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Profondément misogyne, la mythologie grecque regorge d'histoires sordides dont les victimes sont très majoritairement des femmes : viols, parfois incestueux, meurtres, abus mutilples et variés, injustices manifestes ou plus sournoises.
Les mortelles, les créatures semi-divines, les immortelles, aucune catégorie n'est épargnée.

Rappelez-vous Hélène qui fut enlevée et amenée de force à Troie.
Rappelez-vous Briseis, disputée comme un trophée de guerre entre Achille et Agamemnon.
Rappelez-vous Méduse, violée dans un temple d'Athéna et transformée en Gorgone par celle-ci pour la punir d'avoir profané son temple.
Rappelez-vous Cassandre.
Rappelez-vous Europe.
Rappelez-vous Pandore.
Rappelez-vous Danaé, Léda, Thétis.
Rappelez-vous Ariane, Perséphone, Arachné, Andromede, Médée, Jocaste, Callisto, Egine, Alcmène et toutes les Danaides.

Melchior Ascaride a choisi de reprendre le mythe d'Orphée et Eurydice (notez qu'on le cite toujours en premier, en supposant qu'on nomme la deuxième).
Et si Orphée avait délibérément tourné la tête pour condamner son épouse aux Enfers, qu'au final il n'aimait pas tant que ça, à rester aux Enfers, sa catabase n'étant qu'un prétexte pour en tirer une chanson, qui resterait dans les annales divines et historiques, comme l'histoire d'amour la plus tragique jamais chantée de mémoire d'aède.
C'était intéressant mais pas si convaincant que cela.
Eurydice est en colère et elle soupçonne Orphée de l'avoir abandonnée. Elle soupçonne un mec d'être une ordure finie et comme c'est un homme c'est forcément vrai... Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à maintenant mais c'était un manipulateur narcissique... Pour moi, ça ne sonne pas juste. Ce qui devrait être présentée comme une saine colère devient le délire d'une folle, furieuse d'être abandonnée. Je ne pense pas que c'était l'idée poursuivie par l'auteur.
Le problème est qu'on ne connaît pas du tout Orphée.
Et non ! je ne me place pas du côté des femmes, inconditionnellement, par sororité, juste parce que l'homme est présumé coupable jusqu'à preuve du contraire. Et si vous avez un minimum d'esprit critique, vous aussi vous suspendez toujours votre jugement en attendant de connaître les autres protagonistes et leurs versions.
Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'ai été mal à l'aise avec ce personnage d'Eurydice et ses revendications vengeresses. C'est bancal, et comme l'histoire repose entièrement là-dessus, j'ai dû apprendre à faire l'équilibriste : me dire que je ne comprenais peut-être pas le message, que je le comprenais sans doute de travers ou bien que ce n'était pas grave si je n'y adhérais pas complètement.

Après, il y a des tas de choses que j'ai aimé dans ce livre, à commencer par l'écriture très riche de l'auteur.


J'aime autant vous prévenir que si vous n'êtes pas familier avec la mythologie grecque, ce récit peut vous apparaître comme particulièrement difficile à appréhender.
Si vous aimez les styles d'écriture dépouillés, simples et sobres, peut-être que ce texte vous paraîtra inutilement ampoulé.
Si vous êtes tenté malgré cela, sachez que c'est un roman graphique, que ça vaut le coup d'oeil. En plus, c'est court. Se faire sa propre opinion au lieu d'écouter la mienne...

Bisous mes petits choux.

Lecture effectuée en préparation des Ukronies du Val 2023







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Ariane abandonnée par Thésée après lui avoir sauvé la vie. Mégara tuée par Héraclès lors d'un accès de folie. Les Danaïdes condamnées aux Enfers pour ne s'être pas laissées assassiner passivement par leurs époux et cousins. Méduse métamorphosée en monstre pour avoir été violée par Poséidon… La mythologie grecque regorge de femmes bafouées et violentées, souvent punies pour des crimes qu'elles n'ont pas commis ou pour avoir simplement refusé de se soumettre au sort atroce qu'on leur réservait. Eurydice s'inscrit dans la lignée de ces héroïnes tragiques réduites au rôle de victime. Tentant de fuir Aristée qui la poursuit de ses assiduités, la dryade se fait mordre par un serpent et décède le jour même de ses noces avec le musicien Orphée. Dévasté par le chagrin, celui-ci entreprend alors de descendre aux Enfers afin de récupérer sa promise. Charmés par sa musique, les gardiens des lieux le laissent un à un passer et un accord finit par être conclu avec Hadès : le dieu des morts laissera partir Eurydice si Orphée parvient à la mener à la sortie sans jamais lui jeter un regard avant d'avoir atteint la lumière. Une formalité, aisément applicable. Et pourtant, au dernier moment, le musicien ne résistera pas à jeter un coup d'oeil à sa bien-aimée, dès lors de nouveau condamnée aux Enfers et à l'oubli, pour toujours. Les interprétations sont légions afin de tenter d'expliquer le geste d'Orphée, mais la grande majorité s'accordent sur deux choses : l'amour profond porté par le musicien à son épouse, et le caractère involontaire de son acte. Deux interprétations que Melchior Ascaride choisit de rejeter dans ce petit roman graphique qui fait suite à deux autres ouvrages du même type parus en 2017 (« Tout au milieu du monde ») et 2019 (« Ce qui vient la nuit »). Loin de l'épouse éplorée dépeinte par le mythe, l'Eurydice mise en scène ici a tout de la battante et est bien décidée à se venger. Car la décision d'Orphée n'a rien d'un hasard : il était bien dans son intention d'abandonner la dryade aux Enfers, le seul objectif de sa descente résidant dans la gloire assurée qu'elle lui permettrait d'obtenir ! Résolue à échapper à son destin et à punir l'hypocrite, Eurydice se lance alors dans une quête impossible pour quitter sa prison infernale.

L'ouvrage reprend les mêmes codes que les deux autres précédemment cités : le texte est relativement court (une novella) et est accompagné d'illustrations qui tour à tour complètent ou soulignent l'intrigue. Contrairement aux précédentes oeuvres, en revanche, Melchior Ascaride est cette fois seul aux commandes (quand il était accompagné de Julien Bétan et Mathieu Rivero), mais le résultat est globalement du même acabit, à savoir plutôt positif. L'initiative de l'auteur de faire la lumière sur le caractère clairement misogyne de quantité de mythes et histoires dont on nous a abreuvé plus jeune sans pour autant les questionner est louable et s'inscrit évidemment dans le contexte actuel de libération de la parole féminine et de déconstruction d'un certain nombre de pratiques et modes de pensée. Sur sa route, Eurydice croisera d'autres figures féminines n'ayant pas été épargnées et souhaitant s'émanciper du rôle qu'on leur a injustement attribué. Un vent de fraîcheur qui permet de dépoussiérer des mythes qui paraissent aujourd'hui un peu trop surannés. Que les amateurs de mythologie grecque se rassurent, l'ouvrage lui rend malgré tout hommage en mettant en scène quantité de personnages ou figures emblématiques, qu'il s'agisse des habitants originels des Enfers chargés d'épauler Hadès dans son quotidien (le passeur Charon, le démon Eurynomos, Perséphone...) ou des héros ou héroïnes malheureux que la tragédie a précipité dans ces lieux infernaux (Thésée, Tirésias, les Danaïdes…). Parmi les bémols on peut mentionner la plume de l'auteur qui est sans doute un peu trop ampoulée, notamment dans la première moitié. Les sempiternelles imprécations d'Eurydice à l'encontre de son époux, des gardiens des Enfers et des dieux finissent notamment par devenir lassantes car répétitives. de même, on peut regretter un début un peu monotone, l'intrigue se réduisant à des rencontres entre une héroïne enragée et des personnages ou créatures moqueuses sans que rien de bien notable ne se passe. La seconde partie se fait heureusement plus palpitante et permet de mettre en lumière, au-delà du simple cas d'Eurydice, la misogynie criante des mythes évoqués. Les illustrations, elles, sont à l'image de ce que fait d'ordinaire Melchior Ascaride, épurées, et c'est cette simplicité qui leur donne justement leur charme. Après le rouge et le jaune, c'est ici le bleu qui prédomine, avec, cette fois, des personnages représentés avec plus de détails que les simples silhouettes auxquelles l'artiste nous avait jusqu'à présent habitué.

« Eurydice déchaînée » est un roman graphique intéressant qui permet de questionner la place des femmes dans la mythologie grecque et l'injustice dont ses grandes figures féminines sont victimes. En dépit de quelques maladresses dans l'écriture et d'un démarrage un peu poussif, l'ouvrage veut le coup d'oeil et propose une réinterprétation moderne et féministe de l'une des histories les plus tragiques de la mythologie grecque.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Après plusieurs livres en collaboration, Melchior Ascaride a décidé de se lancer seul avec Eurydice déchaînée signant texte et dessins. Ce roman graphique est paru en mars chez les Moutons électriques dans la collection la « Bibliothèque dessinée » fondée et codirigée par Melchior Ascaride. Cette collection est consacrée aux romans courts et à faire le lien entre littérature et bande-dessinée. Comme son titre l'indique, le roman est une relecture du mythe d'Eurydice et Orphée.

Le mythe d'Orphée et d'Eurydice est d'une des plus belles et triste histoire de la mythologie grecque. Eurydice est une dryade, compagne d'Orphée, poète et musicien. le jour de leurs noces, elle est poursuivie par Aristée et en voulant s'enfuir meurt mordue par un serpent. Orphée décide de tout faire pour la ramener et va aux Enfers, le royaume d'Hadès pour la chercher. Une seule condition lui est imposée: Orphée ne devra pas se retourner et regarder Eurydice avant d'être sorti des Enfers. Malheureusement, à quelques mètres de la sortie, Orphée ne pourra résister à la tentation de jeter un oeil vers Eurydice, la condamnant ainsi à rester aux Enfers pour toujours.

C'est là que débute le roman de Melchior Ascaride. Eurydice refuse de croire que Orphée n'a pas agi involontairement. Il voulait avoir de quoi faire une belle chanson et l'a intentionnellement abandonnée aux Enfers. C'en est trop pour elle, elle ne pourra pas le supporter et veut se venger d'Orphée mais aussi des Dieux qui lui ont laissé ce sombre destin. Sombre destin qu'elle partage avec de nombreuses femmes, déesses ou mortelles, mais toujours à la merci des hommes, toujours victimes, il est plus que temps de se rebeller!

Le roman raconte comment Eurydice va tout faire pour traverser les Enfers et arriver à son but. Sur cette route semée d'embuches, la dryade fera de nombreuses rencontres de Eurynomos, à Tirésias ou encore Charon. Les connaissances de l'auteur sur les mythes grecs apparaissent nombreuses et variées. Melchior Ascaride s'amuse à dépoussiérer les héros et dieux grecs en montrant surtout la grande misogynie de la mythologie grecque faisant écho à notre société et aux combats féministes. La seconde partie du roman est d'ailleurs plus représentative de cette misogynie au delà du cas d'Eurydice. On pense à Ariane abandonnée par Thésée, à Perséphone enlevée de force par Hadès….Si le début du récit est une suite de rencontres et de plaintes d'Eurydice, la suite devient un véritable pamphlet et une belle démonstration des injustices flagrantes dont sont victimes les femmes dans les mythes grecs.

Le livre est entièrement en bichromie bleu – noir, elle montre ainsi la froideur du royaume d'Hadès. Comme dans les précédents ouvrages de la Bibliothèque dessinée, Melchior Ascaride alterne texte et dessins, les illustrations complétant ou soulignant des passages de l'intrigue. Les personnages sont un peu plus détaillées que dans les précédentes oeuvres et on note également des effets plus proches de la bande dessinée.

Eurydice déchaînée marque ainsi de belle manière les débuts de Melchior Ascaride en tant qu'auteur. Il choisit de raconter la suite d'un mythe grec bien connu, celui d'Orphée et d'Eurydice en le déconstruisant et en faisant d'Eurydice une battante prête à tout pour se venger. Eurydice devient la porte parole des figures féminines opprimées luttant contre la misogynie si présente dans les légendes grecques.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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J'avais grande hâte de découvrir ce nouvel opus de la collection Bibliothèque Dessinée car il est non seulement illustré par Melchior Ascaride, mais aussi écrit par lui ! C'est un roman graphique qui montre tout le potentiel de cet illustrateur de grand talent, puisqu'il a pu imaginer la mise en page tout en couchant les mots sur le papier. La seule limite était son imagination (et peut-être son éditeur? :p).

Le début du roman se passe lors de la fameuse scène où Orphée ramène Eurydice des enfers et se retourne à quelques pas de la sortie. Voilà Eurydice à nouveau captive, mais elle décide que ce destin n'est pas le sien, qu'elle va échapper à cette causalité et prendre sa vie en main, sans qu'aucun homme ne décide pour elle.

Sa seconde motivation est d'assouvir sa vengeance sur Orphée, qui l'a laissée croupir aux Enfers par cupidité. Il pourra maintenant chanter sans fin son pauvre amour perdu, son désespoir de ne jamais la revoir, se consoler auprès de jeunes femmes et s'inscrire dans la légende pour les siècles à venir. Eurydice veut reparaitre à la surface pour hurler au monde la trahison et les mensonges de cet homme qui l'a délibérément condamnée pour sa propre célébrité.

Le chemin d'Eurydice pour parvenir à ses fins est long, pavé d'embuches et de défis qui semblent insurmontables. de nombreuses fois, on se dit qu'elle va tout abandonner et se laisser sombrer dans les méandres des Enfers, mais elle tient bon ! de jeune fille éplorée, elle devient cette guerrière prête à tout, cette femme aux milles potentiels que le destin tente de remettre sur son fil, mais qui ne se laisse pas faire.

Ces Enfers regorgent de nombreuses figures mythologiques, qui vont soit guider Eurydice vers sa rédemption, soit tenter de la détruire pour la remettre à sa place. N'étant pas une experte en mythologie, je ne connaissais pas certains personnages ou encore certains endroits mythiques, et cela m'a fait très plaisir de les découvrir ici.

Pour finir, la mise en page de ce roman est tout aussi grandiose que pour les précédents ouvrages de la collection, avec ce petit plus de dessins détaillant les personnages et les lieux. En bichromie noir/bleu, le froid des Enfers s'immisce entre les pages. Eurydice est cette forme blanche, évanescente, qui tente de s'échapper de ces lieux en passant à travers les épreuves. le travail du texte mis en page dans les illustrations est très réussi et nous emmène au coeur du récit de l'émancipation et de la vengeance d'Eurydice.

Un nouveau bijou pour la Bibliothèque Dessinée : en bichromie noir/bleu, Melchior nous raconte en mots et en images la trahison d'Orphée et la volonté d'émancipation et de vengeance d'Eurydice. Rien ne semble pouvoir l'arrêter dans sa quête de justice et de vérité, bien que le destin et ses geôliers des Enfers ne semblent pas du même avis. Une revisite féminine puissante du mythe !
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Le plus souvent, le roman graphique est une sous-division de la bande dessinée indiquant que le volume entre vos mains a un début et une fin indépendants, y compris de la série dans lequel il s'inscrit éventuellement. le plus souvent, mais pas toujours… Tout au milieu du monde , déjà édité par Les moutons électriques, défiait les conventions en mêlant textes et dessins pour construire une histoire en soi. L'un de ses auteurs, Melchior Ascaride, récidive avec Eurydice déchaînée en se chargeant seul de l'histoire, de l'illustration, de la mise en page et même du café ! Et pour l'occasion, il revisite la mythologie grecque et sème la zizanie des Enfers au sommet de l'Olympe.
Tout commence par le mythe d'Orphée et d'Eurydice. Petit rappel des faits : la belle dryade ayant été empoisonnée par une vipère, elle est précipitée aux Enfers. Son époux Orphée, aède à la voix mélodieuse, descend vivant dans le royaume d'Hadès pour y rechercher sa douce. Mission accomplie à une condition : Eurydice le suivra mais il ne devra pas se retourner avant d'être sorti des Enfers pour qu'elle regagne également le monde des vivants. Or… Alors que la lumière du jour commence à réchauffer le fantôme d'Eurydice, le poète se retourne, condamnant son épouse au trépas définitif et accédant, lui, à la gloire d'une belle chanson triste narrant ses exploits.
Sauf que Eurydice n'est pas dupe. Elle est même furieuse de s'être ainsi fait roulée. Et elle n'aura de cesse que de s'être vengée de son époux, des dieux et de la destinée qui condamne toujours dans les femmes, qu'elles soient déesses ou mortelles, pour les fautes des hommes. Et Eurydice déchaînée sera le récit de la traversée des Enfers et de la vengeance de la dryade. Et de ses divers rencontres entre ennemis (comme le méconnu Eurynomos) et alliés étonnants (Tirésias et Styx par exemple). Au passage l'auteur règle ses comptes avec la mysoginie profonde de la mythologie grecque où, comme dans les lutes actuelles du féminisme, certaines déesses par lâcheté ou ambition, se range à la cause des mâles. Il n'oublie pas au passage que cette force du destin patriarcale fait également des victimes masculines, son Persée culpabilisant pour son rôle dans le meurtre de Méduse en étant le parfait exemple. En alternant texte et dessins, en jouant avec les couleurs et la mise en page, Melchior Ascaride met son lectorat dans la peau de la dryade : tour à tour furieuse, épuisée, inquiète voire heureuse. Attention, pour savourer pleinement ce livre, il vaut mieux avoir de solides connaissances en mythologie grecque, et ne pas avoir peur du mélange entre les différents vocabulaires. La nymphe n'a pas la langue dans sa poche !
Lien : https://www.outrelivres.fr/e..
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Si vous cherchez un roman féministe, rempli de colère, et qui décris la mythologie grecque telle qu'elle est : un endroit où les femmes souffrent, se font punir sans raison même par des femmes, et où rien n'est juste pour elle… Ce livre parle de ça. On retrouve Eurydice en enfer, après qu'Orphée l'y ait abandonné. On la retrouve surtout pleine de colère, prête à déchaîner son courroux, à fuir cet enfer médiocre, où tout le monde semble « obéir à tout le monde », alors qu'elle, ne veux plus obéir à personne.

Il y a une écriture sensiblement poétique, très jolie, et bien faites, mais avouons-le, parfois, je décrochais un peu à cause de ça. Et a des moments, ça rendait le récit encore plus intense, encore plus plaisant. J'avais envie qu'Eurydice parvienne à ses fins, et finalement, j'ai aimé le côté que ça donne au mythes grecs, qui montrent combien c'est injuste.

Eurydice est une battante, remplie de colère qui ne s'arrête jamais, même à la fin, et j'ai adoré la suivre tout au long de son périple, en apprenant aussi un peu plus sur les mythes grecs. Les illustrations allaient avec ce côté macabre, et je trouve ça très beau que finalement, tout y soit bleu, quand le bleu est symbole des « hommes » (ou pas) ou du calme. Là où on retrouve la féminité à son comble et la colère la plus puissante.

C'est un très beau travail graphique, et d'écriture, et j'ai bien aimé.
Lien : http://koalavolantchronicles..
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Le mythe d'Orphée et Eurydice est sans doute l'un des plus connus, mais une piqûre de rappel n'est jamais de trop. le jour de ses noces avec le poète Orphée, la dryade Eurydice est poursuivie par Aristée qui tente de la violer. En voulant lui échapper, elle se fait mordre à la cheville par une vipère et meurt. Désespéré, Orphée décide de descendre aux Enfers pour la sauver. Grâce à son talent, il parvient à attendrir Hadès qui accepte de lui rendre l'âme de sa bien-aimée, mais à une seule condition : Orphée ne devra pas se retourner pour la regarder avant d'avoir regagné le monde des vivants. Orphée jure de tenir parole, mais le doute et l'impatience finiront par triompher. A peine remonté à la surface, il se tourne pour contempler Eurydice. Cette dernière, encore sur le seuil des Enfers, se retrouve à mourir de nouveau, et cette fois pour toujours.

Ce mythe bouleversant a été immortalisé de nombreuses fois par les poètes, peintres, compositeurs et réalisateurs. Toujours, ces artistes se concentrent sur la peine d'Orphée et son destin funeste après la perte de sa femme. Mais qu'en est-il d'Eurydice ? Que devient-elle après l'erreur de son époux ? La pauvre dryade n'est qu'un personnage fonction dans le récit, la motivation de la quête du poète, puis la raison de son désespoir. Elle est sa muse, celle qui le rend tragique, et pourtant on ne retient que lui. Celui qui, s'il avait eu du courage, serait resté aux Enfers en compagnie d'Eurydice. Melchior Ascaride fait donc le choix de donner la parole à cette victime, d'inventer une suite après l'échec d'Orphée, de réinventer le destin de cette dryade sacrifiée à l'erreur et la cupidité des hommes. Son Eurydice est pleine de colère. Elle crie vengeance. Elle fera tout pour l'obtenir.

Avant d'être auteur, Melchior Ascaride est avant tout illustrateur. Cette roman graphique étant publié dans la collection Bibliothèque dessinée, il nous offre un parfait mélange entre texte et images. Ces dernières le complètent, voire même lui donnent un sens, permettant de sauter aux yeux des lecteurs dans toute sa colère, son désespoir, son horreur. Les Enfers dépeints par Ascaride sont froids et lugubres, peuplés de fantômes et démons, de forêts désincarnées et de douleurs incarnées. Les teintes pâles et bleutées créent une ambiance d'outre-tombe où Eurydice, telle une dame blanche, erre en quête de vengeance. Sa discorde impacte le texte qui s'anime, s'inverse, se dédouble et se désordonne au fil de ses cris. Cette novella est donc un voyage visuel dans les entrailles d'Eurydice et celles de l'humanité.

Car Eurydice, victime qui ne souhaite plus se taire, n'est pas une simple femme. Par sa quête, elle devient toutes les femmes. Celles qu'on oublie, celles de qui on se moque, celle qu'on bafoue et qu'on tue. Son odyssée lui fera croiser le chemin d'autres victimes ou bourreaux en repentir, dévoilant enfin la vérité sur ces femmes injustement punies par l'histoire, comme Méduse, quand leurs peines ne sont pas manipulées en « histoire d'amour », comme Perséphone. Il y a une sorte de jouissance de voir enfin ces héroïnes obtenir justice à travers Eurydice. Car après tout, le nom de cette dernière signifie bien « la justice sans bornes ».
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Gare à toi qui ouvres ce livre, car ce n'est pas n'importe lequel. C'est le manifeste d'une femme en colère, qui se réveille de sa tombe antique pour revendiquer, clamer et enfin pointer du doigt l'injustice profonde qu'est la mythologie grecque. Et si on rétablissait la vérité ? Et si on arrêtait de conter la gloire des héros masculins illustres, et qu'on donnait la voix aux invisibles, aux oppressé•e•s ?

Eurydice veut se venger de son époux Orphée, qui par son égoïsme l'a condamnée à mourir une seconde fois. Elle entame un impossible voyage à contre-sens, de l'Enfer à la Terre.
D'un ton envoûtant et survolté, elle se dresse contre la hiérarchie infernale de l'Olympe, condamne par sa prose véhémente et interrompt le cycle de terreur par sa rébellion.

C'est un chant de vengeance, une promesse, une menace. Eurydice est en colère, et elle est inarrêtable. Elle porte avec elle toutes les âmes broyées par le système patriarcal et totalitaire des trois frères divins. C'est une vision terrifiante, mais enfin juste de l'Olympe et de l'Hadès, diffusée par celle qui a fait taire les poètes.

La maquette est surprenante, et fait de ce livre un ouvrage à mi-chemin entre le livre d'art et la bande dessinée. Elle signifie implicitement au-delà des mots ce que l'auteur veut nous dire. À chaque page une nouvelle disposition des éléments, et les illustrations, au style géométrique et froid, sont artistiques et fascinantes.

En conclusion, ce livre-objet est un réquisitoire enflammé qui emprunte autant à la poésie qu'à la littérature classique et épique, et qui porte la justice au centre de sa démarche.
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Une réécriture féministe au coeur de la mythologie grecque ? Bien sûr que je suis au rendez-vous ! Et laissez-moi vous dire que je vais vous harceler avec ce livre jusqu'à ce que le rencontriez aussi.

Le concept du point de vue d'Eurydice aux Enfers m'a déjà beaucoup plu avant d'ouvrir le roman. L'idée de la réécriture commence à devenir classique, voire assez peu originale au vu du nombre croissant de romans sur l'Antiquité et la mythologie du point de vue des femmes qui émergent en ce moment. Mais en ouvrant ce livre, ce fut la première claque : les illustrations qui fait l'originalité de cette oeuvre. En effet, plus que des illustrations, elles font partie intégrante de la narration, prenant parfois la place des mots.

Et puis j'ai commencé à lire. Et bon sang, la seconde claque ! La narration est si atypique, pleine de colère, de poésie, de combativité, de désespoir. Tout y est mêlé avec un tel talent qu'on en reste pantois. J'ai été submergée d'émotions à la lecture, ballottée par les émotions de l'héroïne qui fait preuve d'une persévérance extraordinaire.

L'univers des Enfers est captivant, dans toute son horreur et sa dangerosité. On y fait des rencontres de plus en plus surprenantes et ô combien appréciables ! Je vous laisse la surprise des noms que l'on croise car le plaisir y est lié mais sachez que Melchior ne fait pas la paresse de réutiliser des figures vues et revues et explore dans cette quête héroïque des visages si peu mis en lumière dans nos réécritures actuelles. Et cela fait un bien fou !

Pour conclure, ce fut donc un coup de coeur, que dis-je, un coup de foudre ! pour cette incroyable épopée menée par cette figure mythique si injustement mise de côté : Eurydice.
Lien : https://lifeisarealbook.com/..
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Eurydice Déchainée est un roman graphique de Fantasy écrit et illustré par Melchior Ascaride. L'auteur met en scène le personnage d'Eurydice, révoltée contre Orphée qui l'a laissée aux Enfers, et contre les hommes et la domination qu'ils exercent sur les femmes. le roman interroge donc la misogynie à l'oeuvre dans les mythes grecs antiques et donne le parole et le pouvoir aux figures féminines opprimées, au moyen d'un texte et d'illustrations soignées !
Si vous vous intéressez aux réécritures de mythes et au travail de Melchior Ascaride, je vous recommande Eurydice Déchaînée !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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