Les petits
miracles de la vie, parfois il faut en payer le prix.
Solène Bakowski excelle dans l'art de raconter des histoires du quotidien, emplies de protagonistes comme vous et moi. Sauf que la noirceur n'est jamais loin, insidieuse.
Quand la vie fait des cadeaux, c'est rarement gratuitement. Il faut savoir mener sa barque, à travers les vents contraires, pour avancer.
A propos de navigation, Laure, du haut de ses vingt-et-un ans, va en faire son but ultime. Pour donner un sens à sa vie qui est en train de s'éteindre. Immensité de la mer, à l'image d'une existence où chercher son but à atteindre n'est pas chose aisée.
Laure est une jeune femme de notre temps, elle va naviguer aussi à travers les réseau sociaux. Au risque de s'y noyer bien plus profondément que dans l'Atlantique. Quand on s'y plonge, mieux vaut être solidement amarré pour faire face aux avaries provoquées par d'autres.
Miracle est un récit de la quête de soi, et une immersion dans un pan de la vie d'une jeune femme à la dérive. Et pourtant, elle se bat pour se maintenir à flot à coups de bonnes ondes.
Le positif fait-il le poids face à la noirceur du monde ? A t-il un sens ?
Le roman débute presque comme un feelgood, avec un destin devenu extraordinaire pour une personne pourtant ordinaire. Mais la mélancolie est là. Quant à la houle…
Même si les deux histoires sont très différentes, pour plusieurs raisons ce livre m'a fait penser à « Quand on a que l'humour » d'
Amélie Antoine (rebaptisé «
Les silences » lors de sa sortie en poche). Une même sensibilité, de mêmes personnages confrontés à un destin inattendu. Ça ne surprendra personne, tant la connivence des deux auteures est connue et saute au yeux.
Miracle est aussi lumineux, mais bien plus noir.
Solène Bakowski sait à merveille déclencher les émotions, faire frissonner le lecteur avec l'immense palette de sensations qu'on peut ressentir. Tout cela sonne si vrai…
L'écrivaine avait déjà marqué les esprits par le passé, mais j'ai eu l'impression de la voir passer un cap avec ce roman. Une maturité d'écriture, une plénitude dans la charge émotionnelle sans surjouer, le tout mis au service d'un récit tout en sensibilité. Belle, dure, émouvante, attristante. Comme la vie.
Jusqu'à présent ses romans étaient courts, elle a pris davantage d'espace cette fois-ci. Des chapitres brefs, mais sur plus de 400 pages. Une intrigue qui démarre doucement, pour poser les jalons et permettre au lecteur de s'attacher aux personnages. Et on s'y attache vraiment, beaucoup… C'est normal, ils ont une âme.
Oui, le pouvoir et la menace des réseaux sociaux est le rouage de ce récit. Mais son coeur est composé des personnages. Facebook et Twitter peuvent tuer métaphoriquement ou pousser aux pires extrémités. Mais ils ne sont que des outils qui, placés entre de mauvaises mains stimulées par l'anonymat, sont un véritable danger. A l'image de notre société et de ses dérives profondément malsaines.
La construction de l'intrigue, moderne, renforce la puissance du propos. Des propos, devrais-je dire, parce qu'on y parle aussi de maladie, de mal-être, et de tant d'autres « petits » sujets de la vie. Dans un roman noir qui s'avère plus tortueux qu'il n'y paraît au départ.
Miracle a le potentiel pour toucher le plus grand nombre, quels que soient les goûts littéraires. Parce qu'il est bouleversant de vérité et formidablement bien mené. de l'émotion à l'état pur, lumineux à en être ébloui, noir à en être aveuglé. le livre de la maturité pour
Solène Bakowski.
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