faire face à la violence du monde. Un frère diagnostiqué comme étant schizophrène, une maladie sournoise, capable de se cacher sous des airs de normalité pour mieux rejaillir dans des accès de folie paranoïaque. Un frère capable, avec sa perception diffractée ponctuée de fulgurances et de lucidité, de faire ressortir la beauté des choses et des liens. Mais un frère qui souffrira toute sa vie de la solitude dans laquelle il est enfermé et de cette réalité qu'il entraperçoit sans jamais pouvoir l'atteindre.

La langue de Jean-François Beauchemin est toujours aussi belle et aussi pure. Elle se récite plus qu'elle ne se lit, portée par une poésie qui dit à merveille la beauté des petits riens qui font le quotidien, mais aussi la réalité d'une maladie pernicieuse, qui épuise et tire son hôte vers le bas. La gravité apportée par le mal est sans cesse compensée par une certaine légèreté, un esprit rêveur qui tente de s'élever parmi les oiseaux.

C'est délicat, tendre, parfois triste, mais toujours emprunt d'une grande sensibilité et de beaucoup de bienveillance. Un roman court mais marquant, qui parle avec finesse du fait que l'on s'enrichit de nos différences, offrant ainsi une jolie philosophie de vie, sur fond de tolérance et d'ouverture d'esprit, bref, ça fait du bien!
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Ce court récit évoque la relation entre un narrateur, écrivain, qui ressemble à l'auteur du roman, et son frère, schizophrène, dont il s'occupe. Tout cela se passe à la campagne, dans un cadre privilégié, très important visiblement pour le narrateur, à la recherche d'une sorte d'harmonie de l'existence. Il y a des moments difficiles, des crises, le frère est souvent dans une grande souffrance, mais l'amour du narrateur vient à bout de tout, de la violence de certains vis-à-vis de cet être différent, de sa violence vis-à-vis de lui-même.

J'ai toujours du mal avec des livres remplis de bons sentiments, comme c'est un peu le cas ici. Ce frère d'une patience et bonté infinies m'a paru presque trop beau pour être vrai. Je n'ai pas non plus été particulièrement sensible à l'aspect poétique de l'ouvrage, de l'écriture, cela m'a paru parfois paru vraiment un peu trop de l'ordre du lieu commun. La recherche de bonheurs simples, d'un sens à l'existence, d'un rythme apaisé, en dehors des impératifs de rendement, d'efficacité, sont très actuels, tout au moins dans le discours, et l'auteur l'illustre. Sans vouloir faire du mauvais esprit, cela m'a rappelé un article que j'ai lu récemment, dans lequel on pointait le fait que ce que l'article appelait « la slow life » devenait une sorte de luxe, réservée aux gens aisés, un retour à une vie à l'ancienne, où l'on prend le temps de cuisiner, de faire les choses soi-même, où l'on se pose pour regarder le monde et les gens, possible uniquement pour ceux qui en ont les moyens. Un peu comme l'otium des Latins fortunés.

