Citations sur Faire surface (9)
«Tu te rends compte, interroge David, que ce pays [le Canada] est bâti sur des cadavres d'animaux? Des poissons morts, des phoques morts, et des castors historiquement morts. Le castor est à ce pays ce que le Noir est aux États-Unis. En plus, à New York, c'est devenu un mot obscène. Ça me paraît significatif.»
Me voici de nouveau, mais j’ai du mal à le croire, sur cette route sinueuse qui laisse derrière elle le lac où se meurent les bouleaux blancs, la maladie monte du sud, et ils louent maintenant des hydravions. Cependant, l’on est encore près des limites de la ville; nous ne l’avons pas traversée, elle a suffisamment grandi pour avoir sa déviation, c’est ça le succès. (p.9)
Ceci par-dessus tout, refuser d’être une victime. Si je ne le peux, je ne peux rien faire; Il me faut revenir de mes erreurs, abandonner la vieille conviction que je suis dénuée de pouvoir et qu’à cause de cela rien de ce que je pourrai faire ne blessera jamais personne. Un mensonge qui fut toujours plus désastreux que la réalité aurait pu l’être. (p.301)
Je dois faire plus attention à mes souvenirs, je dois être sûre que ce sont bien les miens [...]. Quand le passé est là et que vous manque le présent, cela signifie le début de la sénilité.
Je refuse de m'affoler, je me force à ouvrir les yeux, la main, ma vie gravée dessus, en référence ; j'arque ma paume et les lignes se fragmentent, s'élargissent comme des rides à la surface de l'eau. [...] ma langue dans ma bouche articule mon nom, le répète comme une psalmodie...
Sauver le monde, tout un chacun le veut, les hommes pensent pouvoir le faire avec des fusils, les femmes avec leur corps, l'amour conquiert tout, les conquérants aiment tout, mirages nés des mots.
Mais la logique est un mur, je l'ai construit, de l'autre côté se trouve la terreur.
Si le héron est mort de son plein gré, s'il a consenti, si Jésus-Christ est mort de son plein gré, tout ce qui souffre et meurt à notre place est le Christ ; s'ils ne tuaient oiseaux et poissons, c'est nous qu'ils auraient tués. Les animaux meurent afin que nous vivions, ce sont des substituts ; en automne, les chasseurs qui tuent les cerfs, c'est aussi le Christ. Et nous les mangeons, en conserve ou de toute autre façon ; nous sommes des mangeurs de morts, chair-de-Christ morte qui ressuscite en nous, nous accordant la vie.
Ce que l'on doit ressentir équivaut à ce que l'on doit se mettre sur le dos, on regarde les autres et on enregistre. Seulement, il y avait ma peur de ne pas être vivante : un négatif, la différence entre l'ombre de l'épingle et ce que l'on ressent quand on se la plante dans le bras.
les Esquimaux avaient cinquante-deux noms pour la neige parce qu'elle était pour eux d'une grande importance, il devrait y en avoir autant pour l'amour.