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Delphine Bertholon dans Les Corps inutiles a raconté comment une jeune fille de 15 ans tente de vivre après une agression sexuelle. Paul Baldenberger (dont on apprend qu'il s'agit d'un pseudonyme et que le récit est autobiographique) nous propose une variation sur ce même thème avec une jeune garçon de douze ans dans le rôle de la victime.
David, qui attend la belle Nina de Valmain, la «fille idéale» près de l'aumônerie est contraint de monter dans une Peugeot 505 bleue et de subir les assauts d'un homme : « J'ai regardé devant pour ignorer l'arme endormie entre ses cuisses. »
Le traumatisme est si violent que seul le mutisme peut enfermer ce crime.
« Il me faudra des années pour revenir à ce tremblement premier, celui des roues de la Peugeot rue Louis-Vicat, l'une des dernières rues pavées de ma banlieue. Tout s'éclairera alors et je tisserai un fil supplémentaire entre ces trois heures et le reste de ma vie. »
Au moment de prendre la plume et de raconter cet épisode, on sent que le temps a passé, mais que les plaies restent ouvertes. Qu'à l'heure du bilan, l'auteur éprouve une sorte de nécessité à revenir sur ce drame et sur toutes les blessures familiales, que ‘est pour lui le moyen de les transcender, à commencer par l'exil de sa mère en 1941 à Tunis où elle est contrainte de fuir, laissant ses parents s'engager dans la résistance : « Lorsque je raconte cette histoire vieille de soixante ans à mon amie, ses yeux brillent. Je suis le grand narrateur, l'homme qui a toujours des histoires sur tout, qui tricote des rêves avec ces lambeaux de passé où il semble si à l'aise, si léger, qui font comme des bandelettes dont il se couvre le corps. »
C'est du reste la grande vertu de ce roman, cette belle écriture, fine et précise, qui permet de dire les choses d'une façon terriblement simple. Comment le petit garçon a grandi à l'ombre d'un frère décédé, comment il a vécu ses premiers émois sexuels, avec Christelle a sept ans. Placé derrière elle durant un cours de chant, il «éprouve une irrésistible envie de toucher sa nuque, de l'embrasser, de la mordre.» Avec Nina quelques années plus tard et à qui il n'osera avouer qu'elle est «comme par inadvertance, associée à un événement plus grand qu'elle, qui la dépasse comme il me dépasse et me submerge. »
Comment tout cela s'arrête brutalement, après ce «tremblement au milieu du mouvement et je suis au-delà de ma vie, comme projeté dans un autre monde, découvrant une nouvelle forêt tandis que l'ancienne s'est évanouie. »
Comment la mort envisagée alors trouve dans l'éloignement un pis-aller. Mais avec un ami allemand avec lequel il grimpe en montagne et avec un séjour en Oregon auprès d'une famille américaine, il reprend goût à la vie. Une vie d'où toute vulgarité est bannie, où le beau est un baume délicat, où le luxe est un pansement agréable et où les partenaires sont belles et riches, même si les relations sont éphémères.
Voilà un premier roman réussi parce que l'on sent à chaque ligne sa nécessité et parce que l'on en oublie le sordide pour n'en garder que la transcendance.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Bon, là, je peux dire que ce bouquin contraste complètement avec mon dernier roman "Repose-toi sur moi " de Serge Joncour...
Un roman écrit à la première personne que je qualifierai de récit à la première personne...
J'aurai même franchement cru que c'était une vraie tragédie racontée par l'auteur lui-même. Mais non !
Comme je disais, celà contraste complètement avec le roman de Serge Joncour... qui m'avait envoyé sur le chemin de mes rêves les plus inavoués.
Ce roman, là, renvoie à avoir du plomb dans l'aile.
bon, c'était le premier roman... à voir pour la suite....
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🍃Début des années 80, David est un enfant, un enfant qui ressent ses premiers émois amoureux pour la belle Nina de Valmain. Persuadé qu'il va la croiser devant l'aumônerie en cette journée de juin, il l'attend mais elle ne vient pas,il comprendra vite qu'il s'est trompé de jour. Une voiture s'arrête à sa hauteur et l'homme qui est au volant demande à David de monter en le menaçant avec un revolver. L'enfant obéit et s'asseoit "à la place du mort"; expression qui revêt un double sens. La place du mort c'est celle de David, qui pendant ses trois heures de viol tentera de se déconnecter pour avoir l'attitude la plus conforme à ce qu'attend l'agresseur, et ce, afin de sauver sa peau. La place du mort parce qu'il est né pour, en quelque sorte, consoler ses parents de la mort de leur fils de sept ans.

🍃Dans ce récit troublant, le lecteur peut se sentir mal à l'aise à travers les détails que donne le narrateur pendant ces quelques heures où il est l'objet sexuel de son ravisseur, mais aussi par le détachement dont il fait preuve dans ses descriptions. C'est  un contraste saisissant que nous livre l'auteur en entremêlant les différents moments de la vie de David, et en montrant qu'en portant ce secret il n'en sortira pas détruit comme ce qui est communément admis pour les victimes d'agressions sexuelles. Contre toute attente, il arrivera à se construire en mettant cet événement à distance. Doté d'une grande maturité et d'une grande sensibilité pour ceux qui l'entourent, il trouvera le moyen de ne pas se laisser dévorer par la culpabilité et pour que ce drame qui lui a volé une partie de son innocence n'affecte pas sa vie sociale future ainsi que ses relations avec les femmes.

