J'avais repéré ce roman à sa sortie, il me semble que c'est Vibration littéraire qui en avait parlé. Alors quand je l'ai trouvé dans ma boite à livres, je n'ai pas hésité. Je l'ai lu alors que dehors le temps était gris, pluvieux et orageux, et c'était juste l'ambiance parfaite!
J'ai déjà lu plusieurs romans policiers nordiques, et à chaque fois j'adorais l'ambiance, mais je trouvais le rythme trop lent. Cette fois on est davantage sur un mélange de roman d'ambiance, thriller et historique à la fois. Et j'ai adoré ce mélange!
Daniel et Sonja ont quitté la Suède pour acheter un ancien domaine viticole dans les Sudètes. le domaine semble abandonné depuis longtemps, l'affaire est trop belle pour ce couple qui a besoin de se retrouver dans un projet commun. Emballé par les travaux, Daniel se rend compte que les plans de la maison semblent étranges, comme s'il manquait des espaces. Et en faisant tomber un mur de briques grossièrement bâti, il découvre effectivement une cave contenant des bouteilles datant de 1937... mais également le corps momifié d'un enfant!
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman! Si les premiers chapitres, ceux de l'installation, peuvent sembler un peu lents, par la suite les événements vont s'enchainer et j'ai été happée par l'ambiance et l'intrigue du roman.
Passé et présent vont subtilement s'entremêler, et alors que Sonja "enquête" sur cette affaire d'enfant momifié, on découvre que les faits qui se sont produits au lendemain de la guerre sont en réalité la genèse de tout ce qui arrive dans le présent.
Et cette incursion dans le passé, je l'ai trouvée fascinante! On se trouve dans les Sudètes, une région que tout le monde connait au moins de nom. L'annexion des Sudètes par le Reich allemand en 1938, c'est un truc qu'on a tous appris à l'école. Mais concrètement, qu'est-ce que ca a représenté ? Je n'en avais aucune idée et j'ai adoré que l'autrice choisisse cet ancrage historique pour son roman.
En effet, les Sudètes se trouvaient en Tchécoslovaquie, pays créé suite à la première Guerre Mondiale. Mais il s'y trouvait une population majoritairement germanophone, qu'on appelait les Allemands des Sudètes. Ces derniers étaient favorables au rattachement avec l'Allemagne en 1938.
En 1945, suite à la défaite d'Hitler, le gouvernement tchèque fit paraître des décrets qui avaient pour but de débarrasser les Sudètes de leurs Allemands. La rancoeur était trop forte entre les deux peuples, et cela avant même le début de la guerre. La cohabitation avait toujours été difficile, malgré des efforts pour rapprocher les deux communautés. Les Allemands des Sudètes perdirent tout, durent s'enfuir en catastrophe vers une Allemagne en ruine qui n'avait aucune envie ni capacité d'accueillir ces réfugiés supplémentaires.
C'est sur cette réalité historique que
Tove Alsterdal a construit son récit. J'ai trouvé l'articulation entre fiction et histoire très bien menée, les faits inventés étant tout à faits réalistes dans ce contexte réel.
Je n'ai qu'un petit bémol: comme souvent avec la littérature nordique, je n'ai pas vraiment réussi à avoir d'empathie pour les personnages. Sonja et Daniel me sont restés très étrangers, je ne les ai pas toujours compris. En revanche, j'ai été très touchée par les histoires du passé, ressenti de la compassion pour ces victimes de l'Histoire.
Globalement, ce fut donc une très bonne lecture. Pas un coup de coeur, mais un roman que je vous recommande si la thématique vous intéresse.