Je n'aime pas descendre des ouvrages, étant moi-même auteur, je sais bien l'investissement émotionnel, temps et autre que demande la sortie d'un livre.
Cependant avec "
Minuit sur Domme", je me pose la question de l'intérêt de l'existence même de ce livre. Ce n'est pas franchement mauvais, mais c'est loin d'être bon.
Les personnages sont lisses et d'un pré-conçu ennuyeux, nous avons Célio qui est un adolescent sage et introverti, bon à l'école, un peu martyrisé mais pas trop non plus, bref tout ce qu'il faut pour qu'il puisse coller à la majorité des adolescents qui liront ce livre; sa copine Léacardie, qui porte à elle seule tout ce qui peut être qualifié d'original dans les passions adolescentes, figure de Luna Lovegood un peu cheap, pourra quant à elle porter les identifications de tous les élèves de classes d'arts plastiques (dont je fais partie, mais non) ... bref, ils suivent un schéma on ne peut plus clair et couru d'avance.
Le récit , à vouloir faire original, ne l'est absolument pas. On a pêle-mêle des esprits animaliers, une dryade, un chasseur de monstre, un curé fou, un voyage dans le temps , et une mascotte (le shiba inu) qui ne sert à rien d'aucune façon, hormis vouloir gonfler le capital sympathie du héros qui, spoiler alert, n'en a aucun. Beaucoup de choses sont réglées miraculeusement par de la magie faite comme par hasard par un personnage donné qui n'avait jusque là pas moufté (suivi d'une explication rapide en une phrase histoire que le lecteur ne relève pas que quand même, c'est un peu balot qu'on en soit arrivé là si ledit personnage ne s'était pas réveillé avant), etc... Dans ce récit, absolument tous les personnages importants rencontrés possèdent un pouvoir ou une distinction magique, ce qui amène à douter fortement de l'aspect unique et rare de la chose.
L'écriture est d'un scolaire poussé, la construction même des phrases est assez lourde par moment sans que cela ne soit faux, mais en résulte une lecture un brin poussive et désagréable à l'oreille.
L'auteur explique ce qu'il se passe, ni plus ni moins, sans que cela soit vivant, descriptif, prenant ou que sais-je qui aurait pu un tant soit peu faire vivre ses personnages et leurs actions.
Les références arrivent comme un cheveu sur la soupe, quand elles ne sont pas expliquées au cas où on n'aurait pas une once de pop culture (car elles demeurent extrêmement larges) , et sont amenées de façon tellement maladroite et inutile au dialogue qui les héberge, que l'on ne peut encore une fois s'empêcher de penser qu'elles sont là pour cocher une case " lecteur ado".
Subsiste un sentiment de rattrapage biographique de l'auteur qui, si je me trompe peut-être, est toutefois très désagréable à la lecture. Il est évident qu'on met toujours un peu (beaucoup) de soi dans l'écriture d'une fiction, mais dans ce cas précis, cela n'est fait ni subtilement ni utilement.
Je n'ai pas pour habitude de lire des romans jeunesse, ou du moins lorsque je le fais il s'agit de romans classés dans ce genre comme si c'était dévaluant, et pas des romans qui semblent vouloir simplement remplir un cahier des charges donné pour ce type d'ouvrage. Peut-être est-ce la le contenu classique demandé pour ce genre de livre...