🍃Au début du roman, Paul Baldenberg évoque le film "Mystic River"* pour dire l'atmosphère qu'a su créée Clint Eastwood pour parler du viol d'un enfant et "de ses conséquences sur la vie d'un groupe de gamins devenus adultes et sur leur descendance". Lorsque plusieurs années plus tard il voit le film au cinéma, David est bouleversé par la scène du petit garçon qui se fait enlever par un homme en voiture puis relâcher quelques heures plus tard. Ces quelques heures, dont nous n'aurons aucune description pour ceux qui comme moi ont vu le film, vont détruire l'enfant et  auront des conséquences dramatiques quand il sera devenu adulte. Ce que dit très justement l'auteur c'est que "Clint Eastwood ne film donc pas le viol à proprement  parler. Il sait que montrer la violence est inutile, il sait qu'il faut rester du côté du gamin."

Vraisemblablement inspiré de faits réels, ce roman est le premier de Paul Baldenberger.
(je remercie les éditions Equateurs de m'avoir envoyé ce livre)

*Mystic River est l'adaptation cinématographique du roman de Dennis Lehane, un  des plus grands auteurs de thrillers selon moi. Clint Eastwood a parfaitement restitué l'atmosphère de ce roman et en a fait une adaptation très fidèle et très réussie. 

Lien : https://www.Instagram.com/au..
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Ce livre pioché dans la liste " Première sélection du prix Interallié 2016", à l'intrigante quatrième de couverture s'avère être une pépite littéraire.
Un garçon de douze ans, attend une fille ,ce premier mardi du mois de juin 1984,sur un trottoir d'une rue longue et morne au milieu de l'après-midi.....mauvais endroit, mauvais moment.....le destin décide de la remplacer par une Peugeot sombre, le canon d'un revolver, et un type derrière pour appuyer sur la détente.....une rencontre qui lui laissera à jamais une trace indélébile, " La petite âme noire et rabougrie, la difficulté à vivre, le vertige de la peur où je plonge souvent sans raison en regardant la lumière déclinante du soir, en dînant avec des amis, en écoutant une chanson à la radio, en pensant à la neige grise et sale des bas-côtés des routes de montagne l'hivers...". N'ayez crainte je ne vous ai rien raconté. Ce n'est que le tout début de l'histoire et d'une aventure déroutante, dérangeante aux tréfonds de l'âme humaine , où nous entraîne l'auteur par le biais d'une prose puissante, évocateur, et d'une pudeur touchante, étonnante,vu ce qu'il nous raconte.

C'est psychologique, analytique, mais extrêmement concret, précis.Raconté par digressions à partir de "l'accident " qui est au coeur du livre, on traverse trente ans de la vie d'un homme. Traînant toute son enfance un statut de remplaçant, "l'accident " s'y ajoutera et dominera sa vie d'adulte, "la seule chose que le temps n'aura pas corrompue......comme figées derrière une paroi de verre".
Le temps de la lecture de 187 pages, sans jamais suffoquer, nous partagerons cette bulle terrible qu'a été sa vie intérieure, alors que la façade n'en laisse presque rien transpirer, et socialement, professionnellement il sera un homme qui a " réussi".

Un excellent premier roman troublant.
Je suis loin d'être friande de ce genre de sujet ,mais là c'est une prestation intellectuelle d'exception, époustouflante ! Si vous n'êtes pas trop sensible, une lecture que je conseille absolument !
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"Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains" Telle est l'entrée en matière de la libraire pour me présenter ce livre alors que je voulais absolument m'acheter une nouveauté…"N'en dites pas plus, je le prends ! "

« le pistolet était placé à côté du frein à main. »
Cela démarre comme cela… Roman policier ? Non, rayon littérature générale ! Inutile de chercher sur internet des renseignements sur son auteur. Il s'agit d'un pseudonyme, me dit la libraire. Cet homme occupe un "haut poste à Paris"….

A mesure que l'on avance dans ce roman-confession, on comprend effectivement que cet homme n'a guère envie de se dévoiler.

David est un garçon sans histoire ; il a 12 ans, un frère ainé mort dont l'ombre est pesante dans la famille. Un jour, alors qu'il attend devant son lycée la sortie d'une camarade de classe, il se fait enlever… le cauchemar durera 3 heures….

C'est de cela dont i est question, ici. David a une trentaine d'année de plus. Depuis, il a fait sa vie. David prend la plume pour raconter ce qu'il a vécu, alors que sa mémoire avait consciencieusement enfoui les faits.

Ce récit admirablement écrit, est constamment entre coupé de fragments de vie d'enfance, d'adolescent et d'adulte. Il montre comment ce garçon a utilisé ce qui lui est arrivé pour construire une vie d'adulte contrastée. Si sa vie professionnelle est brillante, sa vie personnelle est contrastée.

David a résolument choisi de ranger du côté des vivants plutôt que des morts. Il a fait de son drame un tremplin, plutôt qu'un poison qui l'aurait tué à petit feu. Il ne se sent pas l'âme d'une victime.

La plume de Paul Baldenberger est lumineuse ; chaque mot est choisi avec soin sans tomber dans l'ellipse et la métaphore. Autrement dit, quand il le faut le propos se fait sans équivoque, peut être parfois cru…

Ce roman se lit en apnée. Il donne la rage au ventre, va droit au coeur. Je suis admirative de la distance prise par cet homme face à la chose et surtout l'instinct de survie du jeune garçon prouvé par sa réaction au moment des faits. C'est ce qui, à mon sens, rend ce roman aussi touchant. Il ne fait pas pleurer ; il interpelle, interroge. Il inspire le respect, et une saine empathie, et non une pitié larmoyante inefficace.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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