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Critique de Lbouquine


Livre lauréat du prix littéraire France – Québec 2016 que je vous recommande vivement.
Anaïs Barbeau-Lavalette n'a pas connu sa grand-mère, seulement les ravages qu'elle a causés dans la vie de sa mère (et par répercussions dans la sienne) du fait de son absence.
Sur la forme, le style est particulièrement fort puisque l'auteur utilise le « tu » pour s'adresser à Suzanne, cette grand-mère inconnue, en retraçant son quotidien de sa naissance à sa mort grâce aux informations issues de l'investigation d'une détective privée. le « tu » comme assertion mais aussi parfois comme questionnement.
Sur le fond, ce livre est d‘une grande intensité, par le parti pris de l'apostrophe, mais également par l'histoire terrible et véridique de Suzanne, cette femme éprise de liberté, terrifiée à l'idée de devenir comme sa propre mère, femme au foyer ankylosée dans la maternité avec une ribambelle d'enfants, vivant sans passion et s'oubliant elle-même, prête à se noyer. Pour fuir ce déterminisme social et sexué, elle abandonne ses 2 enfants en bas âge, sans se retourner. En échappant à cette maternité qu'elle vit comme une prison, Suzanne aspire à se réaliser professionnellement, intellectuellement ou du moins artistiquement et fréquente l'intelligentsia québécoise sans pour autant y appartenir pleinement (à l'exemple du plaidoyer qu'elle a refusé de signer).

Un récit bouleversant, d'une incroyable tristesse, que l'on garde longtemps en mémoire. Cette décision de tout abandonner et ainsi de broyer sa famille, ses enfants, le destin de sa fille Mousse (la mère de l'autrice) m'a littéralement prise aux tripes, avec d'autant plus de force qu'il s'agit d'une histoire vraie.
Un livre qui explore le rapport de Suzanne à la maternité comme un obstacle à l'engagement professionnel (qui, sans aller dans de pareils extrêmes, reste un casse tête pour la grande majorité des femmes).

Mais avec quelle distance lire ce livre ? Ce type d'exercice est toujours un peu périlleux, à cheval entre l'autobiographie, l'autofiction et la fiction pure. Quelle est la part de « vérité » ? Qu'en est-il de toutes les parties sur les relations intimes de Suzanne, sont-elles « réinventées » par sa petite-fille, l'autrice ? Entre réel et fiction ? C'est d'autant plus troublant qu'est plantée, au milieu du livre, une véritable photo de leur famille, insérée entre des éléments de biographie et des passages plus romancés.

Bien que les décisions prises par Suzanne soient révoltantes à plus d'un titre, ses interrogations et son cheminement en tant que femme, mère et intellectuelle peuvent faire écho à nos propres interrogations. A lire.
Lien : https://lbouquine.wordpress...
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