Pourquoi pas, l'envie de vivre en harmonie avec soi-même et le monde est aussi ancienne que l'humanité, et c'est une envie des plus respectables. Visiblement de nombreux lecteurs ont été convaincus et touchés par le tableau que dresse l'auteur d'un mode de vie, d'un rapport aux autres, d'une sérénité trouvée, ainsi que d'une manière de vivre au quotidien la maladie mentale d'un être cher, empreinte d'empathie et de bienveillance. Cela n'a pas été vraiment mon cas, trouvant tout cela un peu idéalisé, mais ce n'est que mon impression, et que ceux que les thématiques abordées dans l'ouvrage intéressent, tentent l'aventure.
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C'est ma première rencontre avec cet écrivain pourtant bien connu et prisé au Québec. Son écriture poétique, m'a rappelé à plusieurs égards celle de Christian Bobin et les thèmes abordés par les deux écrivains ne sont pas non plus sans rapport: la vie intérieure et la spiritualité, le bonheur dans la simplicité, l'amour altruiste, que sais-je encore? Ce sont des thèmes qui nous parlent et des leçons de vie qui font du bien… mais qui nous ennuient un peu aussi. de plus je n'ai pu croire complètement à ce frère soit-disant schizophrène mais capable d'une lucidité et d'une finesse d'esprit dignes d'un grand sage. J'ai fini par voir en ce frère un double de l'écrivain, la partie déjantée de lui-même, pris de crises d'angoisse sans raison apparente, celui qui n'accepte jamais complètement le carcan imposé par la société. J'ai donc interprété le texte comme un conte philosophique dont la morale serait une leçon de tolérance avec les parties indomptables autant de de soi-même que des autres.
En résumé, je dois reconnaître que ce fut une belle découverte — j'ai noté à de nombreuses reprises des extraits qui auraient mérité que je les recopie pour les citer — et l'auteur n'ayant pas poussé la leçon de morale sur plus de 144 petits pages, j'ai fini par lui attribuer une note pour moi bien supérieure à la moyenne : quatre étoiles!
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J'avoue que dans les temps terribles que nous vivons, j'ai trouvé refuge dans ce livre, tellement beau et apaisant.
J'avais remarqué dans les librairies la couverture comme un peu vieillie de ce petit livre, d'un vert très doux et ce petit roitelet pointant le bec vers le ciel. Il m'intriguait beaucoup.
Le narrateur (certainement très proche de l'auteur), écrivain, la soixantaine, mène une vie tranquille et simple à la campagne avec sa femme Livia, son chien Pablo et son chat Lennon. Son frère, atteint de schizophrénie, vit à quelques kilomètres de chez lui. le narrateur va souvent le voir pour tenter de calmer une crise, pour discuter un peu en observant la nature. Ou bien le frère débarque à vélo en pleine nuit. Il a besoin de parler. La relation qu'entretiennent les deux hommes est très forte : ils se comprennent à demi-mot, s'écoutent attentivement, restent silencieux… Ils parlent de la vie, de leurs parents disparus, de la mort, de Dieu, du sens de l'existence, de la nature, des bêtes, des gens. II y a toujours beaucoup de tendresse et de bienveillance dans leurs échanges. J'ai lu que ce texte n'était pas autobiographique et pourtant la description de ce frère schizophrène est extrêmement précise et bien analysée. Il souffre beaucoup et son rapport au monde est très compliqué. Ses réactions, souvent inattendues, désarçonnent les gens. C'est un garçon très sensible, dont les paroles sont souvent pleines de sagesse, de vérité et de poésie. le roitelet, c'est un peu lui avec sa petite touffe de cheveux aux reflets mordorés, un  «  roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige, un pays de songes et de chimères ». Mais comme le rappelle l'auteur en épigraphe : « Même quand l'oiseau marche, il sent qu'il a des ailes. » (A-M Lemierre)
Par ailleurs, ce qui est particulièrement remarquable dans ce roman, c'est l'évocation de la nature. Comme je le disais, cela m'a apporté beaucoup d'apaisement à un moment où j'en avais vraiment besoin. J'aimerais voir le monde exactement comme le narrateur le voit, avec la même sensibilité, la même immense capacité d'émerveillement, j'aimerais, toute seule, je veux dire, sans l'aide de la littérature, être capable d'admirer encore davantage ce qui m'entoure, de prendre le temps de regarder un paysage, longtemps, très longtemps afin qu'il s'imprime en moi. Je trouve que nous faisons tout tellement vite. J'habite à la campagne, cela est donc a priori à ma portée. Là, au bout de ma rue, commence la forêt, une forêt immense et belle avec de grands arbres : le GR en direction du Mont-Saint-Michel passe à quelques mètres de ma maison. Je n'en profite certainement pas assez, happée que je suis par un quotidien très chargé. Et ce type de livre me rappelle que le temps file et qu'il ne faut pas oublier, chaque jour, de consacrer quelques instants à l'émerveillement. « Je me réjouis en tout cas de m'être débarrassé de tout ce qui dans la jeunesse m'avait encombré : la méconnaissance de l'âme, la pauvreté de la pensée, la brièveté de l'amour, la vitesse. » J'aimerais moi aussi pouvoir dire cela...
« Tu devrais écrire un livre dans lequel rien n'arrive. » dit le frère.
C'est cela, il n'arrive rien dans ce livre. Juste une multitude de petites choses très belles qui sont là, souvent à portée de main. Au moment du confinement, beaucoup de gens (dont je suis) découvraient la beauté des lieux autour de leur maison. Ils ne les avaient jamais vus avant. Ils allaient plus loin, prenaient l'avion, la voiture alors qu'il suffisait de faire quelques pas, de regarder le ciel, la lumière, les oiseaux. Et les arbres aussi.
Un livre intense, porteur de sérénité, de paix et qui invite à la contemplation… Comme ça fait du bien !

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Un petit livre très chaudement recommandé
que je n'ai sans doute pas su apprécier .
C'est lent, au fil des jours et des saisons,
la vie va comme elle va. ...
La nature est un personnage.
L'auteur vit à son rythme et en est imprégné .
Une belle épouse à l'écoute et disponible,
un chien et un chat très présents..
Et... un frère schizophrène très en demande
d'amour, de reconnaissance et d'échanges.
Un frere, qui du fond de son brouillard,
pose des questions fulgurantes,
émet des considérations d'une force sidérante...
L'auteur est là pour lui, le rassure,
ils cherchent des réponses ensemble.
Ils goûtent le silence en regardant le ciel.
Ce récit est sans doute touchant,
mais il ne m'a pas trouvée .
Je suis restée en marge.
On est dans la simplicité, la beauté du quotidien
que viennent agiter les crises d'angoisse
de ce petit frère vieillissant .
La fraternité qui les unit est rare.



