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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans cette autobiographie poétique publiée en 1956,Aragon offre une grande diversité de formes: prose, vers de longueurs très différentes, ruptures textuelles, pour se raconter, de l'enfance malheureuse aux deux guerres, des voyages en Italie et en Espagne à sa vision de Paris , des désillusions communistes à la rencontre éblouie de sa muse, Elsa.

Mais il est bien conscient de la complexité de sa démarche, et même de sa vanité :

" Et le roman s'achève de lui-même
J'ai déchiré ma vie et mon poème ".

Je trouve que le poète cède parfois à la facilité, certains vers semblent un peu surfaits et jouent sur les mots avec trop de nonchalance, par exemple:

" Je passe le temps en chantant
Je chante pour passer le temps."

Mais je reste admirative devant le jaillissement mélodieux de ses vers, l'amplitude généreuse des images, le sens du chant qui vibre dans sa poésie. D'ailleurs Ferré, Montand et tant d'autres l'ont compris en devenant ses interprètes.

Un poème comme "Strophes pour se souvenir ", qui évoque les résistants étrangers fusillés du groupe Manouchian, me serre toujours la gorge d'émotion, à chaque fois que je le lis:

" Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses "...

La " prose du bonheur d 'Elsa " est aussi très intense et passionnée :

" J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson "

Et ce vers magnifique, que personnellement j'adore:

" J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson "...

Au-delà de ses contradictions, entre ses certitudes et ses doutes, Aragon sait nous toucher et exalter en nos coeurs un chant ivre de vent, d'amour et de passion. Son roman de vie en vers pour nous ne s'achèvera jamais ...
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Le Roman inachevé a le goût des chansons qu'on fredonne, des vers qu'on se récite à mi-voix comme pour bercer un enfant..On y revoit les deux guerres et la main salvatrice d'Elsa qui hisse le poète vers la vie...Aragon est notre dernier poète populaire.

Les vers , souvent, s'accrochent à une mélodie de Ferré, à une voix connue, Ferré, toujours, mais aussi Ferrat et Montand...Aragon a accompagné nos rêves, nos luttes, nos regrets..

L'homme s'est souvent trompé, et n'a pas toujours eu la lucidité ou le courage de ses compagnons de route ou de ses frères en poésie - il faut relire Signoret ou Claude Roy...- mais j'oublie toute ses petites et grandes faiblesses quand je lis "La guerre et ce qui s'en suit ", "le front aux vitres..." ou quand je chantonne "Un jour, un jour":

Un jour, pourtant, un jour viendra
Couleur d'orange,
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue, où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche..
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Ferrat reviens!
et nous fabrique
la bleue mélodie
de cette belle
triste poésie.
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Recueil de poésie autobiographique de Louis Aragon dédié à Elsa Triolet, le Roman inachevé est publié en 1956. le poète, est alors âgé de 59 ans, et dans des textes en vers (ou moins nombreux en prose), il se penche sur sa vie passée.
Même s'il aborde le temps de la Première guerre mondiale, sa mobilisation, les années trente et le Surréalisme, les débuts de son engagement politique et le temps présent fait de voyages et de rencontres, c'est bien sa vie intime qui constitue l'essentiel de ce beau Roman inachevé. Pour la première fois ici, il évoque son enfance difficile puis, avec une rare sensibilité, le rôle des femmes dans sa vie (on pense ici à Denise Naville, Nancy Cunard et surtout à Elsa Triolet. Elsa, la compagne, l'irremplaçable inspiratrice).

Dans ce recueil, sous une diversité de métriques, de méthodes d'écriture, de langage, tout au gré des temps et des lieux, Louis Aragon réfléchit sur le sens de sa vie et sur son engagement politique. Il rend justice à la naïveté de sa pensée utopique qui dressait devant lui l'espoir d'un monde féérique, d'un monde fraternel, celui du communisme. Contre les critiques, il essaie avec conviction de justifier son activité idéologique, une période au cours de laquelle il s'enfoncera dans l'isolement durant plusieurs années. Malgré cette traversée du désert, Elsa reste et restera son indéfectible et précieux soutien (oui, "la femme est bien l'avenir de l'homme, elle est la couleur de son âme..."*).

Ce qui marque dans le roman inachevé , c'est un sentiment de profonde désillusion. Celui-ci imprègne l'ensemble de ses vers. La traversée d'épreuves, le sentiment de l'échec, de l'inutilité de tout engagement, mais aussi chose remarquable chez Louis Aragon, la volonté de ne jamais tout céder au scepticisme, de ne pas renoncer à toute forme d'espoir chez l'homme :

[...]
Et chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit
Et la plus banale romance
M'est l'éternelle poésie.


