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Citations sur Le créateur de poupées (16)

Si les gens savent que vous voulez quelque chose, c'est plus facile pour eux de vous l'enlever.
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Des poupées comme Marina Blue déboulent par milliers des chaînes de production et n'ont guère de valeur aux yeux du collectionneur. Il n'empêche qu'elle avait un je-ne-sais-quoi qui la mettait à part de telles généralités. Elle attirait le regard de même que toutes les choses nées de la créativité intelligente attirent inévitablement le regard. Elle avait de la présence. En plus, elle avait de la dignité Je sus dès que je posais les yeux sur elle qu'elle allait changer ma vie.
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Personne ne croyait un seul instant que son couple avec Laura durerait plus de cinq minutes, mais ils semblent s'accommoder l'un de l'autre., Peut-être que ce sont leurs complexes de supériorité qui les unissent : deux ego également monstrueux coincés dans un match nul perpétuel.
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Suicide. Je déteste ce mot. Pas à cause de ce qu'il dit mais à cause de ce qu'il ne dit pas. Suicide est un mot latin, formé du préfixe sui, qui veut dire soi-même, et du verbe caedere, qui veut dire couper, frapper ou tuer. C'est un mot sinueux, serpentiforme- avec ce double son "s"-, un mot qui semble s'enrouler autour de ce qu'il signifie dans la réalité. Pour moi, en tout cas. Ne dites pas suicide, c'est ce que je pense à chaque fois que j'entends ce mot. Dites ce que vous voulez vraiment dire. Elle s'est tuée. Elle a décidé qu'elle aimait mieux être morte que de continuer à vivre dans ce monde, dans la maison sur Harlequin Road avec mon père et moi. (page 306)
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« J’avais toujours estimé que les exhibitions de phénomènes étaient malsaines, que c’était là exploiter des gens qui n’avaient pas d’autre moyen de gagner leur vie. Mais la fête foraine dans la nouvelle d’Ewa Chaplin fonctionnait comme une sorte de refuge, un sanctuaire pour des gens qui autrement auraient été rassemblés et exterminés par les nazis. »
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Les enfants ont tendance à concevoir le danger sur la base de ce qu'ils voient à la télé : la guerre, se perdre dans les montagnes, ou un incendie de forêt. Le genre de catastrophe qui vous tombe dessus par hasard : on peut se battre contre ou prendre la fuite. Or le danger peut être ordinaire. Quelque chose qui n'a pas du tout l'air d'être menaçant, avant de planter ses crocs. (page 242)
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Il y a toujours dans l’année un jour où l’été se fond dans l’automne, parfois en l’espace d’une seule heure. La lumière change de couleur et les feuilles mollissent, deviennent fragiles. La terre se laisse aller, tout tombe en friche. J’essaie toujours d’ignorer ce moment, de prétendre qu’il n’arrive pas, mais je suis toujours consciente de son existence. À chaque fois, il m’oblige à me demander combien d’étés il nous reste.
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Jennifer Rockleaze est ma meilleure amie ici. Des fois, elle vient me voir dans ma chambre, elle met la bouilloire en marche et me parle de l’affaire d’informatique qu’elle et Paul vont monter une fois qu’ils auront fini d’aider le Dr Leslie à faire ses recherches.
Jennie a dit de ne pas tenir compte de ce qu’a dit le Dr Leslie, et que si je voulais aller au carnaval, je devais y aller, c’est tout. Quand je lui ai dit que j’avais changé d’idée, elle a eu l’air déçue.
« Mais on a besoin de toi, Ba, a-t-elle dit. Pour nous empêcher de nous faire embringuer dans la galerie des monstres. »
Je sais qu’elle ne veut pas dire qu’elle et Paul sont des monstres, mais ça me trouble quand même quand elle dit des trucs comme ça et je suppose que ça a dû se voir sur mon visage parce qu’elle a éclaté de rire.
« Sincèrement, Ba, tu sais bien que c’est ce qu’on aurait probablement fait il y a cent ans, pas vrai ? Danser et faire des pirouettes et puis ramasser la monnaie. » Elle m’a enlacée, les bras autour de ma taille. « Un bon boulot si on peut l’avoir. Je me demande si ça paye bien. »
Une fois, j’ai entendu le facteur dire « les nains » en parlant de Paul et de Jennie. « Nain », j’ai horreur de ce mot. Il y a de la laideur et du handicap là-dedans. Paul est atteint d’achondroplasie. Ses bras et ses jambes sont plus courts que la normale, mais il a un torse large et puissant et de beaux yeux d’un brun de velours. Il fait tous ses vêtements lui-même. Il dit qu’il pourrait acheter des vêtements d’enfant, comme pas mal d’autres personnes de petite taille, mais il n’aime pas vraiment ce qu’on trouve dans les magasins. Les bras et les jambes de Jennie sont parfaits, seulement elle est minuscule, un peu en-dessous de un mètre vingt-cinq. Quand elle boit son thé, elle tient la tasse à deux mains, comme si c’était un bol. Elle rend tout moche autour d’elle – surdimensionné et caricatural. C’est peut-être ça que les gens normaux craignent le plus quand ils voient des gens comme Jennie et Paul : perdre leur place dans la hiérarchie des choses.
