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Critique de enkidu_


Averroes (ou Ibn Rushd, si affinités), le commentateur, par excellence - comme l'appelait la scolastique de l'Europe médiévale - s'attaque au maître, Aristote : dans ce court texte (moins d'une centaine si on enlève l'introduction incisive et l'annotation herculéenne d'Alain de Libera), qui est une partie de son Grand commentaire sur le de anima du Stagirite (et que nous ne possédons plus que sous un latin liminaire grâce à Michael Scot), on a de chirurgicales discussions en noétique ; ce discours qui, contrairement à la psychologie visant l'âme "vile" ou "inférieure", aborde le cas de l'intellect.

Aussi, à la suite de commentateurs aristotéliciens de l'Antiquité tardive (Alexandre d'Aphrodise, ...) et musulmans (al Farabî, Ibn Bajjah, ...) plusieurs problématiques sont posées : est-ce que l'intellect matériel fait partie du corps, est-ce qu'il est unique ou multiple, partagé par l'humanité ou non, possibilité de jonction entre l'intellect matériel et l'intellect agent, ... et Ibn Rushd répond que l'intellect matériel (contrairement à l'agent, commun à l'humanité) est "individuel" mais non corruptible et périssable - il défend l'éternité du monde, mais avec subtilité - et que le but ultime de l'intellect matériel "en puissance" est de se "joindre" à l'intellect agent pour être comme Dieu (p. 168), c'est à dire rendre les étant intelligibles, voir leur matière plutôt que leur forme, comme l'intellect agent démiurgique - en somme, la contemplation qu'Aristote propose, outre dans son de l'âme, dans le livre X de l'éthique à Nicomaque comme finalité à rechercher par tout individu.

Donc un "authentique" livre de philosophie, avec sa terminologie rigoureuse et ses tournures de pensées en haute altitude mentale, et, du même auteur, il serait peut-être plus préférable de lire (ce qui veut dire disponible en français) "Le Livre du discours décisif" ou "L'Islam et la Raison, précédée de 'Pour Averroès'".
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