(*) Sublimes vers que lui inspirèrent Elsa dans son recueil «Le fou d'Elsa» paru en 1963.





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le passé et le souvenir traine au début du receuil comme un regret une pensée triste,puis l'amour y entre...et on se laisse porter
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Les poèmes d'amour d'Aragon à Elsa sont tout simplement magnifiques!!!!
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"On dit ce que l'on veut en vers l'amour la mort
mais pas la honte".
Ce recueil semble être écrit pour illustrer ces quelques vers présents dans la dernière partie du recueil. "L'amour", c'est bien sûr et toujours celui d'Elsa qui hante tous les recueils d'Aragon, même si l'amour n'est pas toujours heureux et facile, même si, ici, Aragon semble plutôt évoquer l'amour passé, les premières heures de cet amour, que l'amour actuel. J'ai d'ailleurs cru en commençant ma lecture qu'Elsa était morte au moment de l'écriture du recueil.
L'amour, c'est aussi en partie celui de la France. Ce n'est pas un recueil de poésies de la Résistance, mais certains poèmes y font allusion ainsi qu'à la Grande Guerre, notamment "Tu n'en reviendras pas" et "Strophes pour se souvenir" - "l'Affiche rouge". Les "morts", ce sont les disparus, des poètes, des résistants, des martyrs.
Le ton dominant du recueil semble donc être celui de la mélancolie et de la douleur. Aragon est vieux dans le portrait qu'il trace de lui-même, il a des cheveux blancs, il se présente même comme ayant des difficultés à écrire. La couleur est le gris, gris de la pluie, gris de l'automne, gris du brouillard. Même les souvenirs joyeux sont assombris. Ce n'est parfois pas très facile à lire, car très sombre, plein "d'heures noires", comme si Aragon renonçait en quelque sorte à ce qu'il aime, aimer et écrire. Il a vu tellement d'horreurs, qu'il semble ne plus pouvoir écrire en vers : il passe à la prose lorsqu'il doit évoquer la Grande Guerre, il a "déchiré des pages et des pages" tant l'écriture est douloureuse.
Cela tient en partie au contexte d'écriture, à cette "honte" qu'il évoque, et qui le fait se comparer à un martyr, lui qui subit "des chutes", des "crucifixions" - au pluriel, et au final une autre "Passion". C'est cet aspect biographique que je ne connaissais pas, ce qui m'a empêché de saisir de nombreuses allusions assez obscures sur cette année 1956, année de parution du recueil et année du rapport Khrouchtchev sur les crimes du stalinisme, pour lui qui a cru au stalinisme - j'emploie le verbe "croire" délibérément, il y a de la croyance religieuse, une foi, dans l'idéologie communiste chez Aragon.
Cependant, plus qu'un texte de justification ou qu'un chant de plainte, pour moi, j'ai lu ce recueil comme un manifeste dans la force de l'écriture. C'est vers l'écriture que se porte la véritable foi d'Aragon : "Ici commence la grande nuit des mots". La parole poétique est ainsi comparée à une "genèse", à un "première jour" - on retrouve les métaphores religieuses. La parole est une "création". Ecrire vaut finalement la peine puisqu'il permet de chanter l'amour d'Elsa, c'est à dire l'essence même d'Aragon : écrire et aimer, c'est "être [soi]-même", puisque le dernier poème célèbre à nouveau Elsa.
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Oeuvre sociale, politique et poétique à la fois déconcertante et passionnante. La musicalité de la langue d'Aragon se fait sentir à tout moment (en vers libres ou en alexandrins, en prose ou en vers), ce n'est pas étonnant que plusieurs de ses poèmes soient devenus des chansons.
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Il faut lire à haute voix ces poèmes pour que leur musique nous berce et nous console.
Certains sont devenus des chansons inoubliables. Ouvrons ce recueil pour en entendre ces rythmes qui nous disent que l'on n'est pas seul au monde : vivent les poètes
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C'est la première fois que je découvre Aragon et quelle découverte ! Dans ce recueil de poésie, l'auteur nous emmène explorer le monde, la promesse de l'amour de Venise en passant par la beauté de Paris sans oublier la chaleur de l'Espagne.
Une belle plume poétique qui enchante le lecteur et le transporte dans la beauté du monde malgré les guerres et la noirceur.
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