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On a beaucoup écrit sur les poupées. Il existe une kyrielle d’ouvrages sur l’histoire des poupées, la provenance des poupées, la valeur des poupées, d’épais catalogues regorgeant d’illustrations somptueuses – images qui accélèrent le rythme cardiaque et stimulent le désir. J’ai lu que la poupée est un substitut, qui remplace les amis ou la famille, ou l’amour. En grandissant, la plupart des enfants finissent par se désintéresser des poupées, mais pas le collectionneur. Le vrai collectionneur, comme le poète ou l’idiot, demeure la proie des sensibilités intensifiées de son enfance jusqu’au jour de sa mort.
Dans l’introduction de son mémoire, Brève Histoire du Pays des Merveilles, Doris Schaefer, collectionneuse réputée de poupées et conservatrice du musée de l’Enfance à Bad Homburg, décrit le moment où elle a vu pour la première fois une poupée « Gabi » d’Ernst Siegler lors d’une vente aux enchères à Francfort. Elle avait trente ans à l’époque, elle était avocate dans un cabinet juridique florissant, mais sa rencontre avec la poupée fut une épiphanie. Elle abandonna le droit l’année suivante pour consacrer sa vie à la création du musée.

Sous la toise, je mesure cent quarante-quatre centimètres. La plupart des adiposités adolescentes avait disparu avec l’âge, mais ma stature réduite me conférait encore une silhouette arrondie. Par-dessus le marché, je portais de lourdes lunettes basiques de la Sécu, qui accentuaient à la fois ma petite taille et mon physique dodu. Pour mon seizième anniversaire, mes parents m’offrirent une paire de lunettes avec des verres teintés rectangulaires et une fine monture noire. Ces nouvelles lunettes atténuaient mon faciès lunaire, du moins un peu, mais ne m’empêchaient pas de ressembler à un petit maître d’école, ce que tout le monde supposait que j’allais devenir.
La plupart des autres élèves m’appelaient le Nain, et d’autres choses encore. Je savais depuis un âge précoce qu’il était inutile ne serait-ce que d’essayer de m’intégrer, qu’aspirer à être comme eux ne ferait, pour une mystérieuse raison, qu’augmenter leur mépris. Au lieu de quoi je considérais mes camarades de classe comme les membres d’une autre tribu, dont les coutumes énigmatiques étaient empreintes de sauvagerie.
Quant à mon intelligence, je la trouvais normale. À l’école, j’aimais toutes les matières, mais mes vraies passions se situaient déjà ailleurs. La bibliothèque n’avait pas grand-chose à m’offrir, au contraire de la bibliothèque municipale de Welton, étonnamment bien fournie. Il y avait aussi Ponchinella, revue mensuelle pour collectionneurs, regorgeant d’articles sur tout ce qui a trait aux poupées. J’économisais mon argent de poche afin de pouvoir l’acheter le jour où elle paraissait. Je lisais chaque nouveau numéro de la première à la dernière page, puis je le relisais.
Même mon père se fit progressivement à l’idée que ma passion pour les poupées n’était pas une lubie qui me passerait avec l’âge. À la fin, il cessa de se faire du souci pour moi. Je crois qu’il avait réussi à s’accommoder de mon obsession en se persuadant que mon violon d’Ingres finirait par être rentable. Toute une vie dans les affaires lui avait enseigné que n’importe quel objet peut acquérir de la valeur, si l’époque et les circonstances y sont favorables, que ce soit des tirelires en forme de petit cochon, des dessous victoriens ou des canettes de bière vides. Lors d’un Noël mémorable, il me fit cadeau du Guide-tarif Merrick des poupées du monde, manuel indispensable qui était jusque-là très au-dessus de mes moyens.
« Parti comme tu es, dit-il, tu finiras par bosser chez Christie’s. » Il me sourit, et c’était un bon sourire, ouvert, amical et détendu. Je ne pense pas avoir jamais été le fils qu’il s’était imaginé, mais nous nous trouvions toujours des tas de sujets de conversation, et de toute façon j’aimais mon père. Je ne voyais pas la moindre raison de semer le trouble dans son esprit en lui expliquant que l’objectif du vrai collectionneur n’est pas l’accumulation des richesses, mais la consommation d’une passion.
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Elle s'appelait Marina Blue et je l'ai aimée au moment où je l'ai vue. dans un monde complexe jusqu'à la confusion et occasionnellement effrayant, elle offrit à mon cœur un point d'aimantation. Dans une boutique pleine de mannequins à la tête en biscuit, c'était elle qui donnait vie aux autres.
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