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Un moment de grâce et de recueillement tout à fait inattendu : voilà ce que m'aura apporté ce court roman d'un auteur québécois découvert à la faveur d'un jury de lecteurs.
Des deux frères qui se soutiennent l'un l'autre et se reflètent l'un dans l'autre, pas un ne m'aura moins touchée que l'autre : entre le narrateur retiré du bruit du monde dans la quiétude de son couple mais qui n'en est pas moins pétri de questions existentielles et son frère schizophrène dont la souffrance vous brûle se joue une magnifique partition dans laquelle on est bien à mal de discerner où se situent le bonheur ou la vérité.
Il me restera durablement de cette belle lecture l'image mentale d'une absolue sérénité d'un banc dans le jardin où je sais désormais pouvoir me poser; c'est infiniment précieux.
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Il existe un petit village où dort un écrivain, sa femme Livia, son chien Pablo et son chat Lennon. Au coeur de la nature, cet homme s'interroge sur la vie, la mort, et cette dimension qui existe entre les deux. Son quotidien est aussi illuminé par la présence de son frère, qui souffre de schizophrénie depuis son adolescence. Un lien profond, un amour sincère et une tendresse infinie les unit… et nous en sommes les chanceux spectateurs…

Le roitelet de Jean-François Beauchemin est un moment pur, un instant suspendu, une bouffée d'amour. C'est une lecture faite émotions, des mots posés là à l'endroit parfait, et une petite musique qui murmure le bonheur à nos oreilles.

Les chapitres sont courts et vont à l'essentiel. Ces images, ces paysages, ces petits plaisirs qui rendent la vie plus lumineuse et notre monde moins sombre.
Les questions ne cherchent pas de réponse, elles sont là pour aiguiser notre esprit, ouvrir notre coeur et alléger notre âme.

Les mots décrivent l'amour, celui qui nous porte, celui qui nous émeut, celui qui nous grandit. Ils racontent la douleur de celui qui souffre, qui se sait à part, incompris, rejeté.

Le roitelet est une douceur, une caresse, un instant d'humanité. Ce sont ces petits bonheurs simples que le temps nous vole mais qui donne cette saveur à nos jours…
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C'est l'histoire très simple d'un amour fraternel. Un amour inconditionnel, absolu.
L'un est écrivain, l'autre pépiniériste.
L'un protège l'autre parce qu'il est schizophrène.
La vie du plus fragile est souffrance, incompréhension, solitude , délire, peur
Le plus fort le console, le prend dans ses bras, lui parle, le calme ou est tout simplement là.
Les deux philosophent très différemment mais s'écoutent pour un jour peut-être se rejoindre.
Jean- François Beauchemin, dans un style merveilleusement poétique nous raconte sa vie au jour le jour, ponctuée des visites de son frère sur qui il veille inlassablement.
Près d'eux il y a Livia la femme "silencieuse, timide , mystérieuse", j'ajouterai généreuse.
Il y a Pablo le chien fidèle et déjà vieux.
Le chat.
Les voisins bienveillants, Mr et Mme Vermeulen.
Mr Chung à la philosophie bouddhiste.
Et surtout la nature omniprésente qui les émerveille en permanence.
C'est un livre tellement beau, si émouvant, si bien écrit, que je l'ai refermé avec regret.
Il me faudra le rouvrir un jour pour le plaisir de relire quelques passages sublimes, pour les réflexions sur la vie qui va finir, pour une des plus belles déclarations d'amour jamais lue ( page135)
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C'est ma première incursion dans l'univers de cet auteur. Il a une façon magnifique de raconter l'âme humaine. Il s'émerveille du quotidien, de la nature, des êtres qui l'entourent. Une bien belle découverte!

Dans ce roman, il raconte la vie d'un écrivain vivant à la campagne (je présume de par les descriptions) avec sa femme, son chien et son chat. Il nous raconte l'histoire du frère cadet, qui, à une période de sa vie, devient schizophrène. Il raconte ses inquiétudes pour son frère, sa vie de jeunesse avec lui et le moment où tout a chaviré ….

“Le mot schizophrénie, formé à partir du grec skhizein (fendre) et phrên (esprit), ne pourrait mieux illustrer le coup de hache qui un jour a fait voler en éclats l'existence de mon frère, et ouvert en lui une brèche impossible à refermer."

Mais surtout il raconte l'amour fraternel.
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