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Citations sur Je suis en vie et tu ne m'entends pas (29)

Il avait sangloté lors du service funèbre. On avait remarque son extrême sensibilité, elle serait, pour les nazis, inqualifiable. "Que voit-on encore de toi ?" Ironie, ensuite mépris, enfin haine. Logique qui ne concerne que l'être humain. Trop facilement ému, le gars, et il était déjà condamné.
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Un drôle de silence l'étrillait, le dépiautait. C'est dans et par ce silence que les Hirschkuh l'avaient reçu. Leur honte d'avoir pour fils un inverti, une paroi de feu, et paroi de peur que la sienne. Leur honte était aussi inadmissible que sa peur était injuste. La joie sur cette planète et en Klaus n'était que de surface. Il attendait de vrais bras autour de sa peau, et des paroles incandescentes qui le délivreraient de visions comme des serres.
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Maman, un mot solaire qui la ravissait et la hersait de tristesse. Ils l'avaient arrêté, elle en avait été avertie. Des âmes charitables avaient dégurgité devant elle la scène [...] Au plus refoulé d'eux, les Hirschkuh le savaient. Leur fils aîné, ce Golo qui se persuadait d'être supérieur à tous. Le père, puis la mère, ils avaient tous été convaincus que ça se terminerait mal pour Klaus. [...] Mais on s'en était remis, il y avait plus grave, certains jours, qu'un fils disparu, emprisonné. Pourquoi en savoir plus ? Avant-guerre, au début de la guerre, il les avait en quelque sorte déclassés par ses mœurs (d'eux, les gens normaux, disait-on qu'ils avaient des mœurs ? Ils couchaient, ils aimaient, ils se mariaient, ils engendraient surtout, mais ils n'avaient pas de mœurs), il les avait rendus douteux à eux-mêmes, à une société toute entière. Comment pardonner ?
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Tous ces morts et un unique virus en forme d'oursin ou de pelotes d'épingles.
[...]
On ne parlait que de cette endémie. On disait qu'il n'y avait que les pédés pour transmettre une merde si vicieuse. Un homosexuel se repérait à sa facilité à contaminer, et pas d'états d'âme chez lui. L'obscurantisme grondant comme un raz-de-marée. La tolérance en quenouille. Un luxe, la tolérance. Et ennuyeuse. Endormante. Et qui berçait moins que la haine.
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La majorité des détenus l'abominait, parce que pédé, le détestait et le méprisait plus encore même que les nazis, parce qu'il s'arrangeait pour ne pas crever, pour bouffer à peu près bien, avoir une belle gueule et coucher avec des garçons, et voilà qu'on échappait à la mort. On apprenait que la tante de Bâle ou de Paris ou de Prague, cette traînée avec une queue entre les jambes, eh bien les médecins nazis la lui avaient coupée, sans anesthésie, et qu'est-ce que ça couine un pédé qu'on châtre.
Oui, les tantes s'en sortaient mieux que les gens normaux, pensaient les détenus.
Ça, ça devait être dit.
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Les passants en ce moment s'offusquaient de ses larmes qui coulaient enfin, le corps se vidait de ses larmes, mille ans de sanglots et de silences, mille ans et des poussières, ce brouillard de poussière. Les larmes sont dégoûtantes. Le kapo ricanait, et les autres, les comme Klaus, des déportés de tous poils et de toutes langues, ils grognaient leur rire : "Tu pleures comme un cochon."
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Il avait remercié. C'était agréable de remercier. On remerciait avant la guerre. De quoi remercier, après ? Là-bas, "sais-tu de quoi je parle, Heinz, le sauras-tu un jour ?", on ne remerciait pas, ou pour ne pas recevoir des coups, remercier pour ne pas crever, c'était ainsi, là-bas.
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"Torche -toi, tu t'es chié dessus, ici comme là- bas, c'est pareil.Torche- toi avec ton numéro, 5395, ne t'y engloutis pas dans ce numéro, ce n'est pas un puits, ne meurs pas dans ces quatre chiffres, dans ces quatre années , dans ce paragraphe 175, parmi ces milliers de morts, demain, ça ira mieux, tu iras te balader dans Paris, la nuit , tu seras en chasse, la ville est peuplée de garçons .
On l'avait frappé ce soir, et ce soir il se lava avec avec des gestes lents, prudents.......le gant de toilette le nettoyait d'une crasse invisible........"
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Ils t'ont enterre,ou?Ou es-tu;mon amour?Je veux savoir,je veux savoir,je veux savoir,c'est le silence,comment te meler a du silence,comment peux-tu n'etre que du silence?
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La carte de rapatrie de Klaus etait estampillee"etranger",c'etait mieux que rien.Apres Buchenvald etre un etranger, c'etait etre quelque chose ou quelqu'un.Sinon que resterait